Cher Léo-Cactus !
J’ai regardé mes mails juste avant de partir, j’ai dix minutes pour te répondre, avant de sauter dans le bus pour l’aéroport de Schönefeld, et hop, direct, Paris !
J’ai hâte de te voir tout vert avec des piquants partout, elle est incroyable cette Bison : déguisement obligatoire ! J’adore ! J’espère que le masque qu’elle a prévu pour moi m’ira bien. J’ai glissé dans ma valise une veste polaire à capuche qui fait très souris grise.
Je me demande bien en quoi se déguisera le Président de la République ? En Boris Vian, j’espère ! Ce n’est pas trop difficile pour lui. Et ton père ? En Vianbrioleur ? Ce n’est pas trop difficile, non plus, puisque c’est bien ce qu’il est, au final. Il nous a bien fait marcher, ton daron ! Et surtout, nous, on a vu le mal partout ! On a trop d’imagination !
C’est que des cadeaux pour la Bison, tout ça ! J’en reviens pas ! Qu’est-ce qu’elle est gâtée pour son anniversaire ! Vivement qu’on ait cent ans, nous aussi !
Les chaussures de Brigitte, en peau de bison retournée, ça va lui faire vraiment plaisir. Et ça m’étonnerait que l’Émir d’Abou Dabi se fâche pour si peu. D’ailleurs, il ne sera pas au courant, il habite trop loin, et si jamais il l’apprend, il pensera que c’est un vol, comme prévu par les conseillers du Président. D’ailleurs, on fait bien ce qu’on veut des cadeaux qu’on reçoit, non ? Si Brigitte ne peut pas les mettre, elle peut bien les donner à Bison, je ne vois pas où est le problème.
Quant au local, il me semble que c’est plus amusant de découvrir la surprise en même temps que tout le monde. Ton père a dû prévoir un bus pour emmener tous les invités de l’Élysée à son local. Je me demande vraiment ce qu’il y a dedans. Joli comme de l’art contemporain !
Mais c’est quoi, l’art contemporain ? Ça peut être tout et n’importe quoi.
Un mur de vidéos filmant les Vianbrioleurs au travail ?
Des sculptures fabriquées avec les livres volés ?
Des pages de Boris Vian collées du sol au plafond, comme une tapisserie littéraire ?
On verra bien.
Pour changer les paroles de la chanson que je dois interpréter tout à l’heure devant les invités de la fête, je vais y réfléchir au dessus des nuages, entre Berlin et Paris, mais ton refrain est déjà très bien :
« Il y a plus rien qui cloche là dedans, on approche du dénouement !"
En tout cas, j’ai une voix d’enfer, c’est à force de me gaver de sirop Mangemanche !
Je t’embrasse très fort et je te dis à très vite !
Armande grillée !