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Ze histoire 14
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Ummite et réalité
15 février 2013, par Isabelle VIO / Nicolas Bernard, Nicolas Bernard -
60% de rendement
13 décembre 2012, par Patrick VINCENTQuand Bianca rentra dans la salle à manger le lendemain matin, Jean était déjà à table, un bol de maté et sa traditionnelle tartine de camembert devant lui.
Les poussins préparés pour l’une de ses étranges expérimentations s’agitaient dans leur cage.– J’ai trop dormi... Quelle heure est il ?
– Pari ?
– Pari.C’était un vieux jeu entre eux de parier tout ce qui touchait aux chiffres. Elle gagnait presque toujours pour une raison qui échappait à son frère. Depuis qu’il s’était retiré en Ardèche dans cette maison imposante, les horloges et certains appareils électriques étaient bannis pour ne pas perturber le rythme naturel et les mesures des expériences. Il fallait environ une semaine pour s’y habituer, mais celà multipliait les paris.
Quelques minutes après s’être trompé sur l’heure, Jean releva le nez.
– Cette nuit j’ai ressorti les vieilles lettres ummites, et il y a une continuité assez évidente entre les théories développées sur la mécanique des fluides dans les premières lettres et celle de la lampe. A chaque fois l’allusion est faite à l’expérimentation sous terre ce qui incite à se concentrer non pas sur une technologie mais sur leur conditions de fonctionnement. L’expérimentation actuelle doit donc permettre de comprendre ce que les grottes peuvent apporter aux tests : les concentrations en CO2 sont 100 fois supérieures à l’extérieur et l’air est chargé en radon. Donc voilà mon idée : tester le générateur MHD sous terre.
– Jean, listen ça ne tient pas. Hier c’était la lampe torche d’une ancienne civilisation, aujourd’hui la MHD. Je ne vois pas pourquoi le fait de descendre à 30 mètres de profondeur favoriserait le fonctionnement d’un générateur sur lequel tout le monde s’est cassé les budgets pendant 20 ans. Je ne le sens pas Jean, jusqu’à présent ces lettres étaient envoyées à des universités, nous voilà au milieu d’une histoire qui nous dépasse and rathely above. I remind you que nous ne sommes plus dans le milieu.
– Alors justement. Les budgets de recherche sur le générateur MHD ont été coupés alors que je travaillais sur des essais de gaz bi-températures comme fluide conducteur. L’idée de maintenir l’état du gaz ionisé grâce aux propriétés thermodynamiques de la grotte n’est pas grotesque. Si on arrive à éviter l’instabilité électrothermique, c’est un générateur à 60% de rendement. Il faut réveiller ton esprit de recherche, on ne nous a pas coupé nos budgets par hasard.
– Jean, les budgets ont été coupés faute de résultats probants. Les idées conspirationnistes it is over. C’est soit un canular des anciens collègues soit une publicité pour la spéléologie.
– Alors justement, il faudra descendre à 30 mètres et le conduit est très étroit. Quelques mesures de diffraction, la mise en place du MHD et le tour est joué. Donc c’est toi qui descends.
– Hier j’étais prête à te suivre mais pas à descendre seule à 30 mètres pour tester un générateur.
– Alors justement. Soit tu viens, soit j’apelle Ceu.
– Ceu ? Qui s’était casée avec le doyen pour obtenir son poste de doctorant. Jean... je n’appelle plus ça de la physique théorique.
– Ok je l’appelle.La réception de la lettre ummite avait replongé Jean dans un état peu propice à la discussion. Depuis le départ de l’université et la rencontre avec Jean Pierre Grand, il s’était petit à petit renfermé. Celà sentait l’expérience qui tournait en rond, et la vie professionnelle sous terre avait du réveiller certains instincts mammifères. Il était persuadé que ses recherches sur le générateur MHD à 60% avait été coupées sciemment. Toutes les occasions étaient bonnes pour renforcer cet état et la réception d’une lettre sur la lampe l’y avait replongé.
Lorsque Bianca sortit de la douche, le vieux générateur MHD était posé sur la table.
– Ceu est d’accord. Tu pourras rester ici et creuser tout ça en théorie. Mais tu n’es pas obligée.
