Histoire 8

coda : chanson pimpante et énergétique

Un beau jour de fête, le réveil
A sonné dès le lever du soleil
Et j’ai dit à Armande "Faut t’ bouger
Aujourd’hui les cent piges
On arrive bien peinards mais en retard
Pour aller bambocher foi d’ Léonard
Et maintenant on est embêtés par les parents

Alors j’ai dit :

On n’est pas là pour se faire engueuler
On est là pour le doub’ jubilé
On n’est pas là pour s’faire renvoyer
On est là pour la fête de mémé 
Si tout le monde était resté chez soi
Ça lui aurait fait un tort fantastique
Laissez-nous donc qu’on se régale
Sinon, plus tard, quand d’aut’ fêtes ce sera
Ma parole, nous on r’viendra pas

L’ jour de la fête à Bison illico
On l’a invitée dans un p’tit restau
Où l’on sert un mojito vrai de vrai
Un nectar de première
On est venus très à l’aise et voilà
Que j’ai l’idée d’ambiancer com’un roi
Et j’ai joué du pianocktail devant not’ mamie

Alors j’ai dit :

On n’est pas là pour se faire engueuler
On est là pour la fête sans fausse not’
On n’est pas là pour se faire disputer
On est venu pour faire une p’tite popote
Si tout le monde restait toujours tout seul
Ça serait d’une tristesse pas croyable
Ouvrez les portes et sortez des verres
Ne rechign’ pas ou sans ça l’ prochain coup
Ma parole, j’ jouerai plus du tout
Armande a dansé si bien ctt’ fois-là
Qu’on s’est trémoussé tout’la nuit et voilà
Qu’on se retrouve au biglemoi vers minuit
Devant le voleur de mon père
Il y avait quelques conviés qui rentraient
Et sitôt qu’on s’approche du banquet
On est chamboulé et Armande se met à l’appeler

Il s’est levé à mon approche,
Debout, il était bien plus petit
Je me suis dit : "Ce livreur de poches,
Cette fois-ci c’est pour bibi !"
Il m’arrivait jusqu’à l’épaule
Mais il était râblé comme tout
Je lui ai mis une torgnole
Et j’ai crié j’t’ casse les genoux !

J’t’ fais mal, ‘spèce de sal’ abruti
Envole-toi au ciel Zoum !
J’t’ fais mal, ‘spèce de sal’ abruti
Moi j’aime les livres qui font boum !
Il n’avait plus que ses fossettes,
Plus d’ dents jaunes, des cocards bleus
Il m’a regardé d’un œil bête,
Il comprenait rien, l’malheureux
Et il m’a dit l’air désolé :
"Je n’ferais pas d’mal à une mouche"
Il m’énervait je l’ai giflé
Et j’ai grincé d’un air farouche
J’t’ fais mal, ‘spèce de sal’ abruti
Je n’suis pas une mouche Boum !
J’t’ fais mal, ‘spèce de sal’ abruti
Moi j’aime les livres qui font boum !

Alors j’ai dit :

On n’est pas là pour se faire ennuyer
On est v’nu faire les marioles
On n’est pas là pour se faire embêter
C’est fini, il est temps qu’on rigole

Si vous mettez les rieurs tous ensembl’
Il y aura avec nous beaucoup d’monde
Fêtons Bison, que tous on s’marre !
Et puis on est venus avec nos parents
Et tout ça c’sera épatant !

C’qui prouve qu’en s’organisant quand c’est l’bon moment
On ne peut qu’ obtenir d’l’enthousiasmant !

Salut glace à l’Armande,

J’espère que tu vas bien. Merci pour les compliments que tu m’as faits pour notre chanson, mais moi aussi je trouvais qu’il manquait un petit quelque chose. Tu as eu une bonne idée pour Lulu et Momo, du coup, je leur ai proposé et devine quoi ? Ils sont partants à 100% ! Quand même, ces deux-là, ils ont un talent fou ! Je suis tellement impatient de voir Bison heureuse ! Il nous reste juste à déterminer l’ordre des chansons que nous jouerons sûrement sur le pianocktail.
J’ai vraiment hâte d’être au jour J et de découvrir ce qu’il y a à l’intérieur du cadeau du Président, parce qu’à vrai dire le paquet est assez lourd. Ce sera un cadeau digne d’un Président sans aucun doute ! Pour le gâteau j’aimerais savoir si tu préfères plutôt un fraisier ou bien une tarte au citron ? 

