C’était décidé : Bianca allait aider ce peuple. Elle sortit de son sac les trois feuilles ainsi que la paume de main tatouée puis les observa un court instant. Elle remarqua que la paume était semblable à une carte. Un de ses dessins s’apparentait à une croix. En comparant le lambeau de chair avec un plan de l’île qu’elle possédait, Bianca comprit que ce signe ne pouvait indiquer que le volcan Tinakula, étant le seul monticule à des kilomètres à la ronde. Après des heures de marche en suivant les indications de la paume, elle se retrouva au pied de l’énorme relief magmatique. Tout en escaladant la montagne, l’aventurière se demanda ce qu’elle allait trouver au sommet. Arrivée à la moitié de l’ascension, Bianca décida de s’arrêter pour bivouaquer car la nuit tombait.
Le lendemain, elle reprit son périple précédé d’un maigre déjeuner. Après une heure d’escalade, l’Élue découvrit un sentier l’emmenant au cœur du cratère. En suivant un pont de pierre suspendu au-dessus de la lave, elle arriva devant trois statues tendant chacune leurs mains droites. Et, au creux de celles-ci, un orifice en forme de main. La jeune traductrice n’eut aucun moment de réflexion : elle inséra chacune des trois feuilles dans les creux. Pendant une minute, rien ne se produisit. Quand elle voulut les retirer, une secousse terrible l’ébranla.
Bianca chuta et s’ouvrit le front. En se relevant, un peu déboussolée, elle vit du magma monter dans le cratère. Effrayée, l’Élue rebroussa chemin et aidée par la lumière du jour, s’aperçut que la lave dévastait tout sur son chemin, y compris la mine.
Les seuls épargnés furent le village dont l’homme tatoué était natif et la carrière de pétroglyphes. Soudain, la jeune fille sentit une forte chaleur dans son dos et en se retournant, vit la lave la prendre d’assaut : c’était trop tard, elle n’y échapperait pas. Bianca vit en quelques secondes sa vie défiler devant ses yeux et sombra dans les abysses de son esprit.
Une jeune femme se réveilla dans un hôpital psychiatrique aux alentours de la région lyonnaise. Elle ne savait pas où elle était et regarda autour d’elle : des murs blancs et un paravent l’entouraient. Une douleur à la tête la fit grimacer. La jeune femme tenta de se relever mais ses poings et ses pieds étaient attachés. Elle appela au secours ne voyant personne dans la pièce. Une infirmière accourut. La nouvelle venue lui expliqua qu’elle ne pouvait pas la détacher sans l’autorisation du médecin car elle faisait des crises de schizophrénie. Tout à coup, elle entendit un cri. Elle demanda à l’infirmière ce que c’était.
« C’est une ancienne prof de Latin qui souffre de tension spasmodique des nerfs. De plus, elle est tatouée de signes étranges sur tout le corps ! Vous savez, je n’ai pas trop l’habitude de voir ce genre de tatoua... »
Ces paroles furent interrompues par le médecin qui entra brusquement dans la pièce et lança, comme à son habitude :
« Bien dormi, Mademoiselle Bianca ? »