Cet après-midi-là la mère semblait inoffensive, engluée d’un irrépressible sommeil après la tétée. De légers vrombissements sortaient de sa tête basculée en arrière, ce qui était bon signe. Iossif jouait aux pieds de ses sœurs, les lèvres embullées de salive, manipulant ses morceaux de bois adorés taillés par le père en forme de personnages. Là-bas, le bouillon bouillotait dans le grand chaudron noir, et Avrom, le bébé neuf et récemment circoncis, le bébé pur, dormait repu dans son berceau. Dormir repu est du meilleur repos, dit souvent Zelda, et elle a raison.
Ce serait le lendemain, Henni s’en souviendra toujours, que le père annoncerait que le petit Avrom était désigné son bébé. Son bébé à elle.