Histoire 5

Couplet 1
On a retrouvé le voleur,
Grand merci la souris,    
Mon père nous avait menti.

Enfin pour notr’ plus grand bonheur
La souris de Bison,          
Œil vairon et long poil blond     

Nous a donné la solution :     
Mon père a rassemblé
Tout un tas d’vieux objets

Dans un local d’la rue Villon
Mais sa ch’mise l’a trahi      
Ram’née par la souris      

Refrain
J’me suis déguisée en souris,
Léonard en cactus,
Brigitte est en anguille.

On va à l’Elysée en bus,
Bison est folle de joie
Car tout le monde est là-bas.

M’sieur Macron est en Boris Vian,
Il est aussi charmant,
Cette fête est un vrai bonheur.

Le père de Léo en serveur
A servi les boissons
Au président Macron.

Y a plus rien qui cloche là-dedans,
On approche du dénouement

Couplet 2
On r’prend le bus avec Macron,
A l’avant s’ trouve Bison
Qui nous chante des chansons.

Arrivés dans le local,
Déco originale,
Mais on a vraiment la dalle !

Le monde de Vian apparaît :
Pianocktail et trompette,
Livres, chaussures, tout y est !

Quelle belle surprise pour Bison,
Ses larmes coulaient à fond,
Bravo son p’tit fiston !

Refrain 2
A l’anniversaire de Bison,
La musique est à fond,
C’est l’heure des cadeaux.

Bison s’approche du piano
Et prépare un cocktail
Pour l’président mortel.

Il doit rester qu’un seul Boris,
Macron ressembl’ trop à Vian,
Pour Bison c’est un supplice.

Do ré mi fa so la si do,
Avec mon beau piano
Macron f’ra un gros dodo.

Y’a plus rien qui cloche là-dedans,
Il est mort accidentellement.

J’espère que tu auras le temps de me lire avant de monter dans l’avion. Sinon tu vas te retrouver dans les flonflons de l’Elysée-Party sans y comprendre rien.
Alors pour commencer, Bison a encore eu une nouvelle idée, on ne l’arrête plus : Maintenant, c’est déguisement obligatoire, sortez les costumes !
Elle, elle va se mettre des lunettes à triples foyers et un costume trois pièces pour faire Jean-Sol Partre. Moi, elle m’a fabriqué un déguisement de cactus tout vert avec des piquants partout, et pour toi, elle a trouvé un masque de souris grise, avec un manteau noir, ça fera l’affaire. Mais j’espère que les moustaches en plastique ne te gêneront pas pour chanter.
Ensuite, il faut qu’on change les paroles de la chanson car elle n’est plus d’actualité, on y réfléchira dans le taxi, entre l’aéroport et l’Elysée.
J’ai déjà trouvé le refrain :
" Il y a plus rien qui cloche là dedans, on approche du dénouement !"
D’abord les chaussures, tu sais, celles de Brigitte Macron ? Et bien, en fait, c’est un cadeau pour Bison de la part du Président de la République, en personne ! Enfin de Brigitte, mais c’est pareil.
C’est Mamie-Chloé qui m’a raconté tout ça, à la fin d’un cours de biglemoi, et ensuite elle s’est mordu la langue :
Zut, j’avais pas le droit de le dire, j’ai fait une gaffe !
Parce qu’en fait, ces chaussures, je te résume l’affaire, en fait, elles sont en peau de bison retournée. C’est un cadeau de l’Émir d’Abou Dabi, que Brigitte a reçu lors de l’inauguration du Louvre de là-bas, elles valent une fortune mais elles sont trop petites pour elle, elle ne les a jamais portées et quand Mamie-Chloé, qui est devenue très copine avec Brigitte, elle est tout le temps fourrée à l’Élysée, quand Mamie-Chloé donc, en contemplant la garde-robe de sa nouvelle amie, les a vues abandonnées au fin fond d’une armoire, oubliées, inutiles, elle n’a pas pu s’empêcher de murmurer :
ça ferait tellement plaisir à Bison !
Et Brigitte, très contente, en a immédiatement parlé au conseiller du conseiller de son mari :
J’ai trouvé un cadeau formidable pour notre centenaire nationale.
Sur ce, les conseillers ont inventé cette histoire de vol, pour ne pas froisser l’Émir d’Abou Dabi, au cas où la nouvelle se répandrait jusque chez lui. Et voilà l’affaire !
Et tu sais le local ? Et bien, en fait, il appartient à mon père. J’ai trouvé une grosse clé dans un tiroir de la librairie, avec écrit dessus en caractères minuscules :
Joyeux anniversaire Bison.
Je l’ai donnée à la souris grise qui aussitôt a galopé au fond de la ruelle pour vérifier que la clé rentrait bien dans la serrure du local. Elle en est revenue surexcitée.
C’est ça ! Qu’elle a glapit d’une voix suraigüe de bonheur. Ça va faire drôlement plaisir à Bison !
Mais quoi ? Qu’est-ce qu’il y a dedans ?
Surprise !
Allez, donne-moi un indice.
Alors, elle a simplement couiné entre ses deux moustaches :
C’est beau comme de l’art contemporain !
Je suis mort de curiosité mais je n’ai pas le temps d’y aller avant ton arrivée.
Donc, soit on y va ensemble, entre l’aéroport et l’Élysée, à toute allure, mais ça gâche peut-être la surprise de mon père, soit on attend la fête pour découvrir le cadeau-mystère en même temps que les invités. C’est comme tu veux.
À tout de suite !
Léo

