Vous avez enfin retrouvé le tableau, tu le prends et le contemples. Contente, tu te procures deux billets d’avion pour Paris, pour Léonard et toi. Une fois à l’agence de voyage, tu achètes les deux places et tu en prends deux supplémentaires pour Sonia et Gina. Tu rentres chez Gina et tu leur montres les fameux billets. Satisfaites, elles te remercient en t’emmenant, Léonard et toi au meilleur restaurant italien, pour cette dernière nuit à Naples. Une fois rentrée, tu vas dans ta chambre et te jettes sur ton lit. Ah ! Toute cette histoire pour un tableau. Tu te plonges dans tes pensées. Cette aventure t’a aidée à mûrir. Tout a commencé le jour où Léonard t’a montré cette peinture, tu étais tellement troublée que tu avais complètement raté ta leçon de piano. Un sourire s’étire sur tes lèvres. Jamais tu n’aurais pensé te dérider à ce souvenir. Tu te remémores tout ce que tu as fait pour retrouver ce tableau : tu as voyagé dans le temps, tu es parti à Naples, tu as renforcé ton amitié avec Léonard, tu as créé une nouvelle amitié avec Sonia. Cela faisait longtemps que vous cherchiez et enfin vous avez trouvé. Le lendemain, vous faites vos valises le matin et vous partez faire du shopping. A 14h30, direction l’aéroport car le vol était à 16h. Arrivés là-bas, vous passez à la douane et vous embarquez dans l’avion qui décolle. Tu es perdue dans tes pensées, tous les bruits extérieurs résonnent dans ta tête. Enfin j’avais retrouvé le tableau qui m’avait causé tant de problèmes. Il était là, entre mes mains. J’étais allé jusqu’à me déplacer d’un pays à un autre, j’étais atteinte d’une certaine euphorie. Tout mon travail est abouti, je peux enfin me reposer. Mais que vais-je faire ? Tu commences à réviser pour ton brevet. Tellement tu es stressée, tu t’endors. Tu rêves que tu rates ton épreuve et que tout le monde se moque de toi. Soudainement,tu te réveilles en criant noooooooooooonnnnnnn.
Les gens te regardent bizarrement. Tu entends la voix du pilote qui explique : nous sommes bientôt parvenus à Paris .Tu ressens un tel bonheur, tu attaches ta ceinture, enfin tu sens les roues toucher le sol. Tu atterris, tu aperçois tes parents au loin.Tu cours les embrasser très fort. Quand ta mère voit Gina, elle est aux anges car cela faisait très longtemps qu’elles ne s’étaient pas vues. Pendant plusieurs semaines, tu racontes à tes amis ce qui s’était passé ces deux derniers mois. Tu es ravie de retrouver tes proches.La fin d’année approche, tu vas bientôt passer ton brevet, tu angoisses un petit peu, mais tu es confiante car tu as beaucoup révisé et ta famille te soutient, la veille de l’examen. Le matin même, tu n’as pas beaucoup dormi, la panique prend le dessus. Les examens commencent dans cinq minutes et Léonard t’encourage. Une fois dans la salle, le professeur te donne la copie. Tu respires un bon coup et commences à écrire. Il te semble que tu réussis. Tu entends driiiiiiinnnnnnng. Tu donnes ta feuille au professeur. Rentrée chez toi, tes parents te demandent si cela s’est bien passé. Tu leur expliques. Ils déclarent que c’est très bien, mais qu’il faudra attendre le résultat maintenant, car dans trois jours, c’est la remise des résultats. Pendant ce temps-là, tu t’inquiètes pour ta note. Léonard et Sonia te conseillent de ne pas être nerveuse et de te reposer. Trois jours plus tard, tu vas au collège, impatiente d’avoir ton résultat.Ton professeur t’appelle et t’apprend que tu as eu ton brevet mention très bien. Contente, tu rentres chez toi. Tes parents te demandent si tu as eu ton brevet. Tu leur rétorques non pour leur faire une blague. Ils te réconfortent, cela n’est pas grave, et te font un gros câlin. Tu rigoles et tu t’écries je vous ai eus, j’ai eu mon brevet mention très bien. Quelle joie dans leurs yeux ! Pour fêter ça, vous allez tous manger au restaurant. Deux jours plus tard, tu trouves un journal ’’Le Parisien’’ : tu apprends que le tableau de Lucrèce va partir au Louvre donc tu décides de t’y rendre. Dans le bus, tu vois quelqu’un qui ressemble à Lucrèce. Puis, boum ! Le bus vient de heurter un camion.