Il restait quand même une ombre au tableau jusqu’à hier soir : le vianbrioleur continuait sur sa lancée. Il ne cessait de briser tous les rêves de mon père en venant lui voler son travail de tant d’années et Bison n’était pas dans son état normal. Elle se demandait bien qui pouvait s’attaquer à son Boris Vian, et moi j’essayais de les rassurer tous. J’ai suivi ta suggestion Armande, et j’ai choisi de faire appel à la brigade anti-briseur de rêves et c’est génial ! Après toutes nos vaines tentatives, j’ai préféré que des professionnels s’en occupent. Ils ont été assez rapides pour me répondre et à la vue de mon problème, ils m’ont proposé plusieurs solutions. Ils ne voulaient m’en parler qu’une fois sur les lieux. On a eu rendez-vous il y a une semaine à 16h30 au parc à côté de la librairie. 
Lorsqu’ils m’ont fait part de leurs idées, je suis vraiment resté bouche bée ! A vrai dire je ne pensais pas que ce genre de stratégies pouvaient exister. Ces gens-là sont juste extraordinaires, ils ont tellement d’idées ! En voici quelques unes : nous envoyer une de leur souris-agent secret qu’ils auraient équipée d’une caméra à infra-rouge pour filmer de nuit et identifier le cambrioleur ; de faux livres placés sur les étagères qui ressembleraient comme deux gouttes d’eau aux vrais romans de Vian ; ces livres seraient attachés à un fil qui activerait un piège. Et devine quoi ? Tu vas halluciner, lorsqu’on retire un livre, les étagères se rétrécissent pour former une sorte de cage et démasquer le voleur. Ils ont même rajouté des pièges avec des souris si le VianBrioleur tentait de fuir. La dernière proposition serait d’introduire dans les livres de Vian un stupéfiant qui ferait évanouir le cambrioleur. Ainsi, le voleur s’endormirait dans la librairie et on n’aurait plus qu’à le réveiller : ce serait la preuve idéale ! Mais cette solution nécessitait de se procurer une drogue bien difficile à trouver, même à Paris !

Cela faisait une semaine que la souris-agent secret arpentait la librairie… et quelle surprise ce matin lorsqu’elle nous a dévoilés les bandes-video sur lesquelles on a très nettement aperçu d’abord le pantalon de travail avec les chaussures puis le visage du livreur habituel de la librairie ! Il se trouve que c’est aussi le fils du libraire d’en face, installé dans la rue depuis de longues années… Ce dernier a sans doute eu peur que la librairie de mon père lui fasse de la concurrence et a cherché à le déstabiliser, à lui faire mettre la clef sous la porte. Mais c’était mal connaître mon père ! Et je crois qu’il nous a tous sous-estimés ! On lui a dit que l’on n’engagerait aucune poursuite contre lui, mais il doit en échange présenter des excuses à la hauteur de ses erreurs avant la fête de Bison.
En tous cas, voilà l’affaire résolue. Nous allons pouvoir nous consacrer pleinement aux préparatifs de l’anniversaire.

A ce week-end, je suis pressé de te retrouver !

Léonard.

Salut Armandinette,

Le jour J approche, bientôt nous serons tous ensemble pour fêter l’anniversaire de notre Bison adorée !

On essaie de tout faire pour l’empêcher de découvrir la petite fête qu’on lui organise. Mais tu la connais, elle se méfie de nos petites manigances.
A ce propos, j’ai fini la chanson, dis-moi ce que tu en penses.

Depuis deux semaines, ça tourne pas rond
Tu ne parles plus qu’en calembours
Tu ne manges plus que des petits fours
Tu colles des photos de Macron

C’est fou !

J’en ai marre que t’écoutes Boris
T’écoutes du jazz toute la journée
Tu vis la nuit comme les zazous
Tu swingues, Bi Di Bi Di Bou
Tu t’prends pour Billy Holliday

C’est fou !

T’es vraiment plus qu’une amatrice !

Joyeux anniversaire !
Joyeux anniversaire !
Joyeux anniversaire !
T’es vraiment une super nana !
Joyeux anniversaire !
Joyeux anniversaire !
Joyeux anniversaire !

