J’ai réussi à capter son attention. Je lui explique que mon fils a, lui aussi, une tâche sur le front. J’accompagne mes paroles d’un geste de l’index. La jeune femme ne semble pas comprendre. Elle me fixe, méfiante mais toujours attentive. J’en profite alors pour l’interroger. Quel est son nom, d’où vient-elle , de quelle ville ? Elle reste muette. J’insiste, pressé d’obtenir les réponses à mes questions. Elle se dérobe et me demande quand elle aura les papiers. Je lui réponds que je ne sais pas, que c’est la première fois que je fais ça. Alors elle perd patience et se met à hurler qu’elle refusera de me parler et de voir mon fils tant qu’elle n’aura pas les papiers. Je la rassure car je comprends que je n’obtiendrai rien. Je lui dis que je connais quelqu’un capable de me fournir les documents, qu’il me faut juste un peu de temps mais qu’elle doit me répondre. Elle hésite encore un instant puis décide finalement de me faire confiance. Elle s’appelle Jasemine, elle a vingt-neuf ans et vient de Tirana.
Absorbé par notre discussion, je n’ai pas prêté attention aux autres femmes pendant ce temps. Elles pleurent et gémissent toujours en regardant la photo.
Je sens confusément que mon fils a vraiment un lien avec ces femmes. Je le ressens au plus profond de moi. Je dois garder le contact et faire en sorte que Jasemine voie mon petit garçon. Je lui fixe rendez-vous dans un délai d’ une semaine pour lui apporter les papiers qu’elle attend.Je sais que cette promesse me permettra de la revoir.
Je quitte le campement. Pour en savoir plus, je décide d’appeler mes parents. La seule chose que je sais c’est que j’ai été adopté et que je viens d’Albanie. Peut-être pourront-ils m’aider à comprendre le lien qui rattache mon fils à ces femmes ? Ma mère décroche. Je lui résume la situation et la supplie de me donner tous les détails de ma naissance. J’apprends que je suis né à Tirana. Dans l’orphelinat où j’ai été recueilli après la mort de mes parents, j’avais une grande sœur de deux ans mon aînée. Ils ont essayé de l’adopter en même temps que moi mais cela n’a pas été possible malgré tous leurs efforts : les démarches étaient beaucoup trop longues et complexes. Je lui demande si elle se souvient du prénom de la petite fille. Elle me répond sans hésitation « Jasmine ». Elle ne l’a pas oublié car l’allée qui menait justement à l’orphelinat était bordée de jasmin. J’ai le cœur qui bat : mon intuition ne m’a pas trompé. Je remercie ma mère et raccroche très ému.
J’essaie de remettre de l’ordre dans mes idées. Est-il possible que la jeune femme soit ma sœur ? Je dois tout faire pour lui obtenir des papiers. J’arrive à contacter Fatmir. Fatmir, c’est le cousin de tous les Albanais et il a de nombreuses relations. Même s’il ne semble pas vraiment d’accord, il finit par accepter.
Au bout d’une semaine, je vais à la rencontre de l’homme aux faux papiers en priant le ciel pour ne pas m’être fait avoir. Mais non, l’homme est bien là et il me tend une épaisse enveloppe contenant les précieux documents. Je ne dors pas de la nuit. Je tourne en rond en me demandant comment je vais pouvoir expliquer à Jasemine que nous sommes de la même famille.
Le lendemain, j’arrive très en avance, je l’attends… Je meurs d’impatience. Je la guette. Un quart d‘heure, puis une demi-heure passe. Plus d’une heure à attendre. Des gouttes commencent à tomber. Je décide de m’abriter dans le café qui se trouve en face. Assis à ma table, les mains entourant la tasse, j’ai les yeux fixés sur la bouche de métro. Les gens arrivent par vagues mais dans ces flots, toujours pas de Jasemine. Que fait-elle ? Je ne comprends pas pourquoi elle ne vient pas. Elle tenait tant à ses papiers ! J’attends pendant plus de deux heures. Elle ne viendra plus. Je décide de rentrer.
