La vipère avait gagné ! Elle se pavanait sur le sol et arrivait à se dissimuler autant de fois que nécessaire pour qu’Arya ne puisse la dévorer. Soudain Aria, n’écoutant que son instinct, fondit sur sa proie. De ses serres puissantes, il agrippa le serpent, l’écrasa et lui donna un terrible coup de bec meurtrier.Le serpent ainsi mort, Aria commença à le dépecer écailles par écailles. La chair était délicieuse et comme Aria n’avait rien mangé depuis longtemps elle lui sembla un repas divin.Une fois la faim soulagée, il commença à entendre les hurlements de l’homme blessé.Son compagnon avait entrepris de lui faire un garrot qu’il serrait de toutes ses forces, ignorant les plaintes de son ami. « Tiens bon Jean, j’appelle les secours. » Il saisit son téléphone portable et, les mains tremblantes, composa le numéro des urgences . Une interminable et incompréhensible attente s’en suivit avant qu’il ne se rende compte de son erreur en entendant une voix endormie et mécontente lui répondre que le garage automobile à cette heure était fermé.Il lui fallut peu de temps pour composer finalement le bon numéro et donner son adresse.Aria avait suivi la scène sans comprendre lorsque la porte claqua tout près de lui
Des pas se firent soudain entendre. Des pas lourds qui venaient le chercher pour l’emmener sur la scène. Ne sachant que faire, Arya fit le vœu que quelque chose, peu importe quoi, les stoppe dans leur trajet. Les humains se rapprochaient toujours, de plus en plus près, jusqu’à arriver à la porte. La poignée commença à se baisser lentement, puis la porte s’ouvrit, pour laisser place à des hommes imposants. Les uns se précipitèrent vers l’humain blessé et son compagnon, les autres portant chacun un gant à leur bras droit, afin de pouvoir porter des oiseaux sans se faire mal. Arya s’affola et,plus malin que les trois hommes, voletait partout dans la pièce afin qu’ils se gênent et se cognent entre eux dans cet espace restreint.L’un des deux humains essaya de le stopper dans sa course folle...
Mais la porte était restée ouverte, c’était une occasion inespérée !
Arya pouvait enfin aller où il voulait, plus d’humains en vue. Il s’enfuit donc loin de ses mauvais souvenirs,au milieu du brouhaha car il y avait de nombreux passages de promeneurs bruyants. Il ne les supportait plus ! Il vola en hauteur pendant un petit moment puis redescendit vers la végétation. Ici, la nuit commençait à tomber et il avait faim.
Arya était enfin libre, il n’avait plus à faire ces ridicules spectacles pour les humains, il pouvait enfin partir, voler de ses propres ailes, découvrir le monde. Il prit son envol. pour la première fois de sa vie, son périmètre n’était pas limité, il pouvait aller où bon lui semblait. Il survola les champs, les rivières, de petits villages, mais bientôt, la fatigue se fit sentir, comme la faim. Mais Arya ne s’était jamais nourri en autonomie, les humains lui avait toujours apporté de la nourriture aussi rebutante fût-elle. Lentement, il perdit de l’altitude, se rapprocha de la cime des arbres. Il commença une toute nouvelle activité : il chassa.
Le paysage était illuminé de couleur rose orangé et brillait de tous feux. Arya laissa pas le temps au noir d’engloutir la forêt et partit à la chasse. Sur des pierres chaudes sur lesquelles aiment se reposer les serpents, il repéra soudain un rongeur. En quelques secondes, il était attrapé. Il ne lui restait plus qu’à trouver un endroit pour la manger. Il se trouva finalement une petite niche dans un vieux mur très épais et s’y installa pour manger et dormir.
Arya ouvrit les yeux, il faisait nuit à présent et le silence régnait, enfin. Dans l’obscurité il aperçut, de son regard perçant, le grand et sombre manoir. Il décida d’aller y chasser car là-bas les rats étaient omniprésents. Il s’envola, survola le grand jardin, puis atteignit le manoir, entra par une fenêtre ouverte et se posa sur une poutre de la charpente. Arya activa ses sens, l’odeur des humains emplissait la pièce, cette odeur créait en elle une sombre peur, mais elle se rassura, les deux humains étaient partis il y a plusieurs heures, l’un tenant l’autre à bout de bras, et n’étaient pas revenus. Arya était seule ici. Seule ? Vraiment ?
Soudain, au milieu de la forêt, surgit une vieille bâtisse, sûrement construite par des humains. Mais la maison était trouée par un arbre, et il y avait plus d’animaux sauvages grouillant autour de ce nid de bipèdes qu’Arya n’en avait jamais vus, même si, pour être honnête, il n’en avait pas vu beaucoup, ayant toujours vécu captif. Mais cet étrange lieu piquait la curiosité d’Arya et lentement, il vola jusqu’à la propriété. Il se posa sur une branche, et observa les différentes scènes qui se jouaient devant lui. Au pied de l’arbre, un lapin bondissait en direction de son terrier, un renard marchait royalement entre les pins, un rouge-gorge chantait dans le cerisier voisin, un merle fila sous sa branche et un chardonneret au plumage élégant sautillait joyeusement près de lui.
« Hey ! Camarade, que tu as de longues serres ! Que tu es grand ! Je n’en ai pas vu comme toi par ici, d’où viens-tu ? lui lança ce dernier
– Je devais faire des spectacles pour ces bipèdes. Je suis né chez eux. C’est la première fois que je sors de leur enclos. Une vipère en a mordu un, l’autre s’est enfui ! Que cet endroit est étrange ! Qu’il est beau et agréable ! Sans bipèdes.
– Oui. Les bipèdes ont abandonné ce merveilleux endroit ! Ah, voilà mon amis le merle !
– Bonjour, mes chers compagnons ! Quel bon vent vous amène, Monsieur le Faucon ?
– Le vent de la liberté, il m’a poussé jusqu’ici, répondit alors Arya, tandis que le rossignol chantant se posait sur la branche à son tour.
– Salut ! Comment allez-vous ? Avons-nous un nouveau compagnon ? Comment vous appelez-vous ?
– Arya.
– Bien, bien, lança le merle, mais il me semble que monsieur le lapin et monsieur le renard nous attendent, il nous faut leur présenter notre nouveau compagnon. »
Ils descendirent jusqu’au pied de l’arbre où un lapin gris et un renard patientaient. Alors qu’Arya traînait à l’arrière, intimidé par tous ces nouveaux animaux, qu’il n’avait encore jamais vu, ni aucun de leur espèce, un serpent surgit en sifflant, menaçant.
« Hello gentlemen, qu’avons-nous là ? Un nouveau venu... Encore un qui ne connaît pas les règles, qui va perturber ce magnifique endroit, qui va détruire notre équilibre, ruiner cette paix durement obtenue, qui va chasser nos voisins et nos amis, ou nous-même. Encore un qui va devoir partir se trouver un autre lieu s’ il ne veut pas mourir. Veuillez m’excuser gentlemen, mais je dois m’en aller et me soustraire à votre charmante compagnie. »
Le serpent s’en alla, laissant Arya sans voix. Que faire ? Pourquoi se serpent lui en voulait-il ? Que faire ? Arya ne voulait pas quitter ce petit bout de paradis, mais le serpent lui avait fait peur. Même si ses nouveaux compagnons l’avait rassuré, lui avait dit que le serpent ne passerait jamais à l’acte, la peur ne le quittait pas.