C’est un homme de grande taille, avec un appareil photo. Il est vêtu de noir et a l’air suspect. Il porte un badge avec le logo France 3 et tient un carnet à la main. Il s’approche d’elle et lui demande la raison pour laquelle elle veut sauver cet immeuble.
Elle répond qu’elle a vécu dans le quartier du Panier depuis sa naissance et que ses voisins et elle-même ont organisé une manifestation avec le slogan « Détruire notre immeuble, c’est nous détruire ».
Suite à la diffusion d’un reportage réalisé par le journaliste, le maire et les députés viennent à la rencontre des manifestants pour expliquer pourquoi l’immeuble va finalement être détruit : le rénover et le remettre aux normes en vigueur coûterait plus cher que de le démolir et d’en construire un nouveau. « Le quartier doit devenir moderne », leur expliquent-ils.
Le lendemain matin, Rose remarque que sur chaque porte de l’immeuble est placardée une affiche qui avertit les locataires qu’ils ont un délai d’une semaine pour quitter les lieux et trouver un nouveau logement. Le maire y a apposé sa signature.
Sous le choc, Rose prévient sa famille et tous les habitants..
De retour chez elle, elle aperçoit, de la fenêtre de son salon, des bulldozers garés non loin en prévision de la démolition prochaine. Ne sachant plus quoi faire, elle se rend chez Simone et fond en larmes dans ses bras. Elle lui dit qu’elle ne veut pas vivre loin d’elle. Même si elle essaie de réconforter Rose, Simone partage largement sa peine.
Rose sort de l’immeuble pour se changer les idées, elle rencontre une nouvelle fois le journaliste qui prenait des photos. Il lui explique qu’il est vraiment désolé et qu’il aurait aimé faire plus pour les habitants de l’immeuble mais qu’il n’a malheureusement pas d’autres moyens d’action.
Rose, déçue, mais déterminée à aller jusqu’au bout, décide d’imprimer des feuilles pour que chacun puisse s’inscrire à une manifestation. Elle va afficher ses documents un peu partout sur les boites aux lettres. Deux jours plus tard, elle constate que seule Simone s’est inscrite, les autres semblent s’être résignés. Elle va rendre visite à son amie pour la remercier de son aide, de son soutien. Rose essaie de se convaincre qu’elle n’a pas abandonné, qu’elle a tout essayé mais que certaines choses la dépassent encore. Rose et Simone passent ensemble une belle journée et essaient de rester positives même s’il leur en coûte.
Quelques jours plus tard, Rose prépare ses bagages et s’apprête à quitter le Panier avec ses parents pour découvrir leur nouvel appartement.
Trois heures après leur départ, les bulldozers s’attaquent à l’immeuble. La jeune fille comprend à quel point il est difficile de s’opposer à un projet, qu’il faut parfois accepter les expériences douloureuses pour mieux continuer après. Elle doit maintenant regarder l’avenir. Un nouveau départ s’annonce. L’ appartement dans lequel Rose et ses parents viennent d’emménager est agréable, elle s’y sent déjà bien.
Peu de temps après, la jeune fille rend visite à Simone, installée dans un autre quartier, elle aussi. Elles décident d’aller ensemble visiter le nouveau musée qui va être inauguré en ville. Rose constate avec joie et surprise que la tête de Mundurucu y a été transférée. Comme elle, elle a changé de domicile, mais cela n’enlève rien à sa beauté, à son identité. N’est-ce pas en essuyant quelques échecs que l’on finit par mûrir, se construire et avancer dans la vie ? se dit alors Rose.
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histoire 11
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Ce que grandir veut dire
27 janvier 2016, par Collège Faubert, Collège Faubert -
Esperanza
15 décembre 2015, par Collège Les Iris, Collège ValdoRose regarde les policiers passer, elle est assise avec ses voisins sur les bancs du commissariat. Mais comment en sont-ils arrivés là ? Le sitting qu’ils avaient organisé lui semblait pourtant une bonne idée. Douze heures auparavant, ils étaient tous alignés, bloquant les accès de l’immeuble. Rose, Simone et les habitants du quartier avaient vu l’entreprise de démolition arriver accompagnée des forces de l’ordre. Rose, apeurée, s’était serrée contre Simone qui lui avait dit de ne pas s’inquiéter. Un homme planté devant le bâtiment, avait gribouillé quelques plans sur son carnet.