– Dont bother brother, je ne creuse plus, je suis en vacances. Mais j’irai me balader et je viendrai vous chercher.
Elle s’approcha de lui et l’embrassa sur le front.
– Je suis contente d’être venue, mais je pense que cette histoire ne même nul part. Il faut savoir faire un peu de rangement. Dans moins de 10 heures c’est fini.
– Pari ?
– Pari.***
Lorsqu’elle quitta la tour de Saint Remèze pour aller à Saint Marcel elle remarqua que la route était parsemée de champs rectilignes qui dénotaient avec la dépouille des ruines qu’elle avait visité toute la journée.
Pour accéder à l’entrée de la grotte, elle dût garer sa voiture à l’extérieur du site protégé. Elle pris la place d’un véhicule d’intervention d’ERDF qui quittait le lieu et se mis à côté de la voiture de Jean.
Elle finit de grimper la butte d’herbe qui surplombait l’entrée au moment où le soleil passait derrière la colline.
D’abord elle ne vit que les bobines de cordes de rappel enroulées à l’entrée du site, puis entendit une voix lointaine au fond de la grotte. Ce n’est qu’ensuite qu’elle vit le corps de son frère allongé par terre à l’entrée du conduit.
Elle courut.***
Une heure plus tard, Ceu était sortie de la grotte. Assise à côté de Jean, elle buvait à la bouteille. La voiture de pompiers remballait son attirail à grand renfort de caisses et de portières claquées.
Jean se tenait la tête et marmonnait encore des phrases incompréhensibles.
“Je n’ai jamais été sur les publications”... “Appeller Jean Pierre Grand”
Les médecins penchaient pour une petite insolation ajoutée à la fatigue, mais ils le garderaient en observation. -
A la lumière ummite
28 novembre 2012, par Andreas / Pierre-Gilles, Andreas / Pierre-GillesAu premier coup d’œil, elle eut un mouvement de répulsion. Ces lettres tapées à la machine, une Hispano Olivetti modèle studio 56, elle ne les connaissait que trop bien. Nerveusement, elle alluma une autre cigarette et se mit à parcourir fébrilement ces quelques 9 lettres "ummites". Elle n’en avait pas vu depuis l’incident et c’est avec une grande méfiance, mêlée à une curiosité naturelle qu’elle continua sa lecture.
Comme la majorité des textes "ummites", ils étaient écrit en espagnol et comportaient pour certains des dessins au crayon de couleur gras et des pictogrammes censés appartenir à leur langue. Ce qui étonna Bianca, c’est qu’elle ne les avaient jamais vues auparavant. Elle qui croyait avoir lu (et traduit pour certaines) toutes les lettres ummites... L’espace d’un instant, l’espoir naquit à nouveau en elle, puis elle jeta violemment les lettres, dégoûtée d’y croire encore malgré ce qui c’était passé. "L’œuvre de San José", marmonna-t-elle ecœurée.
Elle tenta de se remettre, sans grande conviction, au travail. Mais son esprit était ailleurs, elle ne pouvait s’empêcher de regarder ce tas de feuilles jaunies éparpillées sur le sol. Soudain, elle fut intriguée par un dessin, elle prit la lettre en main, l’examina et fut stupéfaite de découvrir qu’il s’agissait ni plus ni moins du schéma de lampe torche qu’elle était en train de traduire... Ces lettres étaient censées dater de 1967, comment cela serait-il possible ? Quelqu’un cherchait-il à relancer la fumisterie Ummo en envoyant de fausses lettres aux anciens passionnés de l’affaire ? C’était fort probable, après tout, San José est revenu sur ses aveux... Après une brève traduction, il s’avère que le fonctionnement de la lampe "ummite" est bien le même que la lampe dont Bianca traduit le mode d’emploi, à savoir une lampe à rayon X capable de voir à travers des parois épaisses comme de la roche. Cette technologie déjà connue est pour la première fois disponible sur un dispositif portatif, ce qui ouvre le champ à d’autres possibilités, notamment en spéléologie.
Bianca ne peut finalement pas résister à une lecture approfondie des autres lettres et découvre qu’il s’agit de la suite des lettre "D57" décrivant les premièrs jours des ummites sur terre au début des années 1950. Il y est notamment décrit avec grande précision l’emplacement de leur campement sous-terrain aux environs de Digne dans les Alpes de Haute-Provence, celui-ci avait soit disant été scellé 2 ans plus tard par leur soin. "Jean-Pierre Petit avait tenté, en vain, de trouver ce lieu mais avec de telles informations, cela serait un jeu d’enfant", se dit Bianca.