Tu te réveilles sur un lit blanc, tu examines la chambre et vois Léonard à tes côtés. Tu appuies sur le bouton pour appeler une infirmière, elle arrive et t’explique que tu as fait un accident de voiture et que tu es tombée dans un coma artificiel.
Etait-ce un rêve ou la réalité ? Lucrèce et Sonia existent-elles vraiment ?
Le voyage de Naples… ?
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Histoire 11
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5/ Soulagement et fierté
30 janvier 2017, par Collège Jules Michelet, Collège Jules Michelet -
Alea jacta est
20 décembre 2016, par Collège Le Plan du Loup, Collège Le Plan du LoupÇa y est, tu y es enfin dans cet avion avec Léonard qui est a côté de toi. L’avion va bientôt décoller. Léonard, comme à son habitude, mange un gâteau au chocolat noir avec des petites noisettes. C’est comment Naples ? Tu imagines. Vas-tu retrouver le tableau ? Peut-être… Mais après que vas-tu faire ? Tu n’as pas beaucoup de temps. Et si tu ne le retrouve pas, et s’ils l’avaient déjà emmenée ? Non, tu te calmes… Tout va bien se passer.
Lili take another walk out of your fake word,
Please put all the drugs out of your hand,
You’ll see that your can breath without...
Tu as la chanson que tu apprends en ce moment au collège dans la tête. Tu l’aimes bien, elle t’apaise.
Léonard s’est endormi. Toi, tu regardes les nuages que l’avion percute et dans lesquels il s’enfouit. A ton tour, tu t’endors.
Après deux heures passées dans l’avion, tu descends enfin. Il n’est pas très tard mais tu es fatiguée. L’amie de ta mère, Gina, est venue vous chercher à l’aéroport comme prévu. Tu lui avais expliqué que vous étiez venus à Naples pour améliorer votre italien pourtant ce n’était pas le but de votre voyage, tu le sais.
Tu descend les marche qui te mènent jusqu’à la navette avec ton énorme valise qui contient tous tes cactus. Tu n’allais pas les laisser à tes stupides parents ! Tu montes dans la navette. Elle est remplie de monde. Tu descends au terminal 2 avec Léonard.
Tu vois la voiture de Gina et elle te fait signe au loin.
Armande, Léonard ! Buongiorno !
Tu descends de l’avion suivi de Léonard et aperçoit Mme Seguro. Elle est accompagnée de Sonia qui est rentrée des Beaux-arts pour les vacances. Tu les salues, contente de les revoir après tant de temps. Vous prenez la voiture jusqu’à la maison des Seguro. Arrivés à destination, vous déposez vos valises et discutez avec Sonia. Elle vous raconte ses études aux Beaux-arts et vous lui racontez votre fabuleuse découverte du tableau de Lucrèce, qui a fini par être acheté. Sonia n’en revient pas. Un portrait d’une jeune femme de la Rome Antique qui serait le sosie d’Armande ! Soudain la mère de Sonia vous appelle. C’est l’heure de passer à table. Alors que vous vous asseyez, la porte s’ouvre. C’est le père de Sonia, il tient dans les mains un grand colis rectangulaire. Il vous salue et pose le colis pour vous rejoindre. La mère de Sonia demande ce que c’est. Mme Seguro répond, avec un sourire malicieux, que c’est un secret. Après manger, alors que les parents de Sonia sont couchés, la jeune fille vient vous rejoindre dans votre chambre.
