Les femmes sont armées. Rose explique qu’elle ne leur veut aucun mal. Les femmes de la tribu baissent leurs armes mais restent sur leurs gardes. Elles emmènent Rose auprès du chef de la tribu. Lorsqu’il aperçoit le crâne de Munduruccu, un mélange de surprise et de peur se lit sur son visage. La mine grave, il dévisage Rose puis se retire. Il s’entretient avec ses conseillers, qui décident de la convoquer. Rose lui raconte son histoire avec le masque. Munduruccu est un ancêtre vénéré. Une cérémonie aura lieu à la tombée de la nuit pour fêter ce retour.
La tribu se prépare. Les femmes vont se laver au lac. Elles couvrent leurs visages de peinture rouge et leurs corps de noir. Elles se coiffent d’accessoires fait de plumes d’oiseaux, mettent des colliers fait de perles. Malgré sa pudeur, Rose se prête au jeu. Les hommes, eux sont pratiquement nus, cachés juste par de la peinture sur le visage et une feuille sur les parties intimes. Lors de la cérémonie, le chef porte une couronne de plumes avec une sorte de robe rouge et blanche. Ils se réunissent ensuite autour d’un grand feu. La jeune marseillaise est mal à l’aise.
La cérémonie terminée, Rose est épuisée. Elle demande où elle peut passer la nuit. La chef lui désigne une cage assez sombre et sale. La jeune fille, dubitative, hésite « Dois-je vraiment dormir là dedans ? Que va-t-il se passer demain ? ». L’espace d’une seconde, elle songe à s’échapper mais cela lui semble impossible ! Si tout le village se mettait à la poursuivre, elle mourrait sur le champ. De plus, survivre de nuit dans la forêt amazonienne est impossible... L’héroïne se laisse conduire à la cage et s’endort alors d’un sommeil paisible...
Dans la nuit, Rose se réveille en sursaut. Des images défilent dans sa tête : il lui semble voir Munduruccu passer une série d’épreuves. Perturbée, elle se rendort difficilement.
Soudain, la fillette entend du bruit. Le soleil l’éblouit. Elle réussit à ouvrir les yeux, et se rend compte qu’elle est entourée des membres de la tribu. Les femmes lui annoncent qu’elle va passer une série d’épreuves. Le chef l’emmène sur le lieu de la première épreuve. On lui tend une grande barre et on la fait monter sur un tronc d’arbre. Un homme monte face à elle. Elle comprend alors que c’est son adversaire et qu’elle va devoir le faire tomber. Elle gagne l’épreuve. Le chef demande alors : « Es-tu avec ou contre nous ? » Soudain elle se rappelle son rêve : Munduruccu passait la même épreuve ! Plusieurs épreuves se déroulent ainsi ; toujours la même phrase, toujours le même schéma : une épreuve, un flash-back, une solution identique à celle choisie par Munduruccu.
On lui annonce enfin l’épreuve finale. Si Rose gagne cette épreuve, elle aura acquis la confiance du peuple. Le maître du jeu s’approche d’elle une seringue à la main. La collégienne perdue, ne sait pas quoi faire. Fuir lui semble totalement impossible. Pas maintenant ! Pas après tous les efforts qu’elle a faits ! Elle doit se battre quitte à risquer sa vie. Alors, Rose se résigne et se laisse conduire vers son destin.
On l’emmène sur une table, et une femme l’attache. Rose ne cherche pas à résister. La femme lui murmure : « Ne t’inquiète pas, tu vas réussir. Lors de la simulation, tu ne seras pas au courant que ce n’est pas réel. » Notre héroïne n’a même pas le temps de répondre, on lui injecte le produit. Elle s’endort.
A son réveil, Rose a changé d’endroit. Il y une table devant elle ainsi qu’une lance et une jeune femme attachée. Alors que le stress commence à monter en elle, une voix retentit : « Tu dois choisir ! Toi, ou elle. » Rose attend le flash-back de Munduruccu. Mais rien. Pour la première fois de sa vie, elle doit faire un choix important. Son choix est clair. Avoir une mort sur la conscience serait pour elle insupportable. D’un mouvement décisif, elle saisit la lance à pleines mains. « Allez Rose », s’encourage-t-elle. Et en pensant à tous ceux qu’elle aime, elle se plante la lance dans le coeur. Il lui semble apercevoir le visage de la mort. Et dans un dernier souffle, elle voit le choix de Munduruccu. Il est mort de la même façon. Puis c’est le néant.
