Salut Armande salée,
J’ai enfin terminé la chanson que nous avions commencée ensemble. Entraîne-toi à la chanter pour le jour-J ; ce sera après le gâteau, et l’on verra alors si la personne concernée se trahira…
A très vite. J’espère que ton avion n’arrivera pas en retard cette fois-ci.
Tschüss,
Léo.
« Stances à une vianbrioleuse »
Reine du camouflage, on te dédie ce son
Toi qui eus le bon goût de choisir Boris Vian
En ton honneur j’ai composé cette chanson
Eh oui ma chère et tendre voleuse fuyant.
Au café « L’coin de la rue », où Armande m’a rejoint
Nous avons mis au point un plan bien ficelé.
Dans la librairie où nous nous sommes cachés,
Nous voulions démasquer ce voleur si malin.
Toi qui es v’nue hier soir, piquer dans nos armoires,
Reine de la discrétion, chère voleuse d’un soir,
En l’absence de lumière, nous ne t’avons pas vue
Mais c’est ta douce voix que l’on a reconnue.
Toi qui’ es aussi discrète qu’un talentueux voleur
Nous savons parfait’ment que tu n’es pas des leurs,
Toi qui as toujours haï la collection des Vian,
Tu n’es pas rancunière, ma chère cambriovian.
Sache qu’on apprécie à sa valeur ton geste
Merci d’avoir laissé la librairie rangée
Ici on craint l’ bazar, presqu’autant que la peste
Des voleurs comme toi, sont à féliciter.
Princesse des monte-en-l’air et du cambriolage,
Toi qui t’ r’connaîtras, sans doute dans la chanson,
Ne t’mets pas à rougir, comme à ton plus jeune âge,
On te pardonne déjà en sachant la raison.
Bien sûr ce ne sont pas les livres que tu préfères,
C’est pour ce sacrifice que nous te remercions ,
Cet acte que tu as trouvé juste de faire ,
Tous réunis ce soir nous te le pardonnons.
D’ailleurs moi qui te parle avec ma chansonnette,
Si nous ne t’avions pas tous ensemble démasquée
Aurais-tu continué à jouer les malhonnêtes ?
Nous aurions accusé quelqu’un d’autre, qui sait ?
Le sort aurait pointé une pauvre victime,
Au final, aurais-tu éprouvé des remords ?
Aurais-tu supporté de rester anonyme ?
Te s’rais-tu dénoncée pour quelques lingots d’or ?
Tu nous as dérobé des romans en pagaille,
Tous signés Boris Vian, et c’n’est pas un détail,
On a pensé d’abord à un admirateur,
Alors qu’il s’agissait d’un malhonnête voleur.
Tu as un bel alibi, toi qui détestes Boris
Et lequel parmi nous, pouvais te soupçonner ?
On pensait à Bison, ou même à un complice
Mais pas à toi, c’est vrai, chère Mamie Chloé !
Pour toutes ces erreurs, vois-tu, on te pardonne
Tu es une femme honnête, mamie nous le croyons
Ce que tu as volé, Chloé, on te le donne,
Et relire Boris Vian sera ta punition !
Monte-en-l’air, que le bien de mon père te profite
Mercure et nous te préservons de la prison,
Toi et nous sommes quittes, si j’avais été toi
Moi aussi j’aurais fait le bonheur de Bison !
Post-scriptum : si le vol est l’art que tu préfères,
Chang’ ta façon de faire, procède d’une autr’manière
Sois un peu plus discrète la prochaine fois,
Evite de chanter Brassens à haute voix.
Mais tu n’es pas la seule à devoir t’excuser
Aujourd’hui nous aussi, il faut le reconnaître
Ce n’est pas Boris Vian mais un tout autre maître
Que nous avons pillé, Georges Brassens le sait...