Le soir même, pendant le journal télévisé, une information capte mon attention. Je me précipite et je monte le son. Je vois des images de l’ évacuation d’un camp de réfugiés à la périphérie de Lyon. Je comprends qu’il s’agit de celui de Jasemine… Elle a été expulsée avec les autres. Voilà pourquoi elle n’était pas au rendez-vous. Je suis anéanti. Toute une partie de ma vie va désormais rester dans l’ombre.
Accueil > Collèges > 2014 > histoire 9
histoire 9
-
Un rendez-vous manqué
28 janvier 2015, par Collège Val d’Ardières, Collège Val d’Ardières -
Un enterrement : noyée dans sa propre détresse
15 décembre 2014, par Collège Jacques Coeur, College Jacques Coeur« Tu parles ma langue ! »
« Oui, moi aussi je suis albanaise. »
Au bout d’une minute de silence, elle entreprit de me raconter son histoire en voyant les blessures sur mon corps. Elle me dit qu’elle vient de Tirana, où elle a vécu toute son enfance. Elle a ensuite décidé à vingt-deux ans de partir, car les conditions de vie y étaient vraiment déplorables. Elle a dû contacter plusieurs passeurs pour arriver en France...
C’est à ce moment là qu’elle m’annonce que son fils est mort, durant leur fuite pour une vie meilleure... Je suis terriblement ému, je bafouille, cherchant les mots... En larmes, elle me fait le récit de cette noyade tragique dans les eaux glaciales de la mer, alors que la famille et les membres du camp s’avancent pour la cérémonie funèbre.
Je suis là, au dernier rang, des femmes entonnent des mélodies lentes et tristes... Elles sont séparées des autres, l’enterrement est une cérémonie musulmane. Ensuite, les chanteuses s’arrêtent et demandent une minute de silence, hommage à l’enfant et à tous les sans papiers victimes de leur condition.... Puis, quatre hommes ont déposé la civière dans une tombe creusée à la main car, selon la tradition, ce qui est fait à la main est pur.
Cet enterrement m’intrigue et me glace, la douleur est si forte que les gens ressemblent à des fantômes. A la fin, ils ont un air beaucoup plus serein, et j’ai l’impression qu’ils veulent cacher cette cérémonie : ne pas parler entre eux.
Après, je demande à la femme de me suivre mais celle-ci refuse. J’insiste mais en vain. Je lui confie alors que sa situation me révolte et que je peux peut-être, je ne sais pas pourquoi je dis cela, essayer de lui trouver des papiers d’identité ! Je veux aussi qu’elle voie mon fils : elle m’écoute enfin... -
Comme un ouragan...
17 novembre 2014, par Collège Colette, Collège Colette, Marie-Eve Bleuse« Excusez-moi mais je ne comprends pas… »
Et pourtant cette langue résonne en moi, comme dans un lointain souvenir. Les idées se bousculent dans ma tête, ces mots, je les ai déjà entendus, cela ne fait aucun doute mais où ? quand ?
Elle me regarde d’un air intrigué, continue de me fixer. Voyant que je ne réagis pas, la fille s’approche un peu plus près de moi mais elle reste toujours sur ses gardes, son bâton bien en mains. Je ne bouge plus, au fond, je sens bien qu’elle ne veut pas me faire de mal. Mon regard se promène tout autour de moi, je suis dans l’obscurité totale mais, grâce à un petit faisceau de lumière, je peux entrevoir un tag sur l’une de façades d’une maison en tôles, à côté de moi, « J’suis qu’un thug ».