Rose met du temps avant de reprendre ses esprits. Elle ouvre un œil puis l’autre, et se rend compte qu’elle est dans sa chambre, sur son lit. Le crâne a disparu de sa table de nuit. Tout cela n’était qu’un rêve. Jamais elle n’aurait pu s’imaginer capable d’un tel courage. Sa vie lui semblait simple désormais. Elle n’avait plus peur.
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Histoire 5
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Ce que grandir veut dire
27 janvier 2016, par Collège Maria Casarès, Collège Maria Casarès -
4/ Comme un bateau ivre
15 décembre 2015, par Collège André Lassagne, Collège André Lassagne, Collège André LassagnePlus question maintenant de fuguer, il faut songer à mettre le crâne en sécurité. Rose décide de rentrer chez elle, accompagnée de Madame Chamfeuille. Arrivée au pied de l’immeuble, elles se séparent sans un mot.
Assise dans sa chambre, le crâne posé sur son lit, en face d’elle, Rose est songeuse. Elle culpabilise beaucoup de l’avoir volé et se demande ce qu’elle doit faire. Elle décide de faire appel à l’esprit du trophée pour qu’il la guide comme il l’a fait jusque là.
Elle saisit le crâne, l’approche de son visage et le supplie de l’aider . Rien ne se passe, la tête Mundurucu reste inerte, Rose est désespérée et se met à pleurer. Que faire ? Retrouver le musée disparu, envoyer le crâne au Brésil auprès des siens, le garder pour elle ? Les questions tournent dans sa tête...
Épuisée par ces événements, elle s’endort. Son sommeil est agité de songes troublants : des crânes par centaine l’encerclent en une danse macabre rythmée par des tam-tams et des cris stridents, elle s’enfuit pour leur échapper et trouve refuge dans le musée, le seul lieu où elle se sent en sécurité, son havre de paix. Mais le dédale des salles l’oppresse : elle ne trouve plus la sortie et rencontre sans cesse la gardienne, Madame Sauvage, les cheveux hirsutes, les yeux maquillés de noir et drapée dans une peau de jaguar...
Un hurlement de terreur la réveille soudain, son petit frère se tient devant la porte pointant du doigt la tête Mundurucu en lévitation au dessus du lit. Rose tente de se lever pour rassurer Jean-Baptiste lorsqu’elle se sent aspirée par une force surnaturelle,émanant de l’esprit du crâne… Elle disparaît alors sous les yeux ahuris de son frère qui prend ses jambes à son cou…
Au terme d’une chute vertigineuse entre des branches et des lianes enchevêtrées, elle atterrit lourdement sur la rive d’un immense fleuve qu’elle identifie sans peine comme étant l’Amazone. Autour d’elle, des bruissements l’alertent : ce sont des caïmans ! Terrifiée, elle s’enfuit en hurlant, trébuche sur des racines, croit sa dernière heure arrivée quand soudain, elle se sent soulevée du sol par une main vigoureuse. Déboussolée, telle Rimbaud dans le Bateau Ivre, elle a l’impression de perdre la raison. Mais une voix d’homme, puissante, posée et chaleureuse la rassure. Elle se retourne et se trouve nez à nez avec un indigène qui lui rappelle son crâne tant aimé du musée de Marseille dont elle est bien loin. L’homme s’agenouille aussitôt devant elle, se prosterne et prononce des incantations. Interdite, elle s’interroge sur son attitude puis, suivant son regard, elle s’aperçoit qu’elle tient le trophée Mundurucu entre ses mains. Tandis qu’elle le lui tend, il recule de peur de commettre un sacrilège et l’invite à le suivre.
Après avoir marché quelques temps, suivant avec peine son guide à travers la végétation dense et luxuriante, elle entend des chants envoûtants puis aperçoit enfin de petites huttes devant lesquelles jouent des enfants nus qui s’enfuient à son approche.
