La nuit était tombée mais la ville bruissait encore, dans la tiède rumeur du soir. Les nuits en Chine étaient agitées. Les enseignes des magasins étaient éclairées, les rues pleines de voitures, le bruit omniprésent.
« Comment allons-nous nous y prendre pour retrouver mon frère ? questionna Salomé.
– Il faut que l’on sorte de la ville. On doit aller à la campagne. Vers le sud du pays, répondit Marcellin. Cela va être compliqué car trois jeunes qui se baladent seuls dans les rues ne passent pas inaperçus, mais dès que nous serons sortis de la ville, tout sera beaucoup plus simple.
– Oui, mais comment allons-nous faire ? Nous n’avons pas de voiture ni même de vélo, ce sera fatigant de marcher pendant tout ce temps ! s’inquiéta Séphora
– Et puis, comment allons-nous manger ? C’est quand même très dangereux, renchérit Salomé.
– Faites-moi confiance ».
Les fillettes l’écoutèrent. C’était tout de même bizarre : elles ne le connaissaient que depuis quelques jours, mais elles lui faisaient confiance pour se lancer dans ce périple.
Les trois jeunes se faufilèrent entre les ruelles sombres et les grandes avenues très fréquentées. À leur passage, les badaud se retournaient. La ville semblait infinie tant le paysage se répétait. Des immeubles s’étendaient à perte de vue.
À l’aube, le petit groupe marchait toujours, mais sur une route moins fréquentée. La nature avait remplacé les immeubles, et une rivière la grande avenue. Tout était plus calme, vraiment plus calme. Les oiseaux sifflotaient des airs harmonieux. Seule une cabane en bois se dessinait à l’horizon.
« On s’arrête là-bas, dit Marcelin, en désignant une auberge. On pourra dormir et manger ».
Dès qu’ils furent arrivés au perron du bâtiment, une vieille femme vint les accueillir. Marcelin commença à lui parler, mais les deux fillettes ne comprenaient pas.
« Je lui ai dit que vous ne parliez pas chinois. Suivez-la, elle va vous montrer votre chambre. On mangera après. Je vais rester un peu avec elle, afin de savoir si elle ne saurait pas où trouver votre frère.
– Merci beaucoup, Marcelin », répondit Séphora.
Elles auraient voulu rester un peu avec lui pour assister à la conversation, mais elles étaient exténuées, et elles filèrent vite dans leur chambre.
Il était aux alentours de midi lorsque Séphora et Salomé se réveillèrent, tiraillées par la faim. Elles se dirigèrent vers la salle à manger où elles virent Marcelin attablé, un bol de soupe dans la main.
« Bonne nouvelle ! s’exclama Marcellin. Je pense que la vieille femme va nous aider.
– Elle le connaît ? s’enthousiasma Salomé.
– Je n’en suis pas sûr, mais je suis en train de boire une soupe au nid d’hirondelle.
– Et en quoi cela peut-il nous aider ? interrogea Séphora.
– Eh bien, votre frère est chasseur de nids d’hirondelles. Notre hôte m’a raconté qu’il y a quelques mois de cela, elle avait recueilli un jeune homme. Elle l’avait nourri et hébergé gratuitement. Depuis, il lui avait promis de revenir tous les mois lui porter quelques nids d’hirondelles. Il lui avait raconté son histoire dans un chinois hésitant. Il venait du Cameroun. Comme vous, n’est-ce pas ? ».
Les fillettes faillirent crier de joie. Tout laissait à penser qu’elles venaient enfin de retrouver le frère de Salomé.