Salut mon Armande douce,
Toujours en forme ?
Moi, ça peut aller. Ta dernière lettre m’a permis d’y voir un peu plus clair. Et de mon côté, j’ai aussi mené ma petite enquête. Pour la caméra dont tu parles, je me suis souvenu que mon meilleur ami – Paul, que tu trouves vraiment sympa - en avait une, je la lui ai demandée, l’ai fixée dans un coin, à l’abri des regards et résultats… tu ne devineras jamais… C’est bien Jacques qui est mêlé à cette histoire !
Je t’ai mis tout ça en musique, tu vas comprendre.
Complainte du Vianbrioleur
Autrefois pour passer l’temps
Jacques tricotait des gants
Pour n’pas trop s’ennuyer
Il jouait au tiercé
Depuis peu, c’est plus pareil
Il râle, il râle
Pour n’pas perdre les pédales
Il cherche partout de l’oseille
Ah ! Armande !
Si tu savais
Ce qu’il a osé faire
Voler les clefs
Dans ses poches les cacher
Partir l’air assuré
Sans rien se reprocher
Dans la porte d’entrée
D’la librairie bien fermée
Insérer les clefs
Tout doucement les tourner !
Avancer dans le noir sans chercher à s’faire voir
Quel manipulateur, ça me donne des aigreurs
Cette histoire m’échauffe
Non mais vraiment quel beauf’
Il pense être malheureux
Moi j’trouve tout ça hideux !
Autrefois s’il s’ennuyait
C’était une bagatelle
L’air lugubre il s’en allait
Me laissant la vaisselle
Aujourd’hui, quel truc de fou
Il s’en prend à mon père
Triste sort pour ce libraire
Qui ne comprend pas tout
Ah ! Armande !
Sais-tu pourquoi
Jacques a fait tout ça
Voler les clefs
Dans ses poches les cacher
Partir l’air assuré
Sans rien se reprocher
Avec beaucoup d’audace
Quelle histoire cocasse
Son tour de passe-passe
Oh mais quel pied de nez
Sa fourgonnette
Pas la meilleure recette
Pour ne pas être vu
Et très vite reconnu
Et si on l’voit, cette fois
Il ne nous échappera pas
On le fiche dehors
Pour confier son sort
Au commissaire
Ou bien à son confrère
Il est un peu pépère
Mais on s’ra satisfait
Mais quel acrobate
Ce Jacques c’est l’éclat’
Quel coup de patte
ça c’est sûr c’est bien fait
Et très très vite
Cette histoire insolite
D’un pauvre type
Qui pille Boris Vian
Nous touche en dedans
Car il faut bien qu’on soit conciliant
Et l’on vit comme ça
Jusqu’à la prochaine fois
Et l’on vit comme ça
Jusqu’à la prochaine fois
Et l’on vit comme ça
Jusqu’à la prochaine fois
Jacques, qui l’eut cru ? Pas moi, en tout cas, je le reconnais, ton intuition était la bonne. Il aurait dû s’y prendre autrement pour se faire remarquer par Bison.
Maintenant que nous avons remis la main sur les livres de Boris Vian, qui avaient disparu, j’ai bien envie de me replonger dans certains d’entre eux. L’écume des jours et L’Arrache-cœur, pour commencer, je crois que c’est ce que l’on a de mieux à faire pour consoler papa de cette tragédie qui l’a secoué pendant plusieurs semaines et faire un petit clin d’œil à Boris Vian. Papa m’a dit qu’il envisageait d’ouvrir une nouvelle librairie qui rassemblerait tous les livres de Jacques Prévert. J’espère que nous ne serons pas poursuivis par des Prévérophiles !
A bientôt, mon Armande !
Léo, à jamais ton zazou.
petitfablab.laclasse.com
Histoire 11