Salut soufflé aux armandes caramélisées au beurre salé !

J’ai hâte que tu arrives ! En attendant, je te raconte et te chante ce qui s’est passé ces derniers jours.
Dans son atelier, mon père a bien réparé le pianocktail. Il a trouvé d’autres idées pour épater le président lorsque nous serons tous à l’Élysée : pour exécuter un morceau d’un genre musical autre que le jazz adoré, il faut saisir la partition, la plier en deux, l’introduire dans une petite guillotine de bureau placée sur le côté du pianocktail, et là le couperet s’abat sur la partition. Il m’a appris à fabriquer un cocktail délicieux avec Loveless love interprété par Billie Holiday. Le pianocktail s’est bloqué sur cuivre rouge, bleu wedgewood , rose marshmallow. La souris de Bison en a bu deux verres, attirée par les couleurs. Préparer des cocktails pour ce petit rongeur à fourrure grise et moustaches noires daltonien m’a donné des idées. Pour le centenaire de Bison, je proposerai des cocktails musicaux qui ambiancent, c’est quand même un grand jour ! On partagera le cocktail tricolore de ta chanson : le son de la trompette est bleu des mers du sud, la contrebasse d’un magnifique rouge profond, le piano blanc lumineux , ce qui apporte une fraîcheur bienvenue en cette occasion. Je suis content que tu n’aies pas à chanter sans accompagnement et joue de la trompette du matin au soir. Je pense que mamie Chloé ne m’en voudra pas car elle m’aime beaucoup et m’a encouragé à progresser. Home sweet home n’a plus de secrets pour moi. Tu constateras par toi-même mon niveau et tu en seras étonnée, même si je suis obligé de m’entraîner avec une autre trompette que la mienne : elle a été endommagée par les vianbrioleurs.
J’avais compris que le petit morceau de tissu rapporté par la souris de Bison appartenait à la chemise zazou préférée de mon père portée pour de grandes occasions. Cela m’avait intrigué et je comptais bien découvrir ce qui se cachait derrière tous ces mystères. En sortant de mon cours de trompette, je suis retourné voir la ruelle King Oliver où se trouvait mon père, et au bout, j’ai vu une porte qui pourrait mener à une espèce de local secret. J’ai bien sûr essayé de l’ouvrir mais elle était verrouillée. C’est alors que j’ai été victime d’un passage à tabac de contrebande et ma trompette a été abîmée.
Mamie Chloé a décidé d’apprendre à danser le biglemoi sur la musique de Duke Ellington et de l’enseigner à Brigitte Macron ! Comme elle a confié à son ancien professeur qu’on lui avait subtilisé ses chaussures fétiches mi-moufette juste après l’annonce de la fête et qu’elle a promis une somptueuse récompense à quiconque la retrouvera par sérendipité, je vais craquer sa messagerie (je l’ai déjà fait avec mamie Chloé sans conséquences) pour savoir où en sont les recherches.
Tschüss ! Léo
Mon père un fameux bricoleur
Faisait en amateur
Des cocktails folkloriques
Sans avoir jamais rien appris
C’était un vrai génie
Question travaux pratiques
Il s’enfermait tout’ la journée
Au fond d’son atelier
Pour fair’ des préparations
Et le soir il rentrait chez nous
En avant les émotions
En nous racontant tout
Pour fabriquer une Ursula
Mes enfants croyez-moi
C’est vraiment de la tarte
La question du shakouleur
S’résout en un quart d’heure
C’est de cell’s qu’on écarte
En c’qui concerne les touches du piano
C’est vraiment du gâteau
Mais un’ chos’ me tourmente
Que les not’ d’ ma fabrication
N’ont qu’une longueur
De trois caudalies trente
Y a quéqu’chos’ qui cloch’ là-d’dans
J’y retourne immédiat’ment

