Cette nuit, je suis sortie avec ma valise, très peu de choses de ma vie passée. Je pars sans me retourner.
Je marcherai jusqu’à la fin du chemin, et je tâcherai d’oublier la scène de ce soir.
Mensonges, sacrifices, trahison, manipulations...
De quoi voulaient-ils parler ?
C’est de moi qu’ils parlaient ?
Non, ce n’est pas possible, je n’arrive pas à y croire.
Ils n’ont rien compris ou est-ce moi qui ne comprend pas ?
Ils sont vraiment à côté de la plaque.
C’est facile de retourner la situation quand on sait "bien" parler.
Il est arrivé à les manipuler, et elles se sont laissées prendre dans les filets de ses belles phrases. Il sait si bien parler !
Je n’ai rien trouvé à répondre à son discours, à ses attaques.
Mon monde s’est effondré au fur et à mesure qu’il parlait et qu’elles approuvaient.
Tout est vrai dans ce qu’il a dit et je n’ai pas trouvé de mots pour remettre les choses à leur place, dans le bon ordre, le pourquoi et le comment.
J’ai bien essayé de...
– Pardon...
– Non, on ne demande pas "Pardon", on s’excuse !
– Alors, excusez-moi....
– Non, c’est trop tard !
– Mais enfin, il n’est jamais trop tard...
– Si, pour nous tu n’existes plus !
La sentence est tombée. Il a parlé en leur nom, lui. Elles ne disaient rien mais leur regard parlaient pour elles. Elles ont toujours été soumises et impuissantes face à lui.
Le trop plein d’émotion m’étouffe.
Il suffirait de changer l’ordre des mots, le nom des personnes les heures ou les lieux. Tout aurait un autre sens. Je ne serais pas celle par qui le malheur arrive.
Après la surprise et la tristesse, je sens la colère monter.
Ma respiration devient courte et mes pensées se bousculent. Tout me paraît injuste, trafiqué, méchant.
Je ne veux pas accepter, je refuse de partir.
Tout ce qu’il a dit est faux.
C’est pour me faire mal, oui c’est cela, il se sent plus fort s’il me fait mal.
Je marche dans la nuit, sans but. Rien ne sera plus jamais pareil.
Je sens les cailloux sous mes semelles fines et la douleur me réveille.
Je n’ai pas le droit de partir. Je ne partirai pas. Je suis là chez moi.
Mes racines sont ici et j’ai construit ma vie ici.
Cette vie chaotique, faite de trahisons, de cataclysmes, de tragédies, c’est la mienne.
Ils n’en changeront pas le cours...
Tout à l’heure, quand le soleil se lèvera, la table du petit déjeuner sera mise, le café sera prêt. Je leur sourirai et leur souhaiterai une belle journée quand ils partiront vers l’école.