Tu viens enfin de te rendre compte qu’Isabella t’a vraiment manipulée... C’est difficile de réaliser que tu n’as été qu’un pantin facile à manier alors que toi tu lui faisais confiance. Elle compte voler le tableau de Lucrèce, il faut que tu l’en empêches, mais pas seulement en la livrant à la police, tu n’as aucune preuve, ils ne te croiront pas ! Comment pourrais-tu leur expliquer en baragouinant italien qu’Isabella, une jeune fille tout ce qu’il y a de plus normal, prépare un coup en manipulant deux adolescents de 3ème pour voler un tableau ? C’est toi qu’ils enfermeraient chez les fous ! Il faut que tu trouves une idée et vite.
Tu décides de faire semblant d’être encore sous son emprise pour enregistrer avec ton téléphone portable les instructions précises qu’elle te donnera pour le vol et ensuite tu iras la livrer à la police. Tu mets en route l’enregistrement et tu entres dans la pièce où Isabella t’attend, Léonard est à côté d’elle, tu te demandes s’il a compris qu’il se faisait manipuler. Elle ne se doute de rien, elle vous regarde dans les yeux comme si elle vous jetait un sort maléfique.
Enfin elle commence à parler.
Quand elle a fini de donner ses instructions tu sors de la pièce, tu n’attends pas Léonard qui est collé à cette sorcière, tu annonces simplement que tu te rends au musée. Tu te dépêches, tu as repéré à l’avance l’emplacement du commissariat, c’est environ à dix minutes à pied.
Arrivée là-bas tu t’adresses au policier de l’accueil, il te regarde d’un air intrigué, depuis hier tu t’entraînes à expliquer en italien ton histoire. Tu ne t’en sors pas trop mal, il a à peu près compris et perçu la gravité des choses dans ce que tu lui as raconté. Il te demande si tu es une touriste, d’où tu viens, ton nom, ton prénom, ton âge et note au fur et à mesure. Il te fait patienter, tu t’assois sur une chaise inconfortable, à ce moment-là tu ne sais absolument pas ce qui va arriver.
Quelques minutes plus tard la porte s’ouvre, tu lèves les yeux, le policier est revenu accompagné d’un homme brun, plutôt petit, il te dit bonjour, bizarrement tu n’es pas surprise d’entendre parler français. Tu lui réponds par un petit "bonjour" timide.
« Je m’appelle Giovanni, je suis traducteur français, mon collègue m’a appelé pour traduire ce que tu nous as confié. Je vais te poser quelques questions : ce que tu as raconté est sérieux n’est-ce pas ? »
Vous passez un long moment à discuter, tu leur fais écouter l’enregistrement. Tu restes au commissariat pendant que deux policiers vont chercher Isabella et Léonard qu’ils ramènent de force. Léonard s’assoit près de toi tandis qu’ils entraînent Isabelle qui te jette un regard noir.
Vous restez dans la petite salle d’attente pendant l’interrogatoire, les minutes te paraissent des heures, et Léonard s’est endormi, comme anesthésié. Soudain tu entends un grand bruit, tu cours, regardes par la porte vitrée et vois Isabella munie d’un pistolet. Les policiers se mettent autour d’elle, armés. Elle ferme les yeux et dit :
« Moi, Lucrèce Borgia, je suis une femme honorable, morte en déesse pour sauver mon honneur d’épouse fidèle mais aujourd’hui je vois qu’on me donne l’image d’une femme qui a mis fin à ses jours d’un geste désespéré, alors que je mérite l’image d’une héroïne ! Beaucoup ne me connaissent même pas, je ne supporte plus cette idée. »
Elle braque en premier son arme sur la tête d’un policier, le groupe d’hommes armés s’agite, ils sont tous prêts à lui tirer dessus, comme si une balle ne suffisait pas, mais elle braque son arme sur sa tempe.
« Je pars cette fois-ci, dignement, avec l’image d’héroïne que je mérite »
Un coup de feu retentit, Léonard se redresse. Tu viens de voir une femme mourir, tu restes sans voix.
Le lendemain tu te réveilles dans une chambre d’hôtel avec Léonard enfin libéré d’Isabella. Hier soir Giovanni s’est occupé de vous, il a prévenu vos parents qui ont sauté dans le premier avion pour Naples. Tu lui demandes comment Isabella a pu se procurer une arme. Il t’expliques qu’elle a réussi à endormir la vigilance d’un policier par la seule force de son regard et lui a pris son pistolet. Il ajoute qu’elle était attinte d’un trouble de la personnalité profond : elle se prenait pour Lucrèce Borgia. Tu décides de lâcher ton enquête, consciente de la situation dans laquelle tu aurais pu te trouver si les choses avaient encore plus mal tourné. Demain tu retrouveras tes parents, tu seras tellement soulagée de les revoir, et tu rentreras en France.