Ils restent bouche-bée et semblent se demander si tu ne délires pas. Néanmoins, ils font preuve de curiosité et tente une approche :
« Bonjour Lucrèce, est-ce que c’est vrai ce que vient de nous raconter notre fille ?
– oui, c’est totalement vrai, même si je peux comprendre que ça paraisse étrange ou...surréaliste comme me l’a dit Armande ».
Tes parents, sceptiques, acceptent par politesse d’héberger Lucrèce pour la nuit. Tu montes dans ta chambre accompagnée de Lucrèce et vous cherchez ensemble un moyen pour lui permettre de rentrer chez elle. Tu prends ton iphone pour appeler Léonard afin qu’il vous aide à trouver une solution. Quelques minutes après, il arrive. Tout à coup, vous entendez Lucrèce crier :
« Ma main, elle disparaît ! »
Alertés par les cris, vous vous approchez et constatez les dégâts. Abasourdie par cet événement, tu t’exclames :
« Sa main disparaît vraiment, il faut faire quelque chose Léonard !
– Je crois savoir ce qui se passe. Elle n’est pas de notre temps et je pense qu’elle est victime d’un dérèglement temporel. J’ai lu ça dans un des romans de Georges Wells. Je t’explique : son corps a traversé un espace-temps d’univers parallèles et simultanés qui a dû créer une anomalie dans son corps. En somme, son corps doit très vite retrouver son époque sinon elle risque de, comment dire...s’évaporer !
Lucrèce ne souffrait pas mais son angoisse était perceptible surtout après la théorie que venait d’exposer Léonard.
« Dis-moi que tu as la solution, il faut sauver Lucrèce », tu espères une réponse positive de ton ami.
– Je crois l’avoir ! Il faut retourner chez l’antiquaire et récupérer le tableau, je pense à coup sûr que c’est la porte temporelle qui permettrait à Lucrèce de rentrer chez elle saine et sauve. »
Il est 19h. Avec un peu de chance, ils trouveront la boutique d’antiquités encore ouverte. Sans plus réfléchir, les deux amis, accompagnés de Lucrèce, décident de partir.
Tu es inquiète, tu observes avec angoisse l’état de ton amie romaine. Tu pries pour que l’antiquaire sois encore présent et surtout pour que le tableau soit disponible sinon…
Ouf, tu vois de la lumière, l’espoir renaît en toi. Tu presses Léonard pour qu’il accède avant toi à la boutique avant qu’elle ne ferme. De ton côté, tu t’occupes t’aider Lucrèce à avancer. Vous y êtes, tu pousses la porte avec appréhension en te demandant si le tableau est toujours présent. Ton visage s’illumine, tu vois Léonard penché sur un cadre retourné en train de chercher à décrypter quelque chose. Tu t’approches avec Lucrèce aidée par l’antiquaire qui a très vite saisi l’urgence de la situation. C’est à croire qu’il savait comment cette histoire allait se terminer.
« Léonard, que se passe t-il ? Que fais-tu ? Pourquoi le tableau est-il retourné ?
– Calme toi Armande, je sais ce que je fais. Il y a une inscription en italien derrière le tableau et à tous les coups, c’est la clé d’ouverture de la porte temporelle. Il y est écrit : « pensate a ciò che si vuole e mantenere ciò che si ama” ce qui veut dire, d’après mes quelques notions d’italien “pense à ce que tu veux et tiens à ce que tu aimes”.
– Et qu’est-ce que ça veut dire ?” demandes-tu.
Contre toute attente, tu entends l’antiquaire dire :
“tu dois penser très fort au retour de ton amie pour que le tableau ouvre ses portes”
– Vous êtes au courant ? demande incrédule Léonard.
– oui, je connais la valeur de ce tableau et son pouvoir temporel et la seule solution pour sauver votre amie, c’est ce que je viens de vous dire !”.
Sans plus attendre, tu saisies la main encore valide de Lucrèce, tu lui dit que tu ne l’oublieras jamais et que ton destin est définitivement lié au sien. Tu lui serres la main très fort en fermant les yeux. Soudainement, une lueur aveuglante sort du tableau. Léonard comprend qu’il s’agit de la porte temporelle, elle vient de s’ouvrir.
“Hâtez-vous avant qu’elle ne se referme !” crie l’antiquaire.