M. Roger, le voisin du troisième, s’était brutalement levé et n’avait pu retenir son poing. La situation avait dégénéré et voilà comment ils s’étaient retrouvés là. Ils avaient quand même réussi à négocier, la destruction était repoussée au lundi suivant. C’était une petite victoire pour Rose et ses amis. Leur parcours du combattant était loin d’être terminé.
Sortie du commissariat, Rose réfléchit. Sur son chemin, elle aperçoit des panneaux publicitaires, cela lui donne une idée. Le lendemain, Rose et Simone aidées par les voisins et les amis du quartier se divisent en petits groupes pour coller des affiches : « Non à la destruction de notre immeuble ». Grâce à leur motivation, les affiches sont rapidement collées. Rose commence à se sentir fébrile. Il faut dire que le soleil tape fort en ce début d’après-midi. Victime d’une insolation, elle s’évanouit. Lorsqu’elle reprend ses esprits, elle aperçoit un visage inconnu.
– Vous allez bien ? lui demande une jeune femme
– Oui, merci, répond timidement Rose en ramassant quelques affiches à ses pieds.
– Vous savez, j’ai remarqué vos affiches, affirme la jeune femme et j’aimerais vous aider.
– Mais comment ? demande Rose
– Je m’appelle Manuela Lopez, je suis artiste et je réalise des fresques murales.
Rose lui résume ses dernières semaines. Manuela lui dit qu’elle peint sur les trottoirs de sa ville, Madrid. L’artiste rajoute qu’elle aime mettre son art au service d’une cause et rapidement lui expose son idée : réaliser un trompe-l’œil sur la façade de l’immeuble. Rose, le cœur haletant, écoute attentivement. Elle est enchantée. C’est certain, grâce à Manuela et à son talent, leur immeuble sera sauvé.
Le lendemain, tout le monde est là, plus déterminé que jamais. L’artiste montre les plans qu’elle a réalisés. Chacun apporte sa touche personnelle. Après les modifications, tous sont d’accord. D’un côté, on pourra voir une boule de démolition, de l’autre, l’immeuble représenté avec des photos des habitants insérées dans des fenêtres, accompagnées du slogan : « Détruire notre immeuble, c’est nous détruire ».
Il faut maintenant se mettre au travail. Les habitants sont subjugués par le talent et la rapidité d’exécution de Manuela. En effet, la fresque prend forme en moins de trois jours.
Un homme étrange s’arrête devant l’immeuble. Il le regarde intensément, plonge sa main dans sa sacoche et sort un appareil photo. Il mitraille l’ensemble de la fresque. Un curieux ou un journaliste ? -
Cohésion
16 novembre 2015, par Collège André Lassagne, Collège André Lassagne, Collège André LassagneRose et Simone préparent le discours qu’elles vont présenter lors du sitting qu’elles ont décidé d’organiser. En sortant, Rose est contente mais redoute la réaction de ses parents qui rêvent de déménager ! La jeune fille décide d’en parler d’abord à sa soeur. Elle la croise justement dans les escaliers :
– Salut Mia, je peux te parler ?
– Oui, bien sûr.
– Que dirais-tu si je faisais un sitting avec Simone ? demande Rose hésitante.
– Pour quoi faire ? rétorque l’intéressée du tac au tac.
– Eh bien avec la voisine, on ne veut pas déménager. On aime cet endroit, alors on a décidé de manifester notre mécontentement après-demain.
Mia reste sans voix.
– Alors, chuchote Rose, tu en penses quoi ?
– Je… je ne sais pas. Je… j’y vais, on en discutera plus tard.