Je ne sais pas vous mais moi j’ai sacrément envie de savoir ce que mon père vient de ramener !
Tu hésites. Si vous vous faites attraper, le père de Sonia risque de ne pas être content. Mais bon, après tout, si vous êtes discrets, rien ne pourra vous arriver. Et puis tu as toi aussi envie de savoir ce qu’il se cache derrière l’emballage du colis. Arrivé devant celui-ci, Sonia l’ouvre sans faire de bruit. Tout à coup, tu laisses échapper un cri de surprise… C’est le tableau de Lucrèce ! -
3/A la recherche de Sonia
21 novembre 2016, par Collège Alain, Collège AlainDevant toi, tu vois un homme avec des cheveux bruns et une grande moustache. Léonard, essoufflé, vous rejoint en courant. C’est toi qui lui as demandé de venir.
« - Bonjour les… ! Il reste bloqué sur ton visage. Je peux vous aider ? Propose le Monsieur.
– Euh … oui, enfin… voilà. Tu bafouilles. Je suis allée dans une galerie voir un tableau, on m’a dit qu’il avait été vendu à cette adresse et …
Le monsieur t’interrompt et te dit :
– Je m’appelle Antonio, laisse moi deviner… le tableau de Lucrèce ? Je l’ai bien acheté. C’est incroyable comme tu ressembles au modèle . Je l’ai acheté car c’est ma fille !
– Pardon ? s’étonne Léonard, vous nous expliquez que votre fille est modèle d’art et qu’elle a posé sur ce tableau alors que l’antiquaire nous a dit qu’il s’agissait d’une dame romaine du nom de Lucrèce !
– Ne crois pas les antiquaires, p’tit gamin ! Si vous voulez voir ma fille, elle pose et étudie à l’école prestigieuse des Beaux-Arts, et elle s’appelle Sonia. Si vous arrivez à la voir, dites lui de rendre visite à son petit papa de temps en temps, je ne sais plus ce qu’elle devient ! ».
Antonio vous dit au revoir, et Léonard prend son portable pour chercher cette école d’ arts.
– C’est bon ! J’ai trouvé ! Armande, on peut y aller et rentrer avant la nuit !
– D’accord Léonard. Alors faisons vite car on ne sait pas quand l’école va fermer !Vous découvrez un immense bâtiment avec une très grande cour. C’est une très belle école, tu te dis que tu aimerais bien y habiter car tu la trouves magnifique.
Avec ton frère de cœur, vous rentrez et tu demandes à l’accueil :
– Bonjour Madame, savez-vous où nous pouvons trouver une personne appelée Sonia, dont le père habite au 20 rue de Lisbonne ?
– Oui, bien sûr, elle est très demandée auprès des étudiants. Elle est repartie en Italie et elle ne rentrera pas avant longtemps !
– Où ça ?
– A Naples !
– D’accord, merci Madame, au revoir ! »
Il se fait tard… Toi et Léonard, vous vous dépéchez de rentrer chacun chez vous, non sans vous être promis de faire votre possible pour continuer l’enquête, et d’aller rencontrer cette mystérieuse Sonia en Italie.– Salut ‘Mandine ! t’apostrophe ta mère dès que tu mets les pieds dans le restaurant. Il y a de la vaisselle dans la cuisine à faire !
(‘Mandine… C’est le surnom que te donnes ta mère, mais tu le détestes !)
– Maman, il faut que je te parle.
– Qu’est-ce qu’il y a, ‘Mandine chérie ?
– Maman, on ne bouge jamais … Tu as toujours vécu ici ?
– Non ma fille, j’ai un peu vécu en Italie… Mais je préfère l’Alsace !
– Ah bon , tu as vécu en Italie ? Quelle coïncidence ! Avec Léonard, on se disait qu’on aimerait faire un voyage à Naples pour les prochaines vacances !
