Après une petite minute de réflexion et de correction orthographique Rose s’empressa d’aller au petit port des Yanomami pour glisser sa lettre dans le petit navire au pécheur qui donne les lettres à la ville la plus proche qui les redistribue dans le monde.
Rose aimerait rester plus de temps, apprendre et découvrir une nouvelle culture et ses traditions tout en s’amusant. Et essaye de savoir qui a volé la tête du Mundurucu. Ses parents ne sont pas de son avis. Ils aimeraient qu’elle rentre car ils ne sont pas confiants qu’elle soit chez des inconnus. Mais comme elle est décidée à rester, ils lui laissent une semaine chez les Yanomami. Rose est à la fois contente et excitée.
Malgré tout, elle pense sans cesse à cette malheureuse tête disparue. Elle se pose plein de questions.. Qui ? Pourquoi ?Comment.. ? Ce qui la rend triste !
La déforestation en cours approche dangereusement du village. Rose est allée se renseigner auprès des habitants du village, concernant la catastrophe qui se prépare, les habitants sont très inquiets. Car après tout ils vivent depuis des décennies dans cet endroit qui porte la mémoire du peuple. Cela leur briserait le cœur de quitter leur terre. Rose va faire tout son possible pour éviter la destruction du village, la jeune fille se renseigne sur les différentes espèces d’arbres rares, et les animaux qui y vivent. Si elle découvre une espèce rare en voie de disparition ils n’auront pas le droit de raser la forêt .
A cette occasion, elle fit connaissance avec les jeunes du village. Il y en a un du nom de Jado qui lui plait : il est brun aux yeux bleu azur et aussi intelligent que téméraire. Il semble qu’il ait aussi un petit faible pour Rose. Tous les deux apprennent à se connaître et se plaisaient de plus en plus.
Après l’accident d’avion, sortie d’une courte période de convalescence, le chef avait fait visiter à Rose le village. Sur la route elle avait croisé plusieurs personnes, des hommes et des femmes à moité nus et le chef lui avait expliqué que c’était une tradition chez eux. Le doyen et les villageois avaient alors décidé de faire une fête en son honneur. Ils s’étaient réunis autour d’un feu autour duquel certains dansaient, d’autres chantaient. Il y avait même des cracheurs de feu. Rose leur avait posé des tonnes de questions dont quelque unes étaient restées incomprises par le chef et par les traducteurs.
Rose aimait évoquer ces souvenirs, mais il lui fallait pour l’heure se hater de rejoindre le fleuve avant le départ prochain du bateau. Elle fixa donc son départ au lendemain matin. Elle partit dans la forêt. Rose regardait sans cesse de part et d’autre de l’étroit sentier qu’il lui fallait suivre entre l’enchevêtrement des branches. Soudain, il lui sembla entendre un grognement sinistre dans son dos. Affolée et ne cherchant pas à comprendre ce que c’était, elle commença à courir à toute vitesse en hurlant. Elle vit un arbre dont les branches se trouvaient près du sol, ce qui lui permit de grimper. Elle grimpa de branche en branche, se retrouvant à quelques mètres du sol. Cinq secondes plus tard la bête arriva et elle découvrit que c’était une panthère noire. Elle attendit assise sur cette branche, pendant un bon moment, effrayée. L’animal griffait le tronc en grognant de plus en plus fort. Elle se rendit compte qu’il ne partirait pas de si tôt et après un court moment de réflexions, elle décida de monter plus haut à la cime pour se repérer. Elle monta et vit au loin le fameux fleuve, où naviguaient les bateaux donc quelques uns amarrés. Il lui restait encore quelques heures de marche, si l’animal voulait bien l’oublier. Elle décida d’appeler du secours. Elle avait par habitude, gardé son portable sur elle, mais le seul réseau ici valable était celui des lianes. C’est alors qu’elle vit plus qu’elle ne l’entendit l’animal soudain s’écrouler. Et ce qu’elle prit alors pour le grondement du tonnerre fut le dernier souffle de vie de l’animal que Jado achevait d’empoisonner, d’une flèche de sarbacane. Aussitôt elle dévala au bas de l’arbre. Au sol, elle remarqua son portable, tombé à terre près d’ une magnifique orchidée aux pétales noir profond et rouge sang sur la tige. Elle ramassa son portable les yeux toujours attirés par cette fleur si spéciale et si belle, qu’elle prit dans ses mains. Elle mit cette fleur dans ses cheveux en la plaçant sur son oreille droite et reprit sa marche au bras de Jado. Elle ne comprit rien alors de ce que le jeune homme lui disait. Il semblait très fâché qu’elle ait cueilli la fleur et essayait par tous les moyens de lui faire changer de cap. A quelque mètres se dessinaient ce qui semblaient être les restes d’un village.
En s’approchant, elle trouva qu’il faisait sombre. Elle ne voyait même plus ses pieds. Soudain, ils furent plongés dans l’obscurité, la jeune femme se sentit paralysé de peur, le monde était comme mort : plus aucun oiseau ne chantait. Soudain des cris, des cris de terreurs, des cris de guerre, retentirent dans toute la forêt noire, silencieuse quelques minutes plus tôt. Rose avec ses jambes tremblant de peur avança bousculé par divers animaux ou humains qu’elle ne voyait pas. Elle ne comprenait rien à ce qui se passait .Elle était maintenant dans le village et marchait dans de l’eau, était-ce seulement de l’eau ? Rose n’y pensais pas et se dirigea par les cris moins nombreux mais toujours aussi strident et de nouveau comme au début le monde se tut et la lumière revint naturellement. Le spectacle que Rose découvrit alors se grava à jamais dans sa mémoire. Là, devant elle, la tête Mundurucu dansait, comme flottant dans l’air, sur ce qui semblait être une table sacrificielle. Les villageois sortirent peu à peu de tous les recoins du village et s’assemblèrent festivement. Soudain, Rose reconnu le gardien du musée de Marseille, là, devant elle !
Le chef de la tribu laissa le gardien du musée et Rose seuls un moment afin qu’ils parlent.Le gardien lui expliqua alors qu’ il avait volé la tête Mundurucu en raison de cette éclipse. Elle protégeait le village du retour du corps plein de rage à qui avait appartenu cette tête, un corps qui avait disait-on, perdu la raison en perdant la tête. Il l’avait rapportée en entendant les prévisions relatives à l’éclipse. La tête avait protégé le village. Aucun sacrifice humain n’avait été nécessaire.
Il était désormais permis au gardien du musée de rapporter la tête en France, jusqu’à ce que son remplaçant, un jour, ait à faire le même voyage.