– Instinctivement, tu embrasses Lucrèce, lui souris et la pousses délicatement dans le tableau. A ce moment-là, une pluie d’étoiles filantes enveloppent Lucrèce et l’aspirent dans le tableau. Avant de disparaître complètement, tu as pu voir une larme de joie couler sur son visage.
Vous restez un long moment sans voix, conscients d’avoir assisté à un spectacle sans précédent. L’antiquaire vous rappelle à la raison en vous demandant de garder bien secret cette histoire pour le bien-être de Lucrèce mais également pour la sécurité de chacun.
Après avoir salué et remercié Léonard, tu rentres chez toi, un peu groggy. Tu te couches en réalisant que tu viens de vivre une histoire extraordinaire.
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Histoire 8
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Tout rentre dans l’ordre !
30 janvier 2017, par Collège Honoré de Balzac, Collège Honoré de Balzac -
4/ Un saut dans le futur
20 décembre 2016, par Collège Jules Michelet, Collège Jules MicheletTu cherches la sortie dans cette vieille boutique pleine de poussières et des toiles. Une fois que tu l’as trouvée, tu vois des robots en patrouille qui servent le parti Unique et un homme marcher vite sous sa capuche en essayant d’esquiver les gardes et robots du parti. Tu vois les gardes se mettre à courir, tu te précipites plus vite que ton ombre. Les robots tombent les uns après les autres en manque de batteries.
Tu te perds dans un petit chemin où tu rencontres cet homme que tu as vu fuir, il se présente et t’explique que tu es en 2039.
Comment tu t’appelles, toi ?
C3BO. . .
Tu le regardes étonnée, le fais répéter..
C3BO. Et toi, comment.... ?
Il a regardé derrière toi, son regard s’emplit de panique, il prend ses jambes à son cou, sans même te dire au revoir.
Tu as soudainement faim. Tu te mets à chercher de quoi manger et aperçois un imposant restaurant à la façade étrange. Tu pénètres à l’intérieur : le service est fait par des robots, tu cherches une place du regard. Ton regard se pose sur une place et tu restes sidérée en voyant qui y est assise… Tu t’approches de la jeune femme qui te ressemble comme deux gouttes d’eau. Elle semble surprise de te voir mais te propose de t’asseoir. Vous entamez une conversation :
Tu es bien Lucrèce ?
Oui.
Comment t’es-tu retrouvée ici ?
J’en sais rien, je suis passée dans le tableau et après je me suis retrouvée ici.
Le tableau ? Alors toi aussi tu t’es retrouvée dans la mauvaise époque à cause de ce tableau ?
Oui.
Vous discutez et décidez de marcher un bout de chemin ensemble. Vous entrez dans un musée. Vous voyez un tableau époustouflant, plein de couleurs, de traits tellement précis et réalistes que vous croyez pendant une seconde que cette chose est réelle. Absorbées par la contemplation du tableau, vous heurtez par mégarde une personne :
Eh ! Attention !
C est plutôt à moi de vous dire ça, regardez un peu où vous allez !
Attendez … je crois vous avoir déjà vu quelque part …
Je ne me souviens de rien de tel. Vous êtes totalement inconnue à mes yeux, répond–il avec un sourire au coin des lèvres.
Non, je vous ai vraiment rencontré quelque part !
Tu essaies de t’en rappeler mais n’y arrives pas. L’inconnu continue la conversation.
Est-ce que vous venez du passé, chères demoiselles ?
Comment le savez-vous … ?
Je sais tout, je vois tout, j’entends tout et je peux aussi dire que vous êtes Lucrèce et que votre amie est Armande.
Mais … comment le savez-vous ?! t’exclames-tu.
Vous n’avez toujours pas compris, hein ?…Maintenant que je sais quelques petites choses sur vous et ce qui va vous aider à retourner dans votre époque, je pourrais faire en sorte que vous n’y retourniez jamais !!
Mais de quoi avons-nous besoin pour retourner à notre époque ?!
Je ne vous le dirai jamais, elle viendra à vous toute seule.
Il vous fixe puis s’éloigne.
Il est étrange... Mais bon, il faut retourner dans notre époque, mais nous ne savons toujours pas comment …
Il a dit que ça viendra à nous.