Un groupe de femmes s’avance vers elle… -
La légende du Mundurucu
16 novembre 2015, par Collège de la Haute Azergues, Collège de la Haute Azergues, Collège de la Haute AzerguesRose est surprise d’entendre la voix du Mundurucu. Elle se demande si elle est folle et se retourne pour regarder si quelqu’un a entendu comme elle. Elle remarque que personne ne semble avoir perçu cette voix soudaine et lointaine. Elle est terrifée et ne sait qu’en penser : déjà profondément surprise d’avoir retrouvé l’oeuvre d’art brésilienne au milieu des peluches "made in China" et autres babioles pour enfants gâtés, voilà maintenant qu’elle croit que la statuette communique avec elle ! C’est sûr, elle a perdu la boule !
Rose reprend ses esprits et observe délicatement la tête Mundurucu qu’elle croit découvrir pour la première fois maintenant qu’elle n’est plus sous sa cloche de verre au musée : là où elle avait toujours vu l’exotisme, la chaleur du lointain Brésil où la végétation est florissante, la pureté du monde incarnée par ce trophée momifié, voilà qu’elle aperçoit désormais son teint cadavérique , ses yeux noirs et lugubres à la forme de coquilles de moules séchées, sa bouche qui semble vomir des cordes et ses cheveux sales, tissés et ornés de plumes jaunâtres. Rose prend son courage à deux mains, respire un bon coup et décide de tendre une deuxième fois la main sur le Mundurucu. Elle n’est pas déçue ! Voilà la bestiole qui recommence à lui parler et qui lui demande de l’aide !
Le crâne explique son histoire : après avoir vécu sa vie d’homme au Brésil et, guerrier confirmé, avoir remporté de nombreuses batailles, il avait sucombé des suites de ses blessures de guerre, il avait été embaumé par un médecin appartenant à l’ethnie Mundurucu et sa dépouille reposait dans la demeure du chef du village, sur les bords de l’Amazone. Il menait une vie paisible dans cette cabane sur pilotis, et son peuple le chérissait tel une mascotte inestimable, jusqu’au jour où, surgissant de nulle part, une horde de chercheurs anthropologues étrangers pilla le village et arracha la tête Mundurucu à son peuple, en dépit des protestations du chef de village. A la suite d’un extravagant voyage, ils le ramenèrent en France et ils s’en débarassèrent pour une modique somme, et le cédèrent à l’ancien directeur de la Vieille Charité, Monsieur Kroza. Depuis, il n’avait pas bougé de son socle de pierre grise et délavée, dans la salle des arts océaniques où il avait été placé et il attendait l’heure de sa délivrance et de sa vengeance. C’est Rose qui allait lui permettre d’assouvir ce désir qui le rongeait depuis si longtemps : retourner dans son pays natal !
Rose regarde longuement le crâne en hésitant. Elle fouille ses poches afin de voir si elle peut l’acheter : il vaut 7 €. Rose ne possède pas cette somme, alors, elle attrape discrètement le trophée Mundurucu et le fourre dans son sac. Elle regarde autour d’elle : personne ne l’a vue. Elle ferme son sac et sort du magasin, suivie de Madame Champfeuille qui la regarde, intriguée, voyant sa nervosité, mais ne dit rien. Rose se sent un peu coupable mais elle se dit que c’est pour la bonne cause.
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L’étrange disparition
21 septembre 2015, par Collège Les Iris, Collège ValdoRose sort du local à vélo et remonte dans son appartement qu’elle va bientôt devoir quitter car, dés le lendemain, tout devra être vidé, les cartons emballés. Rose est attristée par cette sombre nouvelle. Elle part dans sa chambre et réfléchit longuement. En sortant, elle essaie de convaincre ses parents, elle ne comprend pas que ses parents n’aient pas le choix. L’appartement est insalubre mais il doit certainement y avoir une solution.
- Papa , maman : j’ai bien réfléchi, dit-elle. Je ne suis toujours pas d’accord, je ne veux pas quitter le quartier.
– Mais ma chérie on n’a pas le choix. Ce n’est pas nous qui décidons. On est forcé de partir.