Tu peux rester ici
Ma Bison Ma Zombie Ma Bison Ma Zombie
Si t’as le sourire
Et ainsi Et ainsi Et ainsi Et ainsi
J’ vais trop kiffer, ce s’ra le délire !

Joyeux anniversaire !
Joyeux anniversaire !
Joyeux anniversaire !

Et surtout, ne m’oublie pas
Si tu m’oublies
J’en fais l’ serment,
tu verras pas le président.
j’te souhaite un bel anniversaire
Tu chantes jusqu’à n’avoir plus d’air
Ma Bison !

Il va falloir que je travaille sérieusement la musique, mes cours de trompette, c’est pas encore ça… j’essaie mais je suis vraiment pas encore à la hauteur de Louis Armstrong. J’aimerais tellement que ça plaise à Bison, elle écoute les chansons de Boris Vian en boucle, c’est pas facile d’être à la hauteur !

Tu sais, je n’arrive toujours pas à croire que Macron va venir ! Imagine qu’il vienne accompagné de Brigitte, alors là, ce serait dingue !

Voici le programme que j’ai concocté :

– réveil matinal à 7h45 pour fignoler les derniers détails en urgence.
– 9h30 : accueil des premiers invités, c’est là que tu interviens, Armande, pour nous prêter main forte.
– en fin de matinée, mise en place des tables et des chaises.
– dans l’après-midi, on nous livre les gâteaux.
– vers 16h, arrivée discrète de Macron, il ne faudrait pas éveiller les soupçons de Bison et casser l’effet de surprise.
Et on n’aura plus qu’à attendre l’arrivée de notre très chère Bison. Dire qu’elle s’imagine que l’on se retrouve en petit comité… J’imagine la tête qu’elle va faire quand elle va ouvrir la porte. Ça va être génial !
Faut pas trop lui faire peur, faut pas qu’elle fasse une crise cardiaque !

Et quant à la librairie, j’y suis allé mais le Vianbrioleur n’était pas au rendez-vous. J’y ai bien cherché, comme tu me l’avais demandé, les livres que tu m’avais indiqués, je n’ai rien trouvé à part des exemplaires de livres pour enfants. Tu vois, les livres que tu ouvres et alors apparaissent des images en 3D.
J’ai un mauvais pressentiment au sujet de toute cette affaire, qui se cache derrière ce voleur ? mon père est complètement obsédé par cette histoire, il ne mange plus, ne dort plus, ça va mal se terminer, je le sens !
Plus que jamais, j’ai besoin de toi, Armande.

Léo.
P.S. : je me suis entraîné à concocter des cocktails, les "mille et une nuits" et "écorce de sapin à l’orange". La Pianocktail nous régale de ses musiques sucrées...

