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Ze histoire 17
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Chapitre 4
15 février 2013, par Yves-Armel MARTIN -
Le répondeur
13 décembre 2012, par Andreas / Pierre-Gilles, Andreas / Pierre-GillesAussi étrange que cela puisse paraître, Bianca n’avait pas encore ouvert l’enveloppe. Elle semblait prendre un certain plaisir à essayer de deviner son contenu avant d’y enfiler la lame de ciseaux.
Elle se souvenait très bien de ces Noël en famille, lorsqu’elle avait 3 ou 4 ans, où, levée dès 6 heure du matin, elle passait un temps infini à essayer de deviner le contenu de chaque cadeau rien qu’en regardant leur forme. Parfois elle s’autorisait même à les secouer un peu pour se faire une idée de la consistance rien qu’en écoutant le son.
Finalement, en relisant ces souvenirs, elle se rendait compte qu’elle était presque déçue de devoir enlever le papier de ces cadeaux et de découvrir enfin la vérité.– Bon Bianca, ma petite, tu n’as plus 4 ans ! il va falloir penser à ouvrir cette enveloppe, quitte à être un peu déçue, non ?
Elle s’assit dans le fauteuil du salon le ciseaux à la main et fin entrer doucement la pointe par le coin de l’enveloppe et commença à déchirer doucement le papier.
Bianca prenait son temps. Elle aimait ces moments de doute, où l’imagination divague et s’enflamme. Enfin d’un petit coup sec elle termina de fendre le papier jusqu’au bout de l’enveloppe, puis plongea son regard à l’intérieur.A première vue, l’enveloppe contenait un seul papier un peu poussièreux, plié en deux, de même facture que ce plan qui montrait une forme en 8. Elle passa sa main dans l’enveloppe afin de l’en sortir délicatement, et tira doucement le papier en dehors.
Bianca arrêta net son geste lorsque le téléphone sonna, sursautant presque comme une enfant prise sur le fait. Le moment était trop important pour qu’il fut interrompu par un simple coup de fil ! "Encore l’autre mégère qui attend sa traduction", pensa-t-elle. C’était la dernière des chose à laquelle elle aurait aimé être confronté dans cet instant aussi palpitant. Bianca décida donc de laisser son répondeur faire le travail pour elle. Elle attendit donc dans son fauteuil que celui-ci se mette en marche tout en se recentrant sur ce qu’elle était en train de vivre.
"Bonjour, vous êtes bien chez Bianca...".
Papier poussiéreux extrait de sa gangue.
"... pas disponible pour le moment..." .
Papier ouvert en deux sous les yeux de Bianca.
"Vous avez quelque chose qui m’appartient..."
"..."
Bianca médusée par la missive, ne réalisa pas tout de suite ce qu’il s’était dit sur le répondeur . La lettre se présentait, on ne peut plus clairement, comme un morceau d’un dessin ou d’un plan, visiblement très ancien. Mais où donc avait-elle vue de tels tracés ?
Après un court instant de réflexion, elle y était. Il s’agissait certainement d’un bout du plan comportant ces fameux dessins forme de 8. Bianca se leva, alla chercher le plan et le rapprocha de la lettre à la manière d’un puzzle. Malgré leurs ressemblances dans les formes et les couleurs, rien ne semblait concorder. Elle essaya toutes les combinaisons possibles mais en vain.Dehors, les hirondelles se préparaient à leur grande migration d’hiver dans des cri sur-aigus. Revenant un peu à la réalité de son appartement, et un peu frustrée de ne pas avoir résolu l’affaire des deux morceaux de plan, Bianca alluma une cigarette et appuya sur le bouton du répondeur.
"Message du 25 octobre...à...seize...heure...douze..minutes...tut...". "Vous avez quelque chose qui m’appartient, vous ne pourrez rien en faire...Rendez le moi et oubliez tout ça...Rendez-vous ce soir 21h00, rue de la tombe Issoire, dans le 14e".
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Chapitre 2
28 novembre 2012Ce jeune homme au regard vague brandissait une enveloppe d’une taille inhabituelle : de couleur noire, elle brillait comme le plumage de cet oiseau aperçu un moment plus tôt.Elle hésitait, lui était elle vraiment destinée ?
De toute façon elle comprit que ce garçon ne lui serait d’aucun secours...et resterait probablement muet à toutes ses questions.