– Comment ça ma fille, tu veux faire quoi en Italie, développe !
– On s’intéresse à l’art, avec Léonard, à Lucrèce… Maman, s’il te plait, toi qui dis que je ne m’intéresse jamais à rien !
– C’est drôle, ces passions soudaines… D’abord les cactus, puis Lucrèce… On en rediscutera avec ton père ! »Au bout d’une heure de combat acharné avec tes parents, tu les as convaincus de te laisser aller en Italie, mais à trois conditions :
La première, c’est que tu iras chez une vieille connaissance de ta mère qui t’attendra à l’aéroport.
La deuxième, c’est que tu les appelles au moins une fois par jours quand tu y seras.
Et la troisième, c’est que tu travailles au resto pour te faire de l’argent de poche. Autrement dit, tu es de corvée de vaisselle tous les soirs !Les semaines passent … Enfin, c’est le jour J ! Tu as peur. Heureusement, Léonard est à tes côtés. Vous montez dans l’avion et il décolle... Direction, l’Italie !
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La disparition
29 septembre 2016, par Collège N-D de Bellegarde, Collège N-D de BellegardeTu regardes tes mains, tu ne sais pas quoi lui répondre. Et si tu lui demandais si elle sait des choses sur Lucrèce Borgia ? En fait, non, pas envie.
Ca ne s’est pas très bien passé à l’école, et puis je suis un peu fatiguée…
Elle paraît convaincue mais comme d’habitude, tu entrevois un air de sévérité sur son visage. Tu ne l’aimes pas trop mais on ne te demande pas ton avis. Tu suis ce cours pour tes parents.
Dès que ça se termine, tu te dépêches, tu prends ton sac et tu sors. Tu as oublié à quel point le livre de maths, le cahier d’anglais, le classeur de français et tout le reste étaient lourds. Tu cours à travers la ville, tu prends les raccourcis. Tu les connais très bien. Ce quartier de Paris n’a plus aucun secret pour toi. Tu t’y sens bien et protégée. Tu décides de retourner rue Balzac, chez l’antiquaire. Trop impatiente, tu te trompes de rue. En arrivant, tu as le souffle court. Devant la vitrine, tu restes sans voix. Le tableau qui t’évadait de la vie réelle, qui faisait de ton Nocturne de Chopin une réelle catastrophe, n’est plus là. Tu ne sais plus quoi penser. Tu t’es trompée de boutique ? Tu recules de quelques pas. Non, c’est bien là. Tu t’imagines toutes sortes d’hypothèses, aussi improbables les unes que les autres. Peut-être que quelqu’un l’a volé, peut-être que c’était ton imagination, qu’il n’a jamais existé. Peut-être que l’antiquaire avait fait une erreur en installant ce tableau moderne dans sa vitrine... Tu veux en être certaine.
Tu rentres dans la boutique et tu cherches l’antiquaire des yeux. Tu le vois, il te fait penser à un des professeurs au collège. La troisième, c’est difficile pour toi. Tu es un peu distraite en cours, tu n’écoutes pas vraiment. Cette année, même les arts plastiques ne te passionnent plus. Tes notes sont au plus bas. Tu t’avances lentement vers lui et tu remarques qu’il te fixe.
Bonsoir, tout à l’heure, vous aviez un tableau représentant Lucrèce Borgia dans la vitrine. Où est-il passé ?
Tu es comme tous les adolescents, pas très dynamique ni enthousiaste mais pourtant tu lui parles avec beaucoup de rapidité et de fluidité. Tu attends la réponse impatiemment.
Vous êtes passée tout à l’heure n’est-ce pas ? J’ai remarqué la ressemblance entre vous et le modèle. Malheureusement je viens de le vendre.
Tu soupires, déçue de ne pas l’avoir revu. Mais par curiosité tu demandes quand même :
Pouvez-vous me dire où je peux trouver l’acheteur ?
Il te regarde un peu étonné.