Salut Armande effilée,

Je te remercie pour la chanson, elle est un peu courte mais vraiment originale. Tu as bien fait de l’envoyer directement à L’Elysée, comme ça on n’a pas perdu de temps. En effet, devine ce qui s’est passé ? J’ai reçu de la part du président Macron un paquet cadeau que je dois remettre à Bison pour son anniversaire. Je suis extrêmement curieux de savoir ce qui se trouve à l’intérieur. Le cadeau était accompagné d’une courte lettre qui m’était adressée dans laquelle le président Macron annonce sa présence pour le centenaire de Bison. J’ai hâte que nous fassions la fête et je suis ravi que tu sois de la partie !
A propos de chanson, bien sûr on va se faire une méga playlist et on mettra quelques vieux tubes de Boris vian, Bison adore danser sur la Java des bombes atomiques et se dandiner sur Mozart avec nous, elle aime bien Mozart aussi, même si lui on ne peut plus l’inviter :-) Mais j’avais envie d’écrire moi-même une chanson pour elle, une sorte de cadeau personnel, un truc qui swingue et qui parlerait d’elle, de Boris, de toi, de moi, de tout ce qui se passe en ce moment, je ne sais pas trop encore... Qu’est-ce que tu en penses ? Tu serais prête à chanter avec moi, ou même peut-être sans moi, ce serait mieux, je t’accompagnerais juste au piano.
En parlant de cadeau -encore et toujours, elle va être gâtée la Bison-, merci d’avoir acheté la paire de chaussures en bison, elle en a rêvé toute sa vie. J’espère qu’elles sont belles et originales, comme elle ! Evidemment, je te rembourserai.
Au fait, comme prévu, la semaine dernière, mon père a ouvert sa librairie. Je suis très content, je pourrai y faire mes devoirs après l’école. Mais le plus important, c’est que j’ai plus de liberté à la maison. J’espère aussi qu’on aura plus d’argent pour venir te voir à Berlin et tu m’emmèneras au concert, mais pas Mozart, hein, un truc plus rock !
Mais il faut que je te raconte, c’est très bizarre, dans cette librairie, on ne trouve que des livres de Boris Vian, tu sais, l’idole de Bison. A cause de cela, Papa a fabriqué et installé un pianocktail. J’ai essayé en jouant La Complainte du progrès, j’ai obtenu un virgin mojito mais il avait un goût d’œuf car j’ai fait quelques fausses notes. Je dois faire des progrès si je veux préparer les cocktails pour l’anniversaire de Bison.
Je suis étonné de tout ces livres consacrés à Boris Vian ! Comment est ce possible, est-ce une manière de faire plaisir à Bison ? Est-ce qu’il prépare un hommage à Boris Vian ou à Emmanuel Macron ? J’ai ouvert par hasard l’Écume des Jours pour essayer de comprendre ce mystère. J’ai découvert l’histoire du petit chaperon rouge interprétée par Boris Vian : c’est l’inverse de la version de Perrault, ici le loup rapporte les gâteaux à la grand-mère et est mangé par le chaperon rouge. Ici la forêt n’est plus terrifiante mais elle est multicolore et on y croise des licornes. Hallucinant, non ?
Avant-hier après l’école j’étais en train de faire mes devoirs lorsqu’il a commencé à pleuvoir dehors. Tout à coup, j’ai entendu du bruit à l’entrée du magasin, près de la porte comme si des grêlons envahissaient le magasin. Je suis allé observer le phénomène et là, quelle surprise ! Il pleuvait des bonbons dans le range parapluie métallique.
Pour comprendre ce mystère, j’ai enquêté auprès de Bison. Mais elle est très contente de cette librairie car elle aime tellement Boris Vian et elle souhaitait un musée consacré à lui. Elle ne cherche pas à comprendre ce mystère, n’en revient pas et en profite. Elle y passe toutes ses journées. Je suis déçu car je ne peux pas compter sur son aide.
Ensuite, j’ai questionné mon père qui m’a dit « Ce n’est pas possible, ce n’est que ton imagination, tu as rêvé.! » Je ne voulais pas qu’il me prenne pour un fou et j’ai senti qu’il n’avait pas de temps à perdre. Là non plus, ça n’a pas marché !
Je vais donc te demander ton avis. Tu es la seule à pouvoir m’aider. Est-ce que j’ai rêvé ou mon père a-t-il monté une mise en scène ? Dans le deuxième cas, pourquoi il ne m’a pas dit la vérité ? Et Bison, est-elle au courant ? Je suis perdu, il faut que tu m’aides. Le côté positif, j’ai quand même goûté les bonbons, ils sont délicieux !
A très vite pour la soirée d’anniversaire, ça approche maintenant, nous préparons la fête : déco, repas, habits de soirée... J’ai hâte !
J’attends ta réponse. Bisous.

Léonard

PS. Tu te rends compte, une nouvelle chanson, la folle librairie de Papa et le Président, que de joie et de fierté ! On ne pouvait pas rêver mieux !

