Bianca reste interdite, perturbée, abasourdie, mais une fois le choc passé, elle réagit en questionnant son frère et se rend compte qu’il n’est pas dans son état normal. Son comportement est vraiment étrange : son regard est fixe, sa voix semble réciter un texte appris par cœur comme un automate. Quelle que soit la question que Bianca lui pose, la réponse reste identique. Une seule phrase revient en boucle : "tu es la seule à être capable de traduire les écritures en ancien italien inscrites sur la porte qui mène à la pierre rouge..." La jeune traductrice, plus surprise qu’effrayée, ne comprend pas ce qui se passe. Est-il dans son état normal ? Joue-t-il un rôle ? Est-ce une menace en l’air ou a-t-il vraiment l’intention de passer à l’acte ? Est-il sous l’emprise d’une drogue ou de la Secte du Soleil qui l’aurait hypnotisé ?
Décidée à prendre les choses en main, elle choisit de retourner à son hôtel pour demander de l’aide auprès d’un médecin. Pour ne pas éveiller les soupçons chez son frère, Bianca prétexte d’aller récupérer son dictionnaire et quelques outils dans sa chambre. Sans se retourner, elle file vers le taxi qui l’attend.
Une fois installée dans le véhicule, elle se rend compte que le conducteur a un tatouage sur le visage qui lui est familier. Perdue dans ses pensées, elle met quelques instants à réaliser que le tatouage représente un soleil. Prise de panique, elle tente d’ouvrir la portière mais celle-ci est verrouillée ! Piégée, victime d’un kidnapping, elle repense aux propos de son frère. Comme elle aurait dû l’écouter et le prendre au sérieux ! Bianca, dans un dernier sursaut, décide d’interroger le chauffeur... Celui-ci reste malheureusement silencieux. Impuissante, elle voit défiler le paysage italien jusqu’au pied de l’Etna.
A son arrivée, d’autres membres de la secte du Soleil l’attendent, armés de sabres. Bianca est extraite de force du taxi et conduite à travers l’un des souterrains du volcan, au fond duquel une pierre gravée attend sa traduction, afin d’ouvrir le passage secret menant à la fameuse pierre rouge.
Le chef de la Secte du Soleil est reconnaissable par sa tenue particulière : une couronne représentant le soleil dans ses cheveux, il est assis sur un imposant trône au centre de la pièce. Près de lui, l’un des membres s’énerve et menace de tuer son frère si elle ne coopère pas au plus vite : Bianca reconnaît alors en lui le livreur qui avait déposé le mystérieux colis à son appartement parisien.
Bianca refuse d’obéir jusqu’à ce qu’ils amènent son frère, ligoté auprès d’elle. Le chef s’adresse à elle d’une voix qui ne laisse aucun doute sur ses intentions :
" Tu as quelque chose qui m’appartient, une feuille en forme de main, la dernière clé pour ouvrir la porte. Donne-moi cette feuille tout de suite, je laisse la vie sauve à ton frère." Sur la porte, face à elle, elle aperçoit une empreinte qui correspond à ce dont il a parlé. Après un bref instant d’hésitation, elle récupère son exemplaire de Voyage au centre de la Terre dans son sac à main. A l’intérieur de celui-ci se trouve l’objet tant convoité qui ne lui avait servi à présent que de simple marque- page...Si seulement elle avait su ! Le livreur tatoué s’empare avec violence de cet objet qu’il place immédiatement à l’endroit prévu. La porte s’ouvre dans un bruit assourdissant sur une petite pièce au centre de laquelle se trouvent un trépied et un petit coffre.
Alors que Bianca et les membres de la secte s’approchent du coffret, la porte se referme aussitôt derrière eux. N’y prêtant pas attention, ils ouvrent le coffre et là, surprise : à la place de la pierre tant convoitée,ils ne découvrent qu’un bout de papier sur lequel est inscrit :
"Per avere voluto troppi potere, vi siete fatti prendere alla trappola" (1)
Bianca ne comprend que trop tard ce qu’il se passe. Les premières pierres s’effondrent...
"....une terrible catastrophe est survenue cette nuit en Italie. Les souterrains d’un ancien temple situé au pied de l’Etna se sont effondrés, ne laissant aucun survivant...."
édition du 30 mai 2013, les Echos de Paris
1 - "Pour avoir voulu trop de pouvoir, vous vous êtes faits prendre au piège"