Vous pouvez toujours essayer de le rattraper, il doit encore être dans la rue.
Tu sors et tu le cherches du regard. Mais tu ne le vois pas. Tu rentres très déçue.
Il est parti…
J’ai tout de même quelque chose pour vous.
Tu as encore un peu d’espoir.
Ce tableau est très récent, mais je l’ai mis dans mon magasin parce que le modèle est une jeune femme de mes amies. J’ai son adresse.
Il part au fond de la boutique et tu le vois revenir avec un papier qu’il te tend avec un léger sourire. Tu sens l’espoir renaître. Tu le lui prends en lui adressant un petit « merci » puis tu sors.
Tu regardes d’un peu plus près le bout de papier donné par l’antiquaire : « 20 Rue de Lisbonne ». Tu la connais cette rue. Tu passes tes journées dans la ville, le matin pour te rendre au collège, le lundi midi, pour déjeuner chez Léonard et le soir pour rentrer chez toi. Tu connais la ville comme ta poche. Tu es née dans cette ville et pour rien au monde tu ne la quitterais. Tu regardes ta montre : 19h, déjà. Tu te dépêches pour éviter que tes parents ne s’inquiètent. Même si d’habitude tu rentres tard, tant pis ils t’attendront. Ton téléphone, bien rangé dans le fond de ton sac, sonne. Un message de maman. Elle t’envoie régulièrement des messages : as-tu donné à manger au chat ? As-tu fais tes devoirs ? As-tu acheté du pain ? Comment s’est passé ton cours de danse ? Un frisson te parcourt : tu as oublié le cours de danse. Ta mère va te tuer. Tant pis pour le cours de danse. Tu as toujours préféré sortir du quotidien pour l’aventure et ce n’est pas le cours de danse qui changera le cours de ta vie. Tu cours à toute vitesse, l’épaule enflée par le poids du cartable. Tu ralentis, essoufflée, dans le parc Monceau, traversé tout à l’heure avec Léonard. Une fois remise de ta course, tu continues à marcher. Tu comptes les numéros : 16, 18, 20. Voilà, c’est là. Tu sonnes, tu attends en trépignant. Tout d’un coup, tu entends des bruits de pas, la serrure tourne. Tu ne tiens plus en place. Ca y est, la porte s’ouvre. -
1/ La jumelle d’une autre époque
29 septembre 2016, par Violaine SchwartzDingue ! C’est qui ? C’est moi ?
Ton visage sort de l’ombre, il accroche la lumière. De trois-quart profil, tu es coupée au niveau de la poitrine par le bois de l’encadrement. Tes cheveux châtains sont noués en chignon bas, quelques mèches plus claires donnent du relief à ta coiffure. Tu es drapée dans une étole grise, irisée de blanc. Tu as un peu de rose aux joues, le même que sur tes lèvres rebondies, une pointe de bleu pour pâlir ta peau, quelques gouttes de sang sur la gorge, une éraflure au dessus de la clavicule.
Truc de ouf, j’y crois pas.
Le reste de la composition est cendré, marron, beige, tabac, couleurs d’automne. Tu tiens un grand couteau dans ta main gauche, si grand que la pointe de la lame s’enfonce dans l’or du cadre. Tu as une boucle d’oreille, un anneau serti d’une perle, comme un éclat sur ta nuque.
Léonard, j’ai la même à la maison. Exactement la même, je te dis ! C’était à ma grand-mère. Comment c’est possible ? Qu’est-ce qu’il y a écrit sur l’étiquette ?
Tableau caravagesque napolitain du XVII siècle.
C’est quoi caravagesque ?
J’en sais rien.
Ça doit être un truc en rapport avec les ravages. Un truc qui ravage quoi. Qui ravage grave de grave.
Tu t’assieds sur le bord du trottoir, les jambes en coton tout à coup. Tu te pinces le bras, tu sens parfaitement la pression de tes doigts sur ta peau, donc tu ne rêves pas. Tu es bien là, en chair et en os, face à toi, en peinture. Léonard pousse la porte de la boutique.