C’est alors qu’elle reçut un appel de son frère :
"- Allo Bianca, toi aussi tu as reçu les lettres ?
– Oui, oui... Comment cela se fait-il que...
– C’est génial, il faut absolument que l’on aille à Digne. Je prend le train demain à la première heure, je t’attends là-bas et surtout, n’oublie pas ta super lampe torche, elle nous sera utile !
– Mais...
– Il n’y a pas de mais, il faut aller au bout de cette histoire Bianca."Bien que peu rassurée, elle savait qu’elle suivrait son frère dans cette affaire. L’aventure ne fait que commencer...
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Une étrange enveloppe
28 novembre 2012, par Maylis De KerangalSur le palier, un homme lui fait face, vêtu de noir, le blouson siglé du logo d’une entreprise de coursiers qu’elle ne connaissant pas, et coiffé d’un casque intégral qu’il n’a pas pris la peine de retirer. Elle se fige bras croisée : oui ? Le type articule quelque chose qu’elle n’entend pas tout en lui tendant une enveloppe de papier kraft. Elle grimace, pointe un index sur son oreille : oh hé, ça vous dérangerait d’enlever votre casque ? Le type s’exécute, glisse l’enveloppe entre ses genoux tandis qu’il ôte son casque, révélant un visage tatoué — un visage que le tatouage rendait indécelable. Bianca Fuoco ? Voix enterrée, fortement accentuée. La jeune femme, interdite, hoche la tête, alors reçoit l’enveloppe dans les bras mais, le temps de la retenir et d’y jeter un œil, ahurie, l’homme tourne les talons et dévale les escaliers.
La porte refermée, Bianca s’immobilise quelques secondes, haletante, main sur la clenche, tête penchée vers le chambranle, oreille tendue vers la cage d’escaliers quand ses yeux, eux, inspectent l’enveloppe — une poche épaisse, scellée par un ruban de Chatterton marron, et muette, aucune inscription, rien, pas même son nom, pas même le code de l’immeuble — puis, le bruit des pas s’amenuisant, elle se précipite à la fenêtre, colle son front contre la vitre, et sans savoir pourquoi, commence de guetter le coursier qui, logiquement, ressortirait de l’immeuble six étages plus bas, pour remonter sur sa bécane, et filer.
Elle patiente, piétine, c’est long, plus long qu’elle ne l’aurait pensé, l’enveloppe est serrée contre sa poitrine, le verre est glacé contre son visage et son angle de vue très aigu, mais elle attend, garde les yeux baissés sur la portion de rue que l’homme traversera pour atteindre son scooter, et, juste en face, il y a toujours cette corneille noire qui défile comme à la parade, levant haut les pattes comme un soldat lors de la relève de la garde à Buckingham Palace. Alors le coursier est apparu, les habits noirs, le casque intégral sur la tête mais les cheveux longs flottant dans son dos jusqu’aux reins, les semelles de ses baskets touchant à peine l’asphalte quand il franchit la chaussée, et une fois au pied de sa machine elle le voit qui zippe son blouson, enfile ses gants, se place sur la selle en un mouvement de voltige, souple, rapide, un félin, puis s’incline en avant pour démarrer le moteur, quand, alors que rien ne le laissait prévoir, il a subitement pivoté le buste, fait volte-face vers l’immeuble et renversé la tête en arrière, comme pour regarder à la fenêtre de son studio, surprise elle pousse un cri, se recule, finissant même par s’esquiver derrière le rideau, où retenant sa respiration, elle observe le coursier : il ne démarre pas mais continue de fixer sa fenêtre, comme s’il savait qu’elle était là, cachée, l’enveloppe de plus en plus comprimée contre son corps, puis brusquement, faisant vrombir son moteur, il se détourne, s’élance dans la rue qui résonne comme un défilé rocheux, et disparait. Alors, reprenant ses esprits, Bianca saisit les ciseaux sur l’étagère, et cœur battant à tout rompre, ouvre l’enveloppe.