Elle n’avait pas l’intention de perdre trop de temps, prit donc cette enveloppe, remercia simplement le coursier et essaya de refermer la porte.Celle-ci résista comme toujours. On pouvait distinguer quelques lettres tracées au feutre rouge un r , un v,vin...grier...oui cette enveloppe était bien destinée à un habitant de sa rue mais par ailleurs l’encre avait coulé et le nom était illisible. Devait elle ouvrir cette enveloppe ? Elle choisit de s’assoir confortablement ,de respirer profondément, sa cigarette s’était consumée, il ne restait plus qu’à l’abandonner dans cette coupelle argentée qu’elle avait rapportée d’un voyage à New Delhi.Déjà 8 mégots ! Demain j’arrête de fumer ! Il suffirait de prendre rendez vous chez son acupuncteur préféré au coin de la rue.Elle savait parfaitement qu’il lui proposerait de commencer la séance par la moxibustion du 36 estomac, le point de la divine indifférence. Elle en aurait bien besoin si elle devait résoudre l’énigme qui s’imposait à elle. L’enveloppe noire, la corneille au regard insistant, la feuille morte, le chiffre 8, tout cela avait il un lien ? bien sûr elle se souvenait soudain de la dernière fouille archéologique que son fiancé avait mené en Égypte.A plusieurs reprises il lui avait parlé de sondages réalisés à la hâte dans le cadre de fouilles préventives ;il s’agissait de faire la preuve que huit hectares de désert pouvaient être transformés en une immense plateforme pétrolière sans mettre en péril de quelconques vestiges archéologiques.Prit entre deux feux ,il se sentait terriblement mal à l’aise et ne voulait pas heurter les autorités locales.Toujours ce désir de vouloir bien faire.Les résultats des sondages n’étaient pas enthousiasmant maisles quelques traces qui indiquaient une occupation humaine,murs, tessons de céramiques, ossements brisés ne suffisaient pas à convaincre ses interlocuteurs.
Le plan cependant indiquait clairement une forme en 8. -
Une étrange enveloppe
28 novembre 2012, par Maylis De KerangalSur le palier, un homme lui fait face, vêtu de noir, le blouson siglé du logo d’une entreprise de coursiers qu’elle ne connaissant pas, et coiffé d’un casque intégral qu’il n’a pas pris la peine de retirer. Elle se fige bras croisée : oui ? Le type articule quelque chose qu’elle n’entend pas tout en lui tendant une enveloppe de papier kraft. Elle grimace, pointe un index sur son oreille : oh hé, ça vous dérangerait d’enlever votre casque ? Le type s’exécute, glisse l’enveloppe entre ses genoux tandis qu’il ôte son casque, révélant un visage tatoué — un visage que le tatouage rendait indécelable. Bianca Fuoco ? Voix enterrée, fortement accentuée. La jeune femme, interdite, hoche la tête, alors reçoit l’enveloppe dans les bras mais, le temps de la retenir et d’y jeter un œil, ahurie, l’homme tourne les talons et dévale les escaliers.
La porte refermée, Bianca s’immobilise quelques secondes, haletante, main sur la clenche, tête penchée vers le chambranle, oreille tendue vers la cage d’escaliers quand ses yeux, eux, inspectent l’enveloppe — une poche épaisse, scellée par un ruban de Chatterton marron, et muette, aucune inscription, rien, pas même son nom, pas même le code de l’immeuble — puis, le bruit des pas s’amenuisant, elle se précipite à la fenêtre, colle son front contre la vitre, et sans savoir pourquoi, commence de guetter le coursier qui, logiquement, ressortirait de l’immeuble six étages plus bas, pour remonter sur sa bécane, et filer.
Elle patiente, piétine, c’est long, plus long qu’elle ne l’aurait pensé, l’enveloppe est serrée contre sa poitrine, le verre est glacé contre son visage et son angle de vue très aigu, mais elle attend, garde les yeux baissés sur la portion de rue que l’homme traversera pour atteindre son scooter, et, juste en face, il y a toujours cette corneille noire qui défile comme à la parade, levant haut les pattes comme un soldat lors de la relève de la garde à Buckingham Palace. Alors le coursier est apparu, les habits noirs, le casque intégral sur la tête mais les cheveux longs flottant dans son dos jusqu’aux reins, les semelles de ses baskets touchant à peine l’asphalte quand il franchit la chaussée, et une fois au pied de sa machine elle le voit qui zippe son blouson, enfile ses gants, se place sur la selle en un mouvement de voltige, souple, rapide, un félin, puis s’incline en avant pour démarrer le moteur, quand, alors que rien ne le laissait prévoir, il a subitement pivoté le buste, fait volte-face vers l’immeuble et renversé la tête en arrière, comme pour regarder à la fenêtre de son studio, surprise elle pousse un cri, se recule, finissant même par s’esquiver derrière le rideau, où retenant sa respiration, elle observe le coursier : il ne démarre pas mais continue de fixer sa fenêtre, comme s’il savait qu’elle était là, cachée, l’enveloppe de plus en plus comprimée contre son corps, puis brusquement, faisant vrombir son moteur, il se détourne, s’élance dans la rue qui résonne comme un défilé rocheux, et disparait. Alors, reprenant ses esprits, Bianca saisit les ciseaux sur l’étagère, et cœur battant à tout rompre, ouvre l’enveloppe.