Il a bossé pendant des jours
Tâchant jour après jour
D’trouver ses livres volés
Quand il a cherché partout
Il s’est pris un coup
et habits déchirés
On voyait à ses plaies et bosses
Qu’il tombait sur un os
Mais on n’osait rien dire
Et pis un soir pendant l’repas
V’là que j’ soupir’
Et que j’m’écrie comm’ ça
À mesur’ que j‘approchais des lieux
Je m’en aperçois mieux
J’voulais ta revanche
Soyons sérieux c’est un complot
Des coups des croquenots
Tomb’ comm’ une avalanche
Voilà des jours et des suées
Que j’essaye d’maîtriser
Les notes d’ma trompette
Et je n’me suis pas rendu compt’
Que la seul’ chos’ qui compt’
C’est d’être tous là où aura lieu la fête
Y a quéqu’chose qui cloch’ là-d’dans,
J’la répare immédiat’ment

Sachant proche la grand’fiesta
Avec le chef de l’état
On a testé la piste
mamie Chloé s’excusa
De ce que sa cagna
Etait aussi petite
Mais sitôt qu’son élève est entrée
Elle lui a enseigné
En disant soyez sage
Et, quand la trompette a démarré
De tous ces enfantillages
Il n’en est rien resté

Waouaw ! Ta voix est superbe, je l’ai écoutée au moins quinze fois.
Au fait, il faut que je te raconte : tu ne devines pas ce que j’ai trouvé en aidant mamie Chloé à ranger ses vieux cartons dans le grenier ? De vieilles photos d’elle et de ses collègues prises dans le lycée où elle était prof de français à l’époque. Sur la liste des noms, j’ai d’abord vu celui de ma grand-mère puis juste à côté du sien, était écrit : Brigitte Trogneux. Comme Bison collectionne tout ce qui concerne Macron, j’ai reconnu le visage et j’ai vérifié : c’est bien le nom de jeune fille de Brigitte Macron, en plus, elle était prof de français. Être prof ensemble, ça tisse des liens non ? J’ai ouvert l’ordinateur de Chloé et j’ai craqué sa boîte mail pour communiquer avec Brigitte... (car tu parles à M. Léonard, agent secret de première classe). J’ai essayé d’amener la discussion vers la surprise-party mais ça n’a pas été simple ! Pirater la boîte mail de sa grand-mère pour parler à une dame qu’on ne connaît même pas et à qui sa grand-mère n’a pas parlé depuis quinze ans, c’est chaud ! Mais comme j’étais déterminé, je lui ai expliqué que mon arrière grand-mère adorait Emmanuel Macron autant que Boris Vian, dont il devait être la réincarnation. Au début, elle m’a ri au nez mais quand elle a compris que j’étais parfaitement sérieux, elle m’ a écouté. Je lui ai donc proposé d’être des nôtres pour la surprise party avec son mari. Elle a répondu qu’elle serait ravie de venir mais qu’elle était très occupée en ce moment avec Mélania Trump et que le président ne pouvait se déplacer pour si peu. Cela entraînerait trop de journalistes, de monde, de voitures et tout ce qui s’ensuit...Elle a donc proposé que l’on fasse