Je répète :
« Je ne te comprends pas… »
Son silence est assourdissant. C’est alors que je sens les vibrations de mon téléphone, déposé dans le creux de ma poche. Je le saisis mécaniquement et, quand je relève la tête, je sens s’abattre sur moi le bâton. La douleur est fulgurante, ma tête est comme prise dans un étau. Et là, c’est le trou noir, je ne me souviens plus de rien…
A mon réveil, le crâne brûlant, je constate que l’on m’a déplacé. Je ne sais comment je suis arrivé là… Autour de moi, j’arrive à deviner dans la pénombre des meubles, au bois élimé, dépareillés, des murs noirs sur lesquels je crois deviner un calendrier de la poste. J’essaie de me relever mais mon corps est incroyablement lourd, à tâtons, je cherche autour de moi quelque chose pour m’appuyer. Mes mains rentrent en contact avec une masse gluante et mouillée, je les approche de mon nez et comprend qu’il s’agit certainement des restes d’un vieux repas. Tout à coup, la porte s’ouvre à la volée. Les six femmes rentrent une par une. Quand la plus vieille s’approche de moi, je devine sous la manche de sa veste retroussée sur son bras droit un signe étrange, mon regard ne peut se détacher de ce dessin, que j’ai du mal à décrypter d’abord mais que j’arrive à comprendre en l’observant fixement : trois dragons tournent les uns autour des autres, comme dans une course folle, trois dragons fusionnels, enfermés dans un cercle aux lignes sombres.
La plus jeune m’a introduit dans leur intimité et je me sens plus vulnérable que jamais, livré à elles, ces six femmes que je n’arrive plus à discerner. Sans un mot, elle me fait sortir de la vieille bicoque. Elle me soulève comme si je ne pesais pas plus qu’un plume moi qui, il y a peu, ne parvenais même pas à me relever.
Je hurle : « Ecoutez-moi, je vous en prie ! Laissez-moi vous expliquer ! Je ne vous veux aucun mal ! »
Je me dépêche de sortir la photo de mon fils, que j’avais glissé dans mon portefeuille la semaine dernière. Alors, je fais quelque chose que je n’ai pas préméditée, je lui tends cette photo, sur laquelle il me tire la langue, et elle la prends.
Elle regarde la photo attentivement.
« Je le connais... »
Je la regarde et ne peux m’empêcher de lui répondre :
« Tu parles ma langue ! » -
La rencontre
25 septembre 2014, par Lycée André Cuzin, Lycée André CuzinTrès vite, elles disparaissent. En un instant, plus rien, le vide. Il faut que je trouve immédiatement une solution pour les suivre. Je veux absolument savoir qui elles sont. Je sors mon téléphone, les prends en photo pour pouvoir les identifier plus tard et appelle un taxi pour les suivre discrètement. En voyant qu’il n’arrive pas, je regarde autour de moi et aperçois une derbi XTREM grise et abandonnée à côté d’une armurerie. Je n’hésite plus, je la démarre d’un coup de kick, première, deuxième, troisième et fonce à leur poursuite. Elles ont pris la direction de Gorge de Loup. Je retrouve enfin la colonne de ces six femmes, sur leur vélo, en file indienne comme un arc-en-ciel, avec leurs vêtements de toutes les couleurs qui illuminent les berges de la Saône gagnées par la noirceur de la rivière et de la fin d’après-midi. Je décide de les observer de la route qui surplombe le quai pour ne pas me faire repérer. Ces femmes sont étranges, leurs sourcils sont épais et cela leurs donne un air terrifiant et agressif. Elles pédalent la bouche ouverte ; on peut apercevoir leurs dents en or qui brillent comme des lingots. Elles continuent de pédaler à vive allure, s’arrêtent soudain et se dirigent vers un lieu que je trouve sinistre. Je me rapproche et peux les voir, à travers un grillage rouillé, déposant avec soin leurs vélos dans un cabanon. L’espace est encombré de déchets qui traînent partout. J’entends des chiens au loin. Une odeur nauséabonde me pique le nez. Je reste protégé derrière le grillage qui délimite ce territoire louche. Je découvre les petites cabanes, peut-être une dizaine, construites en bois sombre, avec des morceaux de plastique, de ferraille et des bâches. J’aperçois les six femmes passer furtivement d’un endroit à l’autre. Ont-elles quelque chose à cacher ou sont les maîtresses du lieu ? Des enfants jouent au football avec un petit ballon en mousse plein de trou sous la lumière jaunâtre d’un vieux lampadaire.