Tout à coup, j’ai eu une idée de cadeau géniale pour Bison, on oublie les chaussures en peau d’elle même. On va lui offrir le Président de la République en personne. Elle en est dingo. Il faut réussir à inviter ce Monsieur à la fête. Ce n’est pas gagné mais j’ai bon espoir. J’ai écrit une chanson en guise de carton d’invitation, tu la trouveras en pièce jointe. Tu sors ta plus belle voix, tu me l’enregistres en MP3, et ensuite on l’envoie à l’Élysée. Tu te rends compte du coup de pub que ça peut lui faire ? Hystérie sur les réseaux sociaux. Danser le be-bop avec une centenaire endiablée, il n’y a rien de tel pour redonner le moral aux français. À sa place, je n’hésiterai pas une seconde. Ça va marcher, je te dis. Il faut oser les choses les plus folles, je me dis. La vie est trop courte pour se prendre les pieds dans le tapis, surtout s’il est rouge.
Hier, on a eu une réunion d’urgence à Ville d’Avray au sujet de la librairie de mon père, qui s’appelle L’Écume des livres. Figure-toi qu’il y a un loup avec les livres de Boris Vian. Ils disparaissent les uns après les autres.
Ça a commencé avec L’Écume des jours. Mon père avait invité toute la famille à fêter l’inauguration du magasin, on était là au milieu du papier imprimé, le dernier client venait de partir après avoir signé un gros chèque pour l’intégrale de Balzac, on sort le champagne de fête et Bison, ravie, caracole jusqu’à la lettre V.
Vallès. Verlaine. Vernes. Ah ! Te voilà Vian. Bonjour, très cher ! Et voilà L’Arrache-coeur. Et voilà Vercoquin et le plancton. Mais pourquoi tu n’as pas L’Écume des jours ?
Mais si, je l’ai, enfin, quand même, pour qui tu me prends ?
Mais non.
Mais si.
Mais non, ou alors tu l’as déjà vendu, peut-être ?
Mais non, je m’en souviendrais, quand même.
On a cherché l’Écume dans tous les recoins de la librairie, pour rien du tout. Il s’était comme écumé dans l’air, justement.
Le lendemain, mon père a mis un nouvel Écume dans les rayonnages (en qualité de petit-fils de Bison, il en avait commandé tout un stock) et rebelotte : disparu !
Et re-rebelotte le lendemain : évaporé dans la nature !
Alors, fou de rage, mon père a déménagé la collection de Boris Vian près de la caisse pour l’avoir sans arrêt à portée de vue. Il l’a surveillée toute la journée mais quand il est revenu des toilettes (il faut bien, quand même), il manquait non seulement L’Écume des jours mais aussi Les Lurettes fourrées.
Et ça ne fait que s’aggraver de jour en jour, c’est une catastrophe !
Hier, J’irai cracher sur vos tombes. Avant-hier, le premier volume de la Pléiade.
Bison s’est auto-proclamée détective en chef. Avec la souris grise, elle fait des schémas très compliqués pour tenter de comprendre l’énigme.
Donc :
– Soit il s’agit d’un voleur extérieur à la famille.
Un voleur de Vian. Un cambrioleur spécialisé. Un Vianbrioleur, comme dit Bison. Car j’ai oublié de te dire que les autres écrivains de la librairie restent sagement alignés dans le bon ordre alphabétique. Il n’y a que les livres de Vian qui se font la malle.
Et dans ce cas-là, ce pourrait être la S.P.A.V : la Société Protectrice des Amateurs de Vian qui veulent garder les livres de leur idole pour eux tout seuls, les égoïstes.
Ou un fan fou isolé, très difficile à démasquer.
Ou un officier de renseignement du ministère de la Défense qui trouve que l’écrivain ressemble trop au Président de la République, ça lui fait de l’ombre.
– Soit il s’agit d’un voleur interne à la famille.
Et alors, les soupçons volent spontanément vers Mamie-Chloé : on l’a gavée de Vian toute son enfance, elle se venge. Elle débarrasse la littérature de ce snobinard, comme elle dit. Des étudiants sans le sou travaillent pour elle et glissent les fameux livres dans la doublure de leur manteau, ni vu ni connu. Elle récupère le butin et le découpe en mille morceaux, elle le brûle, comme son chagrin.
Bison penche pour cette hypothèse mais ça me semble trop simple pour être vrai.
– Soit encore c’est un phénomène paranormal.
Un monstre invisible qui dévore du Vian dès qu’il en voit ?
La librairie elle-même qui a une allergie à la plume de Vian ?
Un virus anti-Vian dans l’atmosphère ?
Comme tu le vois, je suis un peu perdu. J’ai besoin de tes conseils au plus vite. À distance, tu y verras plus clair que moi, j’en suis sûr.
J’ai oublié de te dire : sur ma lancée Opération corps de rêve, j’ai commencé un régime à base de pamplemousse trempé dans du yaourt à l’ail, une recette de Bison, c’est dur mais je m’accroche !
C’est super que tu puisses venir à la surprise-party. On va bien se marrer avec le Président.
Applique-toi pour la chanson, je compte sur toi !
Tschüss !
Léonard