Et vous continuez votre chemin dans le musée. Vous trouvez une exposition sur les anciens artistes du XXIème siècle mais aussi sur les nouveaux artistes : l’un s’appelle Léonard Dali qui est un descendant de S.Dali.
Lucrèce et toi entendez une petite musique de fond :
Formidable, foooormidable, avant c’était formidable, formidable, fooormidable.
Tu fermes malgré toi les yeux, en repensant à cette chanson, la préférée de Léonard. Ton esprit divague. Tu les rouvres et regardes autour de toi. Tu aperçois le tableau . Tu es dans la salle de restaurant de tes parents, rien a bougé, tout est comme avant … tu es revenue à ton époque et tu cries : maman, papa, je suis là comme pour te rassurer. A ce moment-là, tu t’aperçois qu’il y a quelqu’un auprès de toi, c’est Lucrèce ! Tu te précipites et la serres fort dans tes bras ensemble vous sautez de joie. Tes parents soulagés courent vers toi : Mais où étais-tu passée ? Qui est avec toi ?
Tu racontes ton voyages dans le passé et le futur, tes parents commencent à regarder Lucrèce bizarrement . -
Prisonnière du passé
21 novembre 2016, par Collège Laurent Mourguet , Collège Laurent MourguetL’homme s’approche toujours, lui aussi il est habillé comme dans ton livre de latin.
– Je suppose que vous êtes Lucrèce ?
Il te dévisage avec insistance.
Gênée, tu baisses les yeux et tournes les talons.
– J’ai déjà vu une statue de vous. Je suis venu vous apporter ceci.
Te faire passer pour Lucrèce était une bonne idée, il te prend vraiment pour elle. Tu
regardes ce qu’il te tend et avec surprise, tu te rends compte que c’est le même tableau
que celui de l’antiquaire au sujet duquel tu as fait des recherches à l’école des Beaux-Arts.
Tu ne peux pas en détacher tes yeux, perturbée.
Le messager s’en va. Au tournant de la rue, il s’est volatilisé.Tu jettes un coup d’œil au
tableau ; un personnage a disparu.
Tu regardes autour de toi Rome.Tu te sens seule et perdue. Les larmes te montent aux
yeux.
Soudain, quelqu’un pose sa main sur ton épaule, tu sursautes, observes avec
étonnement que cette personne ressemble à ton ami Léonard. Serait-ce possible ? Tu ne
comprends pas ce qu’il t’arrive, tu trembles de peur. Tes jambes fléchissent, tes mains
sont moites, ta vue se brouille, les bruits alentour sont assourdis et déformés. Il se
présente à toi comme Tarquin et tu devines qu’il connaît Lucrèce.
– Que se passe-t-il ?
– Je ne suis pas là où je devrais être.
– Ta place est ici Lucrèce, où devrais-tu être ?
Tout à coup la foule te bouscule et tu perds de vue Tarquin. Tu tombes. Les souvenirs te
reviennent : la veille tu étais devant cette toile, la même à quelques détails près. À ce
moment précis, une vieille femme s’en empare et s’enfuit.Tu la poursuis, heurtes ceux qui
se trouvent sur ton chemin, pénètres dans une petite salle encombrée de statuettes à la
suite de la voleuse.
– Ne sois pas surprise Armande !
– Comment connaissez-vous mon nom ?
– Je suis toi dans le passé, tu es moi dans le futur.
– Impossible !
– Avoir traversé un tableau et te retrouver ici, à l’époque de l’Antiquité est-ce plus
probable ?
Elle te montre une tache de naissance en forme de fleur derrière l’oreille. Tu as la même.
Tu le lui décris alors Tarquin dont la vue t’a troublée. Elle esquisse un sourire. Tu
comprends qu’il s’agit de ton ami d’enfance. Tu lui demandes comment il a voyagé dans le
temps.
– Chacun a un alter ego dans le passé ; Léonard a demandé jadis à un artiste d’exécuter
une œuvre pour traverser les époques.
Tu lui racontes ta fascination pour un tableau que Léonard et toi avez vu chez un
antiquaire près du restaurant de tes parents,l’Alsace.
– Léonard disait que le personnage qui était représenté me ressemblait énormément. Alors
je m’en suis rapprochée et puis d’un coup je me retrouve ici.
La vieille femme apporte le tableau dérobé et le met en face de toi.