Je vais demander le prix, tu ne veux pas savoir combien tu coûtes ?
Très drôle
Fais pas cette tête. C’est pas un drame, quand même.
Tu te lèves pour le suivre, mais aussitôt tu te rassieds, puis tu te relèves, puis tu te rassieds, tu ne sais pas quoi faire de toi, tu as peur de te montrer au marchand d’art, qu’est-ce qu’il va dire quand il va découvrir ton visage ?
Venez-là, mademoiselle, que je vous accroche dans ma vitrine ! Venez-là que je vous encadre !
Quelle horreur !
Tu jettes un œil en douce dans le désordre de la boutique. La gazelle empaillée te regarde fixement, de ses pupilles étoilées. Léonard te fait des signes pour que tu le rejoignes à l’intérieur.
Tu prends ton courage à deux mains, tu pousses la porte d’entrée.
En effet, dit le brocanteur, vous avez raison jeune homme, c’est étonnant, c’est Lucrèce en personne.
Luquoi ?
Lucrèce. Enfin, ce n’est pas Lucrèce, bien-sûr. Va savoir comment était la vraie Lucrèce. Ce que vous voyez sur ce tableau, n’est ce pas, très original, très sobre, d’habitude, on la montre en train de se poignarder le cœur, ce que vous voyez donc, ce n’est pas la vraie Lucrèce, bien entendu, c’est un modèle déguisée en Lucrèce. Une jeune fille italienne du XVIIè siècle qui devait arrondir ses fins de mois en posant dans les ateliers de peinture. Vous posez, vous aussi, mademoiselle ?
Non, monsieur.
Vous devriez. C’est la meilleure méthode pour devenir immortel, et qui n’en rêve pas, n’est ce pas ?
Il te dévisage d’un œil de connaisseur derrière ses lunettes rondes, comme si tu étais une chose, ce n’est pas très agréable. Il est un peu bossu, mais très élégant, vêtu de noir, les mains couvertes de bagues.
Brusquement, il se dirige vers une lampe en forme de globe terrestre, posée sur un tapis persan.
Savez-vous que, selon une légende populaire, nous avons sept sosies de par le monde ?
D’un geste délicat, il fait lentement tourner le globe sur lui-même. Comme par magie, il s’illumine de l’intérieur, sous tes yeux ébahis.
Nous sommes actuellement sept milliards d’êtres humains sur la vaste terre, ce qui nous fait, si je ne m’abuse, un sosie par milliards d’habitants, voilà un calcul simple, mais si l’on rajoute à cette base la notion du temps, n’est ce pas, nous sommes au XXI ème siècle, donc 21 divisé par 7, ça nous fait un sosie tous les trois siècles. Donc, au travail, mademoiselle, il ne vous en reste plus que six à trouver, c’est formidable !
Il coûte combien, le tableau ? Se risque soudain à demander Léonard.
Une bagatelle. 6800 euros.
Il est hors de question que ce tableau t’échappe. Tu le veux. De toutes tes forces.
Papa, prête-moi un peu d’argent. Je t’en supplie. C’est très important.
Tu sauras le convaincre. Tu trouveras les mots nécessaires. Ne t’inquiète pas. Tu arrives toujours à le mettre dans ta poche.
Et soudain, tu te souviens de ton cours de piano, vite, vite, tu bégayes un revoir à l’antiquaire, tu fais une bise à Léonard.
Je me sauve, à demain.
Tu cours le long du parc Monceau, double croche, double croche, tu descends la rue du faubourg Saint-Honoré, triolet, noire pointée, voilà enfin le Conservatoire Camille Saint-Saens, tu montes l’escalier Ravel, tu pousses la porte de la salle Debussy.
C’est à cette heure-ci que vous arrivez ? Je vous écoute. J’espère que vous avez progressé depuis la dernière fois.
Tu massacres allègrement ton Nocturne de Chopin.