C’est la tombée de la nuit : elles rejoignent une à une, mécanique parfaite, les six cabanes qui leurs sont apparemment attribuées. Une heure plus tard, la plus jeune sort et commence à monter la garde. Peut-être se passe-t-il des choses pas « hallal » dans ce camp ? Une nouvelle heure s’écoule, une autre femme vient, quant à la première elle retourne tranquillement vers sa cabane. Ce manège durera toute la « night » avec une régularité anormale. Demain j’attendrai qu’elles partent pour investir le campement et tenter de découvrir ce qu’elles cachent. Le calme s’est maintenant totalement installé dans le camp. La nuit avance, je suis pris de fatigue et m’assoupis peu à peu sur un banc tout cassé. Je veux absolument en savoir plus sur ces mystérieuses femmes. Je ne sais pourquoi mais cela me semble vital ! Au bout d’une demi-heure, j’ai très froid. Je ferme les yeux, juste deux minutes et bascule dans un sommeil lourd. Sentant comme une odeur de gaz, je me réveille brusquement. Le jour se lève, je suis fatigué, glacé, j’ai faim. Je veux regarder l’heure sur mon téléphone et prévenir chez moi ; en le cherchant, je tombe sur un petit paquet de fraise Tagada que je dois donner à mon fils pour son anniversaire, tout à l’heure ... Le camp s’agite. Tout à coup, je vois ressortir les femmes une par une, au même moment : elles ont l’air énervé. Je remarque alors qu’elles ont toutes une tache de naissance sur le front et qu’elles ont changés de tenues. Elles ne portent plus les habits traditionnels qu’elles avaient la veille mais ont toutes revêtus un jogging Adidas or et blanc. Les princesses d’Orient se sont transformées en Thug, de véritables Gangsta, chaînes en or autour du cou. La plus âgée, le pantalon remonté au-dessus du mollet, arbore un tatouage noir à trois têtes de dragon. Qui sont-elles vraiment ? Princesses ou Gangsta ? Seraient-elles toutes de la même famille ? Je les entends, elles parlent mais je ne les comprends pas. C’est une langue étrange, gutturale, qui bizarrement m’évoque vaguement mon enfance, ma grand-mère qui me racontait des histoires. Ma curiosité est trop grande, je me faufile par un trou du grillage. J’avance doucement pour rejoindre la cabane où elles sont entrées. J’ouvre la porte. Les six femmes se tiennent bien droites et me font face en un cercle parfait, elles me parlent dans cette langue inconnue et familière à la fois, je suis perdu. J’ai peur brusquement. La plus belle des filles, d’une voix verte et aiguë, s’adresse alors à moi et me menaçant avec un bâton, « çfarë po bën atje ? »... -
6 femmes
25 septembre 2014, par Joy SormanCes 6 femmes appartiennent à une même famille, mais ce ne sont pas leurs dents en or qui l’indiquent. C’est cette petite tâche brune sur le haut de leur front, à la racine des cheveux, comme la carte d’une île déserte, 6 femmes, 6 taches, 6 îles aux contours différents mais aux superficies équivalentes, que je découvre alors que je me suis enfin approché d’elles, que j’ai avancé vers le fond du bus, les observant à la dérobée.
