Chère Sephora,
J’espère que tu vas bien. Cela fait trois semaines que je t’ai envoyé ma lettre, mais aucune réponse... Que se passe-t-il ? Je suis vraiment très inquiète ! La semaine dernière, encore, je suis tombée malencontreusement dans les escaliers. J’ai senti quelqu’un me pousser, mais personne à l’horizon. Elle a sûrement dû s’enfuir pendant ma chute. Je ne me sens pas à ma place dans ce pensionnat tout délabré. Mes origines dérangent tout le monde et les moqueries fusent. J’ai le mal du pays, ma famille me manque et le soleil aussi. Je suis désemparée, je n’ai plus le goût de vivre, même les bonnes nouvelles me laissent indifférente. Je reste dans ma chambre toute la journée prétextant une maladie inconnue de ce pays, seule à attendre désespérément l’une de tes lettres. Demande à mes parents pourquoi ils ne me ramènent pas au Cameroun.
J’ai besoin de toi et de leur soutien pour ne pas lâcher prise. Je doute qu’ils tiennent à moi… Te souviens-tu de Marcelin, le garçon que j’avais rencontré juste avant de partir à Paris ? Peux-tu me donner de ses nouvelles ? Il me manque terriblement.
J’espère que tu recevras bien ma lettre et que tu me répondras cette fois-ci.
Bisous
Salomé
Salomé se tenait seule, à l’écart de ses camarades de l’internat, parce qu’elle n’avait reçu aucune réponse aux lettres envoyées à Sephora. En sortie scolaire avec sa classe, elle visitait Paris à bord d’un bus à deux étages pour touristes. Ils arrivèrent au musée du Louvre. Lorsque le bus s’arrêta, Salomé ne descendit pas avec son groupe. Elle se tapit derrière le dernier siège. L’autocar repartit en direction de l’arrêt suivant, rue de Rivoli. Une dizaine de minutes plus tard, il arriva. Elle sortit de sa cachette en courant de toutes ses forces avant d’errer seule, perdue dans les rues de Paris qu’elle ne connaissait pas. Elle changea de ruelle et vit au loin un magasin de vêtements. Elle rentra mais l’un des vigiles l’interpella. Elle se rapprocha de lui et demanda :
« Bonjour monsieur, qu’y a-t-il ?
– Que fais-tu seule pendant ces heures de cours ? répliqua-t-il.
– Euh…
– Viens avec moi au bureau du directeur sans chipoter. »
Il lui attrapa le bras et commença à l’emmener. Suite à l’entrevue, le directeur du magasin prit l’initiative de contacter la police. Lorsque les gardiens de la paix entrèrent, elle se leva et partit avec eux. Ils arrivèrent au commissariat aux environs de 16 heures. Les policiers prévinrent l’internat de la fugue de l’une de ses élèves.
Outré et paniqué le directeur, Mr Dupont, convoqua l’ensemble des éducateurs pour leur transmettre l’information et les réprimanda sévèrement. Suite à cela, Mr Dupont alerta les parents. Ceux-ci restèrent sous le choc de l’annonce, mais le directeur les réconforta en les informant que Salomé avait été retrouvée saine et sauve par la police et qu’elle serait très rapidement ramenée à l’internat.
La mère de Salomé, Geneviève, était opposée à l’idée de son mari qui voulait faire rentrer sa fille au Cameroun. Elle voulait la laisser à Paris, mais dans un nouvel internat car elle n’avait plus confiance en celui-ci. Une énième dispute éclata entres les parents qui n’étaient plus du tout en accord sur l’avenir de leur fille. Finalement le père obtint gain de cause, et à contrecœur, Geneviève accepta que Salomé revienne au pays.
Après avoir bouclé ses valises, Salomé quitta le pensionnat, accompagnée par le directeur, pour rejoindre le Cameroun à sa grande joie. Arrivée à l’aéroport, elle enregistra ses bagages et fit ses adieux au directeur. Elle monta dans l’avion. Une hôtesse de l’air prénommée Christine la prit en charge pour que le voyage soit plus rassurant.
De retour au pays, Jean-René le majordome de la famille récupéra Salomé à l’aéroport et la conduisit à la demeure familiale. Ses parents l’attendaient pour lui annoncer une mauvaise nouvelle : ils allaient divorcer. Ils lui demandèrent de réfléchir. Voulait-elle aller vivre chez son père ou chez sa mère ? Elle se mit à pleurer, puis elle hésita et elle demanda qu’on lui laisse la nuit pour réfléchir.
Le jour se leva et elle réunit ses parents pour leur annoncer sa décision. Elle choisit son père car il lui laisserait sans aucun doute plus de liberté. Sa mère quitta la maison.