Le silence habitait sa conscience. Pas de mot, de pensée fugace en cet instant. Juste le présent des sensations et le sentiment d’être.
Les pieds ancrés dans le sol, mystérieusement reliée en ce centre de la terre, qu’elle partage avec tous les vivants. Y compris cet arbre qui lui a fait don de cette feuille, y compris cet homme croisé quelques instants.
Ce centre commun qu’elle n’aurait pas à conquérir par l’imaginaire, par les voyages ou une expédition volcanique en Islande car elle l’avait déjà atteint aujourd’hui. Elle se sentait profondément connectée à cette source commune en cet instant sans fin.
Saura t’elle le partager à son frère quand elle le verrai dans 5 jours ? Parleront-ils de spéléologie, de Jules Verne, de traduction pénible et des misères du quotidien ? Ressortiront-ils les vieux souvenirs de leur enfance en fumant cigarette sur cigarette ? Ou bien arriveront-ils à sortir de l’ornière des habitudes familiales et parler pour une fois en vérité de ce qui les anime profondément, de ce qui fait qu’ils sont frère et soeur au delà des habitudes communes ?
Si ce n’est dans 5 jours, elle sait que cela se fera.
Simplement, un jour, comme aujourd’hui.