Je suis toujours sous la caisse. J’entends des coups de fusils, des gens qui crient ; je ne peux pas bouger mais je cherche un moyen de sortir car je ne peux plus rester ici ! Je décide de prendre mon courage à deux pattes et j’essaie de m’enfuir : je soulève la caisse avec mon museau et je cours le plus vite possible, tout droit sans m’arrêter. Je bouscule un soldat et cours sur un pont, il faut que j’arrive sur la place des Terreaux, j’entends toujours des hommes qui hurlent derrière moi. J’aperçois l’entrée du musée des Beaux Arts et fonce à l’intérieur. C’est ici que j’espère trouver un œuvre me permettant de retourner à mon époque. C’est absurde mais c’est la seule solution que je puisse envisager : d’abord trouver ce tableau et ensuite me projeter dedans.
Je me faufile dans les diverses salles, qui me paraissent vides : sans doute les dégâts de la guerre. Je me sens perdu et tout me semble gigantesque à cause de ma petite taille.
Soudain mon regard s’arrête. Devant moi, un triptyque peint à même le mur : deux oiseaux et un chien séparés par une ligne. Les deux oiseaux sont identiques mais de couleurs différentes. Dans la première case, je reconnais l’oiseau bleu avec son bec orange et ses deux grands yeux, l’un plus grand que l’autre. Il tire la langue. Je ne sais pas comment c’est possible, mais il s’agit bien d’un graph de Knar. Ses oiseaux ponctuent gaiement les voies express du périphérique lyonnais ! J’hésite à me jeter dans cette fresque... Et si je me transforme en oiseau ou en chien, ou pire en un mélange des deux, comme un monstre de la mythologie ?
Je saute finalement dans le tableau, je me retrouve dans une faille temporelle, trou noir où le temps n’est plus une chronologie, où l’espace est sans lieu. Je revois alors défiler tous les événements de mon aventure avec les six femmes jusqu’aujourd’hui. Avant de rouvrir les yeux sous forme humaine. Devant moi se trouvent les oiseaux de Knar peints sur la vitre d’un abri de bus : je réalise à ce moment-là que je suis de retour à mon époque, précisément à la station où tout a commencé.
Le bus arrive. Je m’assois, entouré de nombreuses personnes. Je me place au fond, regardant par la fenêtre, l’esprit pensif. Des milliers de questions se bousculent dans ma tête, sans que je puisse y répondre. Personne ne semble remarquer ma présence. Suis-je seulement vivant ?
Je me mets à penser à toutes les péripéties que j’ai pu subir durant ce long périple de recherches et d’inquiétude. Une question me turlupine par dessus tout : pourquoi les ai-je suivies ? Soudain, après un virage serré, j’aperçois les six femmes. Elles semblent attendre le bus à la prochaine station. Une impression de « déjà vu » m’envahit... Tout va-t-il se répéter ?
petitfablab.laclasse.com
histoire 3