– Il ne faut pas que tu restes ici : cela pourrait changer l’avenir. Pars vite, traverse ce
tableau.
Tu t’approches de la toile. Comment est-il possible de traverser un tableau ? Ta main
passe à travers, tu fermes les yeux, tu es attirée dans le tableau et tu t’évanouis. Tu te
réveilles difficilement et, une fois debout, tu regardes autour de toi. Tu n’es pas dans la
bonne époque.Tu regardes le tableau, Lucrèce a disparu. -
O tempora o mores
29 septembre 2016, par Collège Le Plan du Loup, Collège Le Plan du LoupDans le magasin, l’antiquaire, surpris, te dévisage d’un œil de connaisseur.
Toi, tu ne te soucies pas de l’antiquaire. Tout ce qui t’intéresse, c’est le tableau.
Comment est-ce possible ? Quelle était cette femme, pourquoi te ressemble-t-elle ?
Léonard est là avec toi et cela te rassure. Après "sa surprise", tu t’es sentie mal toute la soirée, incapable de te concentrer ni au cours de piano ni pour faire tes devoirs. Ton professeur de piano n’a pas apprécié ta façon de jouer et ton manque d’attention. Il faut espérer qu’il n’appelle pas tes parents pour se plaindre de toi.
Léonard te pose la main sur l’épaule.
Armande, viens, on va questionner l’antiquaire.
L’homme est toujours là, debout, t’observant comme l’un des objets qui l’entourent.
Léonard s’approche.
Bonjour Monsieur, pouvez-vous nous renseigner sur ce tableau s’il vous plaît ?
Bonjour, les enfants, j’ai bien compris que cette toile vous intéresse.
L’homme est petit, maigre, âgé mais sa voix est grave et rassurante. Il se dégage de son visage de la gentillesse.
Que voulez-vous savoir ?
Encore trop perturbée, tu laisses Léonard prendre les choses en main.
Pouvez-vous nous dire qui est cette femme ?
L’antiquaire prend le tableau et le pose sur la table, près de vous. Il approche deux chaises et vous invite à vous asseoir., puis s’installe à son tour dans un fauteuil usé.
C’est une triste et très ancienne histoire, mes enfants.
Comme un grand-père à ses petits-enfants, l’antiquaire vous raconte le récit de Lucrèce, dame romaine renommée pour sa beauté et sa vertu. Un des fils du roi en tomba amoureux et la viola. Lucrèce en informa son père et son mari, réclama vengeance et se suicida avec un couteau. Le peuple romain en apprenant la nouvelle se révolta et le fils du roi fut chassé de Rome.
Léonard et toi échangez un regard. Une bien triste histoire, en effet.
Des siècles vous séparent Lucrèce et toi.
Les mêmes cheveux longs et bouclés, les tiens sont un peu plus blonds, ce même regard un peu triste, lointain qui parfois fait que l’on te demande si tout va bien. Ce même teint clair et rose aux joues.
Tu te vois en elle presque comme dans un miroir, si proches mais si différentes aussi.
Jeune fille, la ressemblance est frappante n’est-ce pas ?
Armande, c’es dingue non, cette histoire ? Tu es le sosie d’un personnage légendaire !
Tu ne sais pas comment réagir, te réjouir comme Léonard ou regretter le destin tragique de ton double. Le carillon de la porte du magasin te ramène à la réalité. Le vieil homme se lève pour accueillir les clients.
Ca va, Armande ?
Il est temps de partir.Tu rentres chez toi après deux heures passées à jouer du piano avec Mme Dumont.
Ton pied passe la porte de la cuisine et tu entends ta mère qui te parle. Comme d’habitude tu n’écoutes pas car tu penses qu’elle est au téléphone.
Armande ! Tu m’écoutes ? Le conservatoire m’a téléphoné, tu as encore été en retard !
Tu grognes et prends un verre de jus d’orange sur la table.
C’est encore à cause de Léonard, c’est ça ?
Sans dire un mot, ton regard dévisage celui de ta mère et tu montes dans ta caverne en haut des escaliers. Tu y retrouves tes cactus et tes vieilles antiquités que ta mère a plus d’une fois essayé de jeter. Tes collections de toutes sortes d’objets, tu y tiens, c’est vintage, il paraît.
Le lendemain, tu ne peux pas t’en empêcher, juste avant ton cours d’équitation, tu y retournes. Léonard t’accompagne, bien sûr, vous êtes inséparables.