Sur ce, elle part aussi vite qu’elle est arrivée. Rose se demande si c’était vraiment une bonne idée de lui en parler. Imaginons qu’elle en parle aux parents sans que ceux-ci aient entendu sa version, son avis...
Plus tard dans la soirée, ses parents l’apostrophent :
– Qu’est-ce que c’est que cette histoire de SITTING avec la voisine ! Cette folle n’a plus toute sa tête ! Emmener une gamine pour manifester ! Tout ça pour ne pas déménager ! Ecoute-moi bien, s’écrie son père, on va déménager et tu seras la première à partir : tu n’auras pas le temps de faire ton foutu sitting !"
Les mots blessent Rose comme jamais et elle part en courant tandis que le flot de paroles abominables continue. Elle fait son sac, claque la porte et se réfugie chez Simone qui l’accueille dans ses bras. La jeune fille pleure à chaudes larmes. Elle hésite entre obéir à ses parents et se rebeller pour ce qu’elle trouve juste et qu’elle veut défendre. Elle décide que son sitting,elle le fera !
Le lendemain, elle peaufine son discours et évite ses parents.
Le jour tant attendu arrive enfin ! Le matin, Rose et Simone rassemblent les banderoles et partent. Juste avant d’arriver, Rose prend une grande inspiration.
En regardant autour d’elle, elle voit des visages familiers, d’autres inconnus, des personnes plus âgées mais tous sont réunis pour défendre la même idée : garder l’immeuble qui leur est si cher !
Le sitting attire beaucoup de monde : voir cette cinquantaine de personnes assises sur les pavés vieillis de la ville est impressionnant. En face du musée, les habitations aux briques rouge délavé ne sont plus le centre d’attention des passants.Une petite foule,attroupée près de la fontaine aux pierres usées par le temps et à l’eau toujours aussi claire qui coule continuellement, observe tous ces gens assis, pancartes à la main, mégaphone allumé, diffusant des messages forts pour garder cet immeuble dans le quartier qui est le leur !
Bien que la vie continue autour, les passants pressés courent, les enfants jouent, certains promènent leur chien mais Rose sent au fond d’elle que ce sitting est utile et ne laisse personne indifférent. Elle espère que leur résistance provoquera un déclic.
La place remplie, Rose se lève aux côtés de Simone. C’est le moment de faire partager le discours qu’elles ont préparé avec soin. Le stress se lit sur les traits de la jeune fille
à la vue de tous ces visages, tous ces regards et bouches immobiles qui se trouvent face à elle.
Au contraire, Simone est sûre d’elle, telle une guerrière malgré son âge. Dans ses yeux se lit l’espoir. L’espoir que cet attroupement ne sera pas vain et sauvera leur immeuble qui, dès ses premières années à Marseille, l’a hébergée. -
Résistance
23 septembre 2015, par Joy SormanRose a décidé de prendre les choses en main, de mener à bien ce projet de fête – elle sait que personne ne le fera à sa place -, et pour y parvenir elle doit réunir la somme nécessaire à l’achat des boissons et de la pièce montée, des décorations et des gobelets en plastique, des paquets de chips et des bougies, puis convaincre des musiciens du quartier de venir jouer gratuitement, et enfin trouver des chaises pliantes et des tabourets, des planches et des tréteaux, une belle nappe aussi.
Rose frappe à toutes les portes de l’immeuble, demande une participation, un peu d’argent – ses parents lui ont déjà donné 20 euros -, ou un coup de main. Le célibataire du rez-de-chaussée donne 7 euros, la famille du deuxième étage 10, l’étudiante du troisième 5, le couple du dernier étage 15 euros et deux cubis de vin rouge pour préparer la sangria.
Puis Rose se présente chez Madame Flanchet, la doyenne des lieux, une veuve qui a fui son Nord natal pour rejoindre la lumière de Marseille, retrouver un peu de joie de vivre.