– D’accord maman mais on n’est pas obligé de quitter le Panier parce qu’il y a tout ce que j’aime, ici : mes amis, mon école, nos voisins, la gardienne du musée, Madame Sauvage, et surtout la Vieille Charité et la salle des crânes.
– Mais Rose nous n’avons pas les moyens de rester dans le coin.Rose retourne dans sa chambre. Claque la porte, la ferme à clé. Elle prépare alors un sac avec des vêtements et beaucoup de nourriture. La nuit tombe. Elle refuse de manger, ni même de sortir de sa chambre. Le lendemain, elle se lève de bonne heure afin de ranger les affaires qu’il lui reste, déterminée à ne pas quitter son quartier comme ça. L’adolescente espère avoir le temps de retourner au musée de la Charité qu’elle aime tant. Elle se souvient alors de sa première visite au musée, de sa rencontre avec Madame Sauvage, des nombreuses heures passées à contempler les crânes et à écouter les explications de la gardienne. Comment pourrait-elle vivre sans ces cadavres exquis ?
Dix heures sonnent, Rose décide alors de se rendre une dernière fois dans ce lieu qu’elle affectionne particulièrement. En chemin, elle s’arrête dans la boulangerie où elle a l’habitude d’acheter son goûter après le collège. En entrant, elle ressent comme un malaise et remarque que l’affiche présentant le musée de la Charité et qui est là depuis son entrée au collège a disparu et qu’elle a été remplacée par une affiche publicitaire. Son pain au chocolat en main, elle reprend son chemin jusqu’au musée. Arrivée sur place, Rose reste bouche bée. Elle n’en croit pas ses yeux. Que lui arrive-t-il ? Elle se demande si elle est au bon endroit. Comment pourrait-elle se tromper, elle qui pourrait venir ici les yeux fermés ? Elle regarde à droite, à gauche et constate que le musée s’est volatilisé. A la place, se tient un supermarché. Rose ne comprend pas ce qui se passe. Elle interpelle quelques passants qui, tous, sans exception, lui répondent qu’il n’y a jamais eu de musée à cet endroit.
A quelques mètres de là, elle aperçoit Madame Champfeuille, sa voisine de palier, qui a l’air aussi surprise qu’elle. Rose, affolée, s’approche de la vieille dame et balbutie :
– Que …que .. . se passe-t-il Madame Champfeuille ? où....où … est passé... le musée ?
– Je ne sais pas ma petite, je suis aussi étonnée que toi ! S’exclame la vieille dame.
La vieille dame remarque alors que Rose porte un sac de voyage avec elle.
– Où vas-tu comme ça ? Tu ne t’es pas enfuie de chez toi tout de même ?
Rose se met à pleurer.
– Si, je vis très mal l’idée du déménagement, le musée va tellement me manquer.
– Ne pleure pas. Moi aussi, quand j’habitais dans le nord, j’adorais aller à la bibliothèque de mon quartier. Elle avait été construite au XVIII ème siècle. Les livres prenaient trop de place et la bibliothèque ne pouvait plus accueillir tous les lecteurs. La municipalité a alors construit une nouvelle bibliothèque mais ce n’était plus pareil. Je ne retrouvais plus l’envie de lire dans ce nouveau bâtiment.
– Oui, mais là, on a un problème, le musée a disparu. Il était encore là la semaine dernière, j’en suis persuadée, affirme Rose. Pourquoi personne ne se souvient de son existence ?A ce moment précis, Madame Sauvage fait son apparition. Rose l’interpelle et lui fait signe de les rejoindre. Mais Madame Sauvage ne semble pas la reconnaître. Les yeux vides, le visage grave, elle avance sans lui adresser un regard.
Les deux femmes ne comprennent pas. Malgré tout, elles décident d’agir et d’entrer dans le supermarché qui remplace désormais le fameux musée. Madame Champfeuille et Rose se rendent toutes les deux à l’ancien emplacement de la salle des crânes. Et là, au milieu du rayon des jouets, elles aperçoivent le crâne de Mundurucu. Rose tend la main. Et en touchant le crâne elle entend une voix dans le sien.