En entrant, tu salues l’antiquaire qui te regarde, à la fois chaleureux et menaçant.
Je suis venue pour le tableau.
Tu expliques mal à l’aise.
Ce n’est pas un musée ici….enfin bon, vas-y.
Tu t’approches, fascinée par les traits si semblables aux tiens. Lucrèce te fixe d’un regard si perçant que tu en es gênée. Léonard est à côté de toi, il mange une part de brownie.
Che chavais que cha te plai’ais.
Tu tournes la tête vers lui et tu lui souris. Pas de surprise, Léonard te connais par cœur.
Soudain, tu remarques quelque chose, tu regardes le tableau, pendant un instant, tu as cru que Lucrèce avait bougé. Tu secoues la tête, ce n’est pas possible.
Mais, cette impression persiste, curieuse, tu t’approches. Tu te demandes si l’antiquaire serait fâché si tu le touchais. La toile à l’air douce, tu avances la main, comme hypnotisée.
Alors que tu effleures la peinture de tes doigts, tu as d’un coup l’impression que tout s’embrouille. Le monde tourne, tourne, tu ne sais plus où tu es. Désespérée, tu t’agrippes au tableau, puis il y a un éclair et tout disparaît.
Une seconde plus tard, tu ouvres les yeux. Tu regardes la boutique de l’antiquaire, qui te semble un peu floue. Tu vois Léonard secouer la tête, comme s’il cherchait quelqu’un. Tu veux parler, mais au moment où tu prononces ta phrase, tu es attirée en arrière. La boutique tient dans un cadre de tableau, le reste est noir, le tableau rétrécit, rétrécit, tu agites les bras, tu cries, mais aucun son ne sort de ta bouche.
Puis tu t’arrêtes, tu entends un bruit derrière toi, tu te retournes. Il y a une jeune femme qui t’observe.
Où suis-je ?
Tu es perdue et paniquée.
Je ne sais pas, moi j’étais chez l’antiquaire et ….
La jeune femme t’interrompt, elle est jolie, tu lui ressembles comme deux gouttes d’eau.
Je m’appelle Lucrèce.
Elle parle latin. Tu n’y crois pas, mais tu n’as pas vraiment le choix, après tout, tu es dans un tableau.
Ce n’est pas possible, souffle une voix dans ton esprit, mais tu préfères l’ignorer.
Soudain, tu es de nouveau tirée en arrière, Lucrèce est tirée en avant, elle crie, toi aussi.
Il y a un éclair, tu ouvres les yeux, priant pour être de retour chez l’antiquaire.
Mais tu n’y es pas, tu es devant une grande statue et un palais immense. Un homme s’approche de toi, tu te rends compte que tu es habillée d’une toge.
Dites-moi que ce n’est pas vrai.
Tu pries.
Mais l’homme s’approche toujours, lui aussi il est habillé comme dans ton livre de latin.
Je suppose que vous êtes Lucrèce ? -
1/ La jumelle d’une autre époque
29 septembre 2016, par Violaine SchwartzDingue ! C’est qui ? C’est moi ?
Ton visage sort de l’ombre, il accroche la lumière. De trois-quart profil, tu es coupée au niveau de la poitrine par le bois de l’encadrement. Tes cheveux châtains sont noués en chignon bas, quelques mèches plus claires donnent du relief à ta coiffure. Tu es drapée dans une étole grise, irisée de blanc. Tu as un peu de rose aux joues, le même que sur tes lèvres rebondies, une pointe de bleu pour pâlir ta peau, quelques gouttes de sang sur la gorge, une éraflure au dessus de la clavicule.
Truc de ouf, j’y crois pas.
Le reste de la composition est cendré, marron, beige, tabac, couleurs d’automne. Tu tiens un grand couteau dans ta main gauche, si grand que la pointe de la lame s’enfonce dans l’or du cadre. Tu as une boucle d’oreille, un anneau serti d’une perle, comme un éclat sur ta nuque.
Léonard, j’ai la même à la maison. Exactement la même, je te dis ! C’était à ma grand-mère. Comment c’est possible ? Qu’est-ce qu’il y a écrit sur l’étiquette ?
Tableau caravagesque napolitain du XVII siècle.
C’est quoi caravagesque ?