Une singularité pigmentaire, une étrangeté génétique et poétique, leur peau en commun, qui les prive d’anonymat, les rattache immédiatement et incontestablement à une lignée, famille marquée par une légère malédiction dermatologique. Comment alors passer inaperçu, renier les siens, mentir sur ses origines ?Persuadé maintenant qu’elles sont de même ascendance, je voudrais deviner leurs liens familiaux. Qui est la mère, la tante, la sœur ou la cousine ? Qui a enfanté qui ? Qui est l’aînée et qui a l’autorité ? J’identifie une plus jeune, une plus vieille, mais entre ces deux âges c’est la confusion, l’incertitude, visages mêmement pâles, cheveux onyx d’un brillant égal, yeux en amande, bouches on l’a dit ; peut-être les jupes pour les unes, les baskets pour les autres, les cheveux courts ou longs, noués en queue de cheval ou défaits signaleraient une différence de génération. Leur timbre de voix sont proches également, et ces voix portent loin, du fond du bus jusqu’au chauffeur, phrases sonores, passées à la chaleur buccale de l’or, elles discutent entre elles, visages et bustes tournés les uns vers les autres à intervalles réguliers, dans une langue opaque qui ne ressemble à rien de ce que je connais, une langue lestée de consonnes, aux voyelles elliptiques ou escamotées, sifflées cul-sec comme une liqueur. Elles s’interpellent, se tiennent par les épaules, se désignent du doigt, moqueuses et bienveillantes – et je ne peux détacher mes yeux de leur sidérante parade. Parfois l’une d’elle pivote dans ma direction et de sa position légèrement surplombante, au cul du bus, me lance un regard noir : intimidé, honteux de les espionner, je me mets à cligner des yeux - signe de mon malaise.
A chaque fois que le chauffeur ralentit à l’approche d’une station, les 6 femmes se taisent, suspendent net leur parole, et alors le bus semble plongé dans un silence létal, le temps de charger les nouveaux voyageurs, qu’elles évaluent et détaillent comme s’ils passaient au détecteur de métaux, ou de mensonges. Puis le mouvement reprend, celui du bus, celui des phrases.
Ma station est passée depuis longtemps, je ne suis pas descendu, je veux rester avec elles, dans leur aura, dans leur champ magnétique, et rien d’urgent ne m’attend ce soir.Elles descendent au terminus de la ligne, aux franges les plus reculées de la ville, sur un rond-point désertique planté d’un arbre et de trois lampadaires. Au loin la fumée blanche d’une usine de traitement des déchets, un terrain vague sans bordures, une autoroute sur la ligne d’horizon.
Mutiques à nouveau au moment de quitter le bus, comme si elles se méfiaient du chauffeur, elles reprennent leur babil rauque à l’air libre. Je descends, je les suis, je ne pense plus qu’à une chose, les suivre. Deux autres passagers me précèdent pour aussitôt disparaître dans la grisaille, indifférents à cette mystérieuse procession de femmes.
Je me tiens à distance, quelques mètres derrière elles, je manipule mon portable pour me donner une contenance, ne pas éveiller les soupçons.
Six vélos emmêlés autour d’un lampadaire attendent les 6 femmes. Il faut quelques minutes pour détacher les antivols, récupérer tous les vélos, que chacune retrouve le sien, règle la hauteur de la selle et du guidon.L’une d’elles à cet instant attire mon attention. Elle porte au poignet un bracelet de grelots, enfourche un vélo de course rouge. Elle est vêtue d’un jogging blanc satiné, pantalon et blouson accordés. Elle doit avoir 25 ans, elle est ronde et jolie, elle a la pâleur et les cheveux noirs de sa famille.
Je me souviens qu’un peu plus tôt dans le bus elle a posé sur ses genoux un sachet de fraises Tagada dont elle a mangé l’intégralité du contenu le temps du trajet, à la cadence d’un métronome - une fraise toutes les 20 secondes.La nuit vient, leurs silhouettes s’estompent, elles se placent à nouveau en file indienne pour prendre la route, chacune enfourche son vélo, un pied sur la pédale, l’autre encore à terre, la plus âgée a pris la tête du cortège, elles rouleront bientôt vers le nord – mon cœur s’emballe, comment les suivre ? Je ne veux pas perdre leur trace, pas maintenant, pas déjà.