Il m’avait promis de traverser, juste le temps d’un clignement de paupières, la lune, les océans, la lave des volcans, la tempête magnétique du temps. Cela pouvait bien nous trancher un peu les épaules, le poids et la sueur de ces quelques livres transportés en lieu sûr, entre la vieille odeur du gymnase et celle de la cantine. Cela pouvait bien nous conduire à l’expulsion, voire nous condamner au fichier des signalements en plus haut lieu, mais l’expérience devait être vécue. Ces livres, considérés depuis le nouveau régime politique, comme des produits illicites, des drogues dures, les "nouvelles déviances de la jeunesse en perdition" représentaient un risque à prendre. Mais vraiment eux seuls pouvaient nous permettre à nouveau de voyager et d’accéder à une liberté : la nôtre. Jérémie ne m’avait pas menti, il avait juste un peu exagéré sur le clignement de paupières.
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Marie
Voyageurs immobiles
mchodzko@dlva.fr
samedi 28 septembre 2024, par
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