J’en sais rien.
Ça doit être un truc en rapport avec les ravages. Un truc qui ravage quoi. Qui ravage grave de grave.
Tu t’assieds sur le bord du trottoir, les jambes en coton tout à coup. Tu te pinces le bras, tu sens parfaitement la pression de tes doigts sur ta peau, donc tu ne rêves pas. Tu es bien là, en chair et en os, face à toi, en peinture. Léonard pousse la porte de la boutique.
Je vais demander le prix, tu ne veux pas savoir combien tu coûtes ?
Très drôle
Fais pas cette tête. C’est pas un drame, quand même.
Tu te lèves pour le suivre, mais aussitôt tu te rassieds, puis tu te relèves, puis tu te rassieds, tu ne sais pas quoi faire de toi, tu as peur de te montrer au marchand d’art, qu’est-ce qu’il va dire quand il va découvrir ton visage ?
Venez-là, mademoiselle, que je vous accroche dans ma vitrine ! Venez-là que je vous encadre !
Quelle horreur !
Tu jettes un œil en douce dans le désordre de la boutique. La gazelle empaillée te regarde fixement, de ses pupilles étoilées. Léonard te fait des signes pour que tu le rejoignes à l’intérieur.
Tu prends ton courage à deux mains, tu pousses la porte d’entrée.
En effet, dit le brocanteur, vous avez raison jeune homme, c’est étonnant, c’est Lucrèce en personne.
Luquoi ?
Lucrèce. Enfin, ce n’est pas Lucrèce, bien-sûr. Va savoir comment était la vraie Lucrèce. Ce que vous voyez sur ce tableau, n’est ce pas, très original, très sobre, d’habitude, on la montre en train de se poignarder le cœur, ce que vous voyez donc, ce n’est pas la vraie Lucrèce, bien entendu, c’est un modèle déguisée en Lucrèce. Une jeune fille italienne du XVIIè siècle qui devait arrondir ses fins de mois en posant dans les ateliers de peinture. Vous posez, vous aussi, mademoiselle ?
Non, monsieur.
Vous devriez. C’est la meilleure méthode pour devenir immortel, et qui n’en rêve pas, n’est ce pas ?
Il te dévisage d’un œil de connaisseur derrière ses lunettes rondes, comme si tu étais une chose, ce n’est pas très agréable. Il est un peu bossu, mais très élégant, vêtu de noir, les mains couvertes de bagues.
Brusquement, il se dirige vers une lampe en forme de globe terrestre, posée sur un tapis persan.
Savez-vous que, selon une légende populaire, nous avons sept sosies de par le monde ?
D’un geste délicat, il fait lentement tourner le globe sur lui-même. Comme par magie, il s’illumine de l’intérieur, sous tes yeux ébahis.
Nous sommes actuellement sept milliards d’êtres humains sur la vaste terre, ce qui nous fait, si je ne m’abuse, un sosie par milliards d’habitants, voilà un calcul simple, mais si l’on rajoute à cette base la notion du temps, n’est ce pas, nous sommes au XXI ème siècle, donc 21 divisé par 7, ça nous fait un sosie tous les trois siècles. Donc, au travail, mademoiselle, il ne vous en reste plus que six à trouver, c’est formidable !
Il coûte combien, le tableau ? Se risque soudain à demander Léonard.
Une bagatelle. 6800 euros.
Il est hors de question que ce tableau t’échappe. Tu le veux. De toutes tes forces.
Papa, prête-moi un peu d’argent. Je t’en supplie. C’est très important.
Tu sauras le convaincre. Tu trouveras les mots nécessaires. Ne t’inquiète pas. Tu arrives toujours à le mettre dans ta poche.
Et soudain, tu te souviens de ton cours de piano, vite, vite, tu bégayes un revoir à l’antiquaire, tu fais une bise à Léonard.
Je me sauve, à demain.
Tu cours le long du parc Monceau, double croche, double croche, tu descends la rue du faubourg Saint-Honoré, triolet, noire pointée, voilà enfin le Conservatoire Camille Saint-Saens, tu montes l’escalier Ravel, tu pousses la porte de la salle Debussy.
C’est à cette heure-ci que vous arrivez ? Je vous écoute. J’espère que vous avez progressé depuis la dernière fois.
Tu massacres allègrement ton Nocturne de Chopin.