l’inverse et que ce soit nous qui nous déplacions pour la fête. Du coup la surprise-party se déroulera à l’Elysée !!! Je lui ai envoyé en pièce jointe ta chanson ! T’inquiète pas, j’ai rajouté quelques notes de trompette, ça rend super bien ! D’ailleurs, je me suis nettement amélioré depuis mon dernier mail. C’est grâce à mon nouveau professeur de trompette (M Lazikmü). En plus, il est allemand, quand il me parle, je pense à toi.
On pourra peut-être emmener le pianocktail, mon père a réussi à le réparer à moitié : il reste bloqué sur "Le déserteur"et ne fait plus que des cocktails tricolores. Note que pour l’Elysée ça tombe bien ! Il faudra aussi qu’on apporte des décorations : je vois bien des guirlandes suspendues, un buffet de bonbons aux couleurs de la France et une fontaine de chocolat.
A propos de la librairie, j’y suis allé en tant que Garde-Vian comme tu me l’avais conseillé.
J’étais posté devant la porte quand j’ai entendu à l’intérieur un bruit venant du premier étage. Tu sais, là où sont cachés les derniers exemplaires non volés de Boris Vian. Alors je suis monté le plus discrètement possible. Arrivé en haut, le cœur battant, je m’attendais à me trouver face au Vianbrioleur, et je me suis retrouvé devant un tas de livres par terre... de Boris Vian, des pages avaient été rongées. Je m’avançais doucement pour les ramasser, quand une bête que je connaissais bien, m’a bondi à la figure et a dévalé l’escalier avant de sortir. Je l’ai suivie. Contre tout attente, elle m’attendait calmement sur le bord du trottoir. Notre course poursuite a recommencé. Nous sommes allés de rues en rues, nous avons bifurqué dans une sombre impasse et la souris s’est faufilée dans un trou, je n’ai plus pu la suivre. Ce n’est pas tout : après la fuite du petit rongeur, j’ai entendu du bruit tout près. Je me suis donc caché pour ne pas que l’on me demande ce que je faisais ici à cette heure et là, j’ai vu quelqu’un passer en courant, Je ne pus le reconnaître, mais l’ombre m’était familière. En revenant sur mes pas, j’ai remarqué qu’il avait fait tomber quelque chose. C’était un morceau de tissu rouge, déchiré. Je suis rentré chez moi. En allant me coucher, j’ai entendu ma mère demander à mon père pourquoi son pull était déchiré mais j’étais trop loin d’eux pour comprendre sa réponse. Cela m’a intrigué, du coup, le lendemain, j’ai cherché le pull en question dans le linge sale. Comme je m’y attendais, il était de la même couleur que le tissu de la veille. C’est donc mon père qui était passé en courant ? Que faisait-il là ? Aucune idée... Et la souris de Bison ? Qu’est-ce que tu en penses, toi ? J’ai hâte que tu viennes m’aider à élucider cette histoire. Je ne comprends plus rien...
Tschüss !
Léonard