Quand la vieille dame ouvre la porte, Rose remarque tout de suite ses yeux rougis, ses cernes un peu plus creusés que d’habitude, sa mine pâle, défaite – qu’est ce qui se passe Madame Flanchet ? ça n’a pas l’air d’aller, vous êtes malade ?
Simone Flanchet, veuve Gabard, vient de recevoir elle aussi son courrier de relogement, une lettre officielle, envoyée en recommandé, qui lui promet un magnifique deux-pièces dans une résidence sociale sur les hauteurs de Marseille, près de la Bonne Mère, une résidence moderne offrant une multitude de services aux personnes âgées - lingerie, livraison des courses, assistance médicale et administrative. Mais, pour Simone Flanchet comme pour Rose, cette lettre n’annonce rien d’autre qu’un exil forcé.
Rose, je ne veux pas partir, j’en mourrais, j’ai quitté Roubaix pour le Panier, et je veux finir ma vie ici, entre ces murs, hors de question qu’on me déracine à nouveau, je suis une vieille plante fragile qui ne supportera pas d’être rempotée ailleurs, surtout là-haut à Notre-Dame de la Garde, avec mes vieilles cannes qui me portent à peine, je ne pourrai même plus descendre au port.
Pour Simone, quitter Le Panier où elle a ses habitudes serait une catastrophe – elle connaît tous les commerçants du quartier, qui lui font crédit, des voisins l’aident à porter ses sacs, les gamins lui sourient, la saluent, même s’ils se moquent dès qu’elle a le dos tourné – v’là la folle aux pigeons -, et chaque matin à 9 heures elle boit son café crème au Balto du coin, toujours assise à la même place, perchée sur un tabouret de bar qui lui est réservé et que personne ne s’aviserait de lui prendre - autant de repères, autant de joies, et dérégler ce quotidien l’anéantirait.
Au moins vous aurez une belle vue de là-haut Madame Flanchet - Rose tente de la rassurer mais le coeur n’y est pas.
Je m’en fous bien de la vue, toutes façons je suis à moitié aveugle, ce qui fonctionne le mieux chez moi c’est l’oreille, alors je veux continuer à entendre le cri des mouettes et le roucoulement des pigeons qui viennent se poser sur le rebord de ma fenêtre - c’est la seule chose qui m’importe.
Simone Flanchet est connue dans tout le quartier pour son amour des pigeons, qu’elle tente d’apprivoiser, de dresser comme des animaux domestiques, qu’elle engraisse avec des quignons de pains rassis - et aujourd’hui c’est un gros pigeon aux plumes mitées qui vaque dans la pièce, indifférent à la présence de Rose, cherchant frénétiquement quelque chose à picorer entre les lattes du parquet.
Rose, j’ai décidé d’entrer en résistance ! A mon âge on n’a plus rien à perdre, et qu’est ce qui nous reste à nous les vieux pour exister, pour se faire entendre ? Ils s’attendent tellement à ce qu’on ne pose plus de problèmes, à ce qu’on dise oui à tout comme des moutons, bien sages, en silence et en rang, mais moi je vais dire non ! On ne me délogera pas, j’habite ici et j’y resterai jusqu’à mon dernier souffle, je suis prête à tout, et même à faire une grève de la faim !
Simone s’enflamme, et s’enflammant elle retrouve des couleurs, ses yeux sont secs maintenant.
Rose, tu connais l’histoire de Bobby Sands ? Un républicain qui s’est battu pour l’indépendance de l’Irlande du Nord face au Royaume-Uni, un prisonnier politique mort en 1981 après une grève de la faim de 66 jours, et qui est devenu un héros national.