– Rose, je suis le Mundurucu..... -
Quitter le panier
21 septembre 2015, par Joy SormanLe quartier est en rénovation depuis plusieurs années, ses bâtiments vétustes, rongés par le salpêtre, souvent habités par des familles modestes ou pauvres, sont peu à peu réhabilités, et c’est au tour de l’immeuble de Rose. Sa famille vit à 5 dans 45m2, les infiltrations d’eau dans les murs font cloquer la peinture, le parquet gondole, quelques cafards courent le long du tuyau de la gazinière, la douche, couverte de moisissures, fuit en permanence, les murs sont si fins que le moindre bruit les traverse, les fenêtres ferment mal et un carreau cassé a été remplacé par un morceau de bâche bleue, les boîtes aux lettres n’ont plus de serrures, le digicode est en panne, de drôles d’odeurs acides montent des caves, piquent les yeux, irritent la gorge, une fois Rose a même croisé un rat dans l’escalier, et son petit frère Max est souvent malade à cause des courants d’air, de l’humidité ; pourtant Rose aime son immeuble, l’ambiance conviviale qui y règne, la solidarité entre les habitants, le beau célibataire corse du rez-de-chaussée, la famille nombreuse du deuxième étage, l’étudiante marocaine du troisième, le couple turque du dernier étage, et la vieille dame du Pas-de-Calais venue à Marseille à la mort de son mari pour finir ses jours au soleil.
C’est comme si Rose ne voyait que les bonnes choses, la part solaire et heureuse de l’existence, comme si elle restait étanche à cet environnement hostile et insalubre. A ses yeux, la vie en communauté, fraternelle, gaie, compense largement les difficiles conditions de vie, et puis elle est habituée, elle a toujours vécu là, entre ces murs écaillés, elle ne connaît rien d’autre - et une grande part de sa vie se joue aussi au dehors, dans les rues étroites du Panier, sur le Vieux Port, au collège Jean-Claude Izzo, dans les calanques, et au musée. Bien sûr quand ses parents lui disent c’est dangereux ici, c’est épuisant, et puis tu ne voudrais pas avoir une chambre rien qu’à toi ?, Rose sait bien que le plus raisonnable est de partir avant que le toit ne s’effondre sur leurs têtes. Mais le jour où l’assistante sociale chargée de leur relogement débarque à l’heure du café pour annoncer la grande nouvelle, Rose ne peut réprimer un violent pincement au cœur.
Sa mère, qui vend des vêtements sur les marchés, et son père, couvreur-zingueur intérimaire, travaillent tous les deux au grand air et par tous les temps, sur les places venteuses des villages autour de Marseille, sur des chantiers en hauteur ; ils aiment leur métier mais en vivent difficilement, ont besoin de quiétude et d’un peu de confort quand ils ont passé une journée sous la pluie et dans le mistral. Ce nouvel appartement est un soulagement, un nouveau départ, une trouée heureuse dans une existence rude.
L’assistante sociale est venue avec tous les papiers à signer, le bail et le contrat EDF, des photos du nouveau logement, et même un trousseau de clés. C’est dans le quartier Saint-Just, loin du Port, loin de la Vieille Charité, un immeuble flambant neuf, à la façade couleur crème, aux balcons fleuris, aux grandes baies vitrées, moderne, fonctionnel, confortable, un plateau de 80m2 avec 3 chambres et une cuisine américaine. Rose connaît ce quartier excentré de Marseille, elle y est allée une fois, pour l’anniversaire d’une cousine, elle avait trouvé ça morne, trop calme – et Saint-Just est si loin de la tête Mundurucu.Il lui reste un mois à vivre rue de Beauregard et Rose veut organiser un grand banquet d’adieux, adieux qu’elle espère provisoires, une fête à tous les étages, qui déborde sur le trottoir, avec une fanfare, de la sangria, une pièce montée, et des guirlandes lumineuses sur la façade décrépie. Elle a appris que tous les habitants seraient relogés, dispersés dans la ville, que l’immeuble serait bientôt détruit et un nouveau bâtiment construit à la place, une petite résidence sociale avec des panneaux solaires sur le toit et un local à vélos – elle se dit qu’ils pourront peut-être revenir une fois les travaux achevés, réintégrer les lieux, exercer une sorte de droit au retour, car c’est ici chez eux.