Tout à coup, j’ai eu une idée de cadeau géniale pour Bison, on oublie les chaussures en peau d’elle même. On va lui offrir le Président de la République en personne. Elle en est dingo. Il faut réussir à inviter ce Monsieur à la fête. Ce n’est pas gagné mais j’ai bon espoir. J’ai écrit une chanson en guise de carton d’invitation, tu la trouveras en pièce jointe. Tu sors ta plus belle voix, tu me l’enregistres en MP3, et ensuite on l’envoie à l’Élysée. Tu te rends compte du coup de pub que ça peut lui faire ? Hystérie sur les réseaux sociaux. Danser le be-bop avec une centenaire endiablée, il n’y a rien de tel pour redonner le moral aux français. À sa place, je n’hésiterai pas une seconde. Ça va marcher, je te dis. Il faut oser les choses les plus folles, je me dis. La vie est trop courte pour se prendre les pieds dans le tapis, surtout s’il est rouge.
Hier, on a eu une réunion d’urgence à Ville d’Avray au sujet de la librairie de mon père, qui s’appelle L’Écume des livres. Figure-toi qu’il y a un loup avec les livres de Boris Vian. Ils disparaissent les uns après les autres.
Ça a commencé avec L’Écume des jours. Mon père avait invité toute la famille à fêter l’inauguration du magasin, on était là au milieu du papier imprimé, le dernier client venait de partir après avoir signé un gros chèque pour l’intégrale de Balzac, on sort le champagne de fête et Bison, ravie, caracole jusqu’à la lettre V.
Vallès. Verlaine. Vernes. Ah ! Te voilà Vian. Bonjour, très cher ! Et voilà L’Arrache-coeur. Et voilà Vercoquin et le plancton. Mais pourquoi tu n’as pas L’Écume des jours ?
Mais si, je l’ai, enfin, quand même, pour qui tu me prends ?
Mais non.
Mais si.
Mais non, ou alors tu l’as déjà vendu, peut-être ?
Mais non, je m’en souviendrais, quand même.
On a cherché l’Écume dans tous les recoins de la librairie, pour rien du tout. Il s’était comme écumé dans l’air, justement.
Le lendemain, mon père a mis un nouvel Écume dans les rayonnages (en qualité de petit-fils de Bison, il en avait commandé tout un stock) et rebelotte : disparu !
Et re-rebelotte le lendemain : évaporé dans la nature !
Alors, fou de rage, mon père a déménagé la collection de Boris Vian près de la caisse pour l’avoir sans arrêt à portée de vue. Il l’a surveillée toute la journée mais quand il est revenu des toilettes (il faut bien, quand même), il manquait non seulement L’Écume des jours mais aussi Les Lurettes fourrées.
Et ça ne fait que s’aggraver de jour en jour, c’est une catastrophe !
Hier, J’irai cracher sur vos tombes. Avant-hier, le premier volume de la Pléiade.
Bison s’est auto-proclamée détective en chef. Avec la souris grise, elle fait des schémas très compliqués pour tenter de comprendre l’énigme.
Donc :
– Soit il s’agit d’un voleur extérieur à la famille.
Un voleur de Vian. Un cambrioleur spécialisé. Un Vianbrioleur, comme dit Bison. Car j’ai oublié de te dire que les autres écrivains de la librairie restent sagement alignés dans le bon ordre alphabétique. Il n’y a que les livres de Vian qui se font la malle.
Et dans ce cas-là, ce pourrait être la S.P.A.V : la Société Protectrice des Amateurs de Vian qui veulent garder les livres de leur idole pour eux tout seuls, les égoïstes.
Ou un fan fou isolé, très difficile à démasquer.
Ou un officier de renseignement du ministère de la Défense qui trouve que l’écrivain ressemble trop au Président de la République, ça lui fait de l’ombre.
– Soit il s’agit d’un voleur interne à la famille.
Et alors, les soupçons volent spontanément vers Mamie-Chloé : on l’a gavée de Vian toute son enfance, elle se venge. Elle débarrasse la littérature de ce snobinard, comme elle dit. Des étudiants sans le sou travaillent pour elle et glissent les fameux livres dans la doublure de leur manteau, ni vu ni connu. Elle récupère le butin et le découpe en mille morceaux, elle le brûle, comme son chagrin.
Bison penche pour cette hypothèse mais ça me semble trop simple pour être vrai.
– Soit encore c’est un phénomène paranormal.
Un monstre invisible qui dévore du Vian dès qu’il en voit ?
La librairie elle-même qui a une allergie à la plume de Vian ?
Un virus anti-Vian dans l’atmosphère ?
Comme tu le vois, je suis un peu perdu. J’ai besoin de tes conseils au plus vite. À distance, tu y verras plus clair que moi, j’en suis sûr.
J’ai oublié de te dire : sur ma lancée Opération corps de rêve, j’ai commencé un régime à base de pamplemousse trempé dans du yaourt à l’ail, une recette de Bison, c’est dur mais je m’accroche !
C’est super que tu puisses venir à la surprise-party. On va bien se marrer avec le Président.
Applique-toi pour la chanson, je compte sur toi !
Tschüss !
Léonard