Si Rose aime cette idée de résistance, aime voir Simone Flanchet énergique à nouveau, déterminée, elle se dit aussi que la référence à Bobby Sands est assez malvenue, disproportionnée, et pour tout dire un peu inquiétante. -
Quitter le panier
21 septembre 2015, par Joy SormanLe quartier est en rénovation depuis plusieurs années, ses bâtiments vétustes, rongés par le salpêtre, souvent habités par des familles modestes ou pauvres, sont peu à peu réhabilités, et c’est au tour de l’immeuble de Rose. Sa famille vit à 5 dans 45m2, les infiltrations d’eau dans les murs font cloquer la peinture, le parquet gondole, quelques cafards courent le long du tuyau de la gazinière, la douche, couverte de moisissures, fuit en permanence, les murs sont si fins que le moindre bruit les traverse, les fenêtres ferment mal et un carreau cassé a été remplacé par un morceau de bâche bleue, les boîtes aux lettres n’ont plus de serrures, le digicode est en panne, de drôles d’odeurs acides montent des caves, piquent les yeux, irritent la gorge, une fois Rose a même croisé un rat dans l’escalier, et son petit frère Max est souvent malade à cause des courants d’air, de l’humidité ; pourtant Rose aime son immeuble, l’ambiance conviviale qui y règne, la solidarité entre les habitants, le beau célibataire corse du rez-de-chaussée, la famille nombreuse du deuxième étage, l’étudiante marocaine du troisième, le couple turque du dernier étage, et la vieille dame du Pas-de-Calais venue à Marseille à la mort de son mari pour finir ses jours au soleil.
C’est comme si Rose ne voyait que les bonnes choses, la part solaire et heureuse de l’existence, comme si elle restait étanche à cet environnement hostile et insalubre. A ses yeux, la vie en communauté, fraternelle, gaie, compense largement les difficiles conditions de vie, et puis elle est habituée, elle a toujours vécu là, entre ces murs écaillés, elle ne connaît rien d’autre - et une grande part de sa vie se joue aussi au dehors, dans les rues étroites du Panier, sur le Vieux Port, au collège Jean-Claude Izzo, dans les calanques, et au musée. Bien sûr quand ses parents lui disent c’est dangereux ici, c’est épuisant, et puis tu ne voudrais pas avoir une chambre rien qu’à toi ?, Rose sait bien que le plus raisonnable est de partir avant que le toit ne s’effondre sur leurs têtes. Mais le jour où l’assistante sociale chargée de leur relogement débarque à l’heure du café pour annoncer la grande nouvelle, Rose ne peut réprimer un violent pincement au cœur.
Sa mère, qui vend des vêtements sur les marchés, et son père, couvreur-zingueur intérimaire, travaillent tous les deux au grand air et par tous les temps, sur les places venteuses des villages autour de Marseille, sur des chantiers en hauteur ; ils aiment leur métier mais en vivent difficilement, ont besoin de quiétude et d’un peu de confort quand ils ont passé une journée sous la pluie et dans le mistral. Ce nouvel appartement est un soulagement, un nouveau départ, une trouée heureuse dans une existence rude.
L’assistante sociale est venue avec tous les papiers à signer, le bail et le contrat EDF, des photos du nouveau logement, et même un trousseau de clés. C’est dans le quartier Saint-Just, loin du Port, loin de la Vieille Charité, un immeuble flambant neuf, à la façade couleur crème, aux balcons fleuris, aux grandes baies vitrées, moderne, fonctionnel, confortable, un plateau de 80m2 avec 3 chambres et une cuisine américaine. Rose connaît ce quartier excentré de Marseille, elle y est allée une fois, pour l’anniversaire d’une cousine, elle avait trouvé ça morne, trop calme – et Saint-Just est si loin de la tête Mundurucu.Il lui reste un mois à vivre rue de Beauregard et Rose veut organiser un grand banquet d’adieux, adieux qu’elle espère provisoires, une fête à tous les étages, qui déborde sur le trottoir, avec une fanfare, de la sangria, une pièce montée, et des guirlandes lumineuses sur la façade décrépie. Elle a appris que tous les habitants seraient relogés, dispersés dans la ville, que l’immeuble serait bientôt détruit et un nouveau bâtiment construit à la place, une petite résidence sociale avec des panneaux solaires sur le toit et un local à vélos – elle se dit qu’ils pourront peut-être revenir une fois les travaux achevés, réintégrer les lieux, exercer une sorte de droit au